A la différence des Occidentaux, la Chine a inventé une fameuse expression dans ses relations avec l’Afrique : le concept gagnant-gagnant. Avec des investissements estimés à plus 14 milliards de dollars, la Chine entend construire un nouvel empire dans la Corne de l'Afrique et pour cela, elle a choisi Djibouti. Situé au cœur du golfe d’Aden et point de passage obligé des grandes routes maritimes internationales, Djibouti est devenu la porte d’entrée de l’Éthiopie, ainsi qu’un hub idéal pour le ravitaillement de l’hinterland est-africain. La Chine apporte son aide économique à ce petit pays depuis 1979 et a réalisé des projets de construction tels que le Palais du Peuple, le Monument de bronze, le Stade Hassan Gouled, le Bâtiment administratif du ministère des affaires étrangères, les deux complexes sportifs situés à Tadjourah et à Dikhil, et la salle de dialyse de l'Hôpital Général Peltier. En quelques années, la Chine a fait de Djibouti sa principale voie d’accès sur l’Afrique, en même temps que la première perle du collier qu’il entend tirer à travers l’océan Indien pour sécuriser ses approvisionnements. Selon Jeune Afrique, les capitaux chinois ont permis de redessiner la capitale, et au pays d’inaugurer de nouveaux terminaux portuaires le long de son littoral. La multiplication des grands projets à portée régionale donne un coup de pouce à l’économie du pays.
Comme de nombreux dirigeants africains, le président de la République de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, exprime une satisfaction des investissements chinois dans son pays. Dans un entretien accordé à l’Agence Reuters, il affirme que «La Chine a le droit de défendre ses intérêts comme tout le monde». Les investissements chinois à Djibouti pourraient transformer le plus petit pays de la Corne africaine en une Mecque pour les touristes, selon Osman Abdi Mohamed, directeur général de l'Office national du tourisme interrogé par J.A. En outre, il est prévu de construire un hôtel de luxe à Bab-el-Mandeb. Dans une autre partie de la péninsule, un aéroport verra le jour.
Selon Sputniknews, en avril dernier, la construction d'un port multifonctionnel s’est achevée. Les entreprises chinoises ont investi des milliards de dollars dans ce port. Celui-ci est relié par un chemin de fer moderne à l’Éthiopie, et de là, à la plupart des pays d'Afrique de l'Est. Ouvert en janvier dernier, le chemin de fer est en mesure de fournir des avantages économiques, notamment en facilitant l'accès à de nombreuses attractions touristiques de Djibouti. Par ailleurs, l’Agence Ecofin indique qu’en raison de son niveau de développement économique, Djibouti n'aurait jamais pu poser un pipeline d'eau transfrontalier menant en Éthiopie. Le pipeline, construit avec l'aide de Pékin, fournira de l'eau douce aux résidents locaux et aux touristes étrangers.
Alexander Larin, expert de l'Institut de l'Extrême-Orient affirme que la construction par la Chine d'une base militaire à Djibouti, qui sera terminée en fin 2017, peut être considérée comme un facteur de sécurité supplémentaire pour les investissements croissants de la Chine dans l'économie et l'infrastructure du pays.
La coopération entre les deux pays dans les domaines des infrastructures, de la formation des talents et du bien-être de la population sera renforcée, afin de promouvoir un plus grand développement dans les relations entre la Chine et Djibouti, selon le vice-président chinois Li Yuanchao.