Article publié le 2017-08-02 par Souleymane KANAZOE Economie
Diaspora africaine - Des compétences et une force financière indéniables
bruocsella.be

Depuis une décennie, l’immigration inversée est en marche en Afrique, avec le retour d’une diaspora africaine sur le continent, créant des entreprises et participant activement au développement socio-économique du continent. Les apports de la diaspora africaine au développement de l’Afrique ne sont plus à démontrer.

Transferts d’argent, investissements ou création d’entreprises, les Africains de l’extérieur contribuent énormément, grâce à leurs connaissances et expériences acquises dans leurs pays d’accueil, à la croissance économique du continent. Dans certains pays, les transferts de fonds des migrants dépassent de loin le montant de l’Aide publique au développement (APD) et le volume des Investissements directs étrangers (IDE). Mais au-delà de l’apport financier, la diaspora africaine recèle de ressources humaines de qualité utiles au développement du continent. Organisée et soutenue, la diaspora peut jouer un rôle décisif dans le développement des pays, particulièrement ceux du Sud. En 2014, selon la Banque mondiale, près de 120 millions d'africains ont reçu 60 milliards $US envoyés par 30 millions d'africains de la diaspora. Ce montant est supérieur à l'aide publique au développement (56 milliards de dollars en 2014) et aux investissements directs étrangers (50 milliards de dollars). Patrice Buabua, Secrétaire général de la FIBANK RDC, affirme que les flux migratoires sont le principal moteur de cette filière. « Les perspectives démographiques du continent augurent davantage d'opportunités pour ce secteur. La population africaine passera à 2 milliards d'habitants en 2050 contre 830M en 2010. Ces fonds de la diaspora continueront à contribuer aussi bien à la croissance des sociétés de messagerie financière internationale qu'à la situation sociale des africains », explique-t-il.

Interrogé par Jeune Afrique, Serge Mbay, Directeur Général de « MoneyTrans » en RDC soutient que les pays africains doivent systématiquement organiser la gestion ou la prise en charge de leurs diasporas en leur offrant des possibilités et des facilités d'investissement au pays, avec la garantie d'un minimum de sécurité générale. « Il importe aussi de promouvoir et de soutenir les institutions locales de services qui proposent la canalisation judicieuse de ces flux d'argent », précise-t-il. Juriste et analyste financier, Madimba Kadima Nzuji, propose que les États africains puissent créer leurs propres agences de transfert ou qu'ils puissent entrer dans le capital de celles qui sont sur leurs territoires.

Ressources humaines de qualité, des compétences techniques et intellectuelles

Selon le site afrique avenir, au-delà de l’apport financier, la diaspora africaine recèle de ressources humaines de qualité, de compétences techniques et intellectuelles auxquelles le continent pourrait faire appel pour relever les défis de la lutte contre la dégradation de l’environnement, le VIH/Sida et pour la sécurité alimentaire. Les entrepreneurs de la diaspora préfèrent aujourd’hui gérer leurs affaires en recrutant du personnel local qualifié et acheter tout ce dont l’entreprise a besoin en Afrique en utilisant les chaînes d’approvisionnement locales. Ainsi, non seulement, ces entrepreneurs sont à l’origine de création directe d’emplois aussi bien des postes de cadre que d’employés ou ouvriers, mais ils aident également les entreprises locales à sauver leurs emplois et à en créer de nouveaux en soutenant la demande locale.

Dans les colonnes de Jeune Afrique, Fabien Lawson, co-fondateur du cabinet LABS-NS AVOCATS, souligne que la diaspora africaine a compris qu’elle n’est plus dans un monde cloisonné mais plutôt dans un monde numérique interconnecté qui offre un champ de possibilités infinies. Il ajoute également que c’est une génération interconnectée qui s’affranchit des limitations sociales et géographiques. « C’est une génération qui tire profit des interconnexions dans un espace aussi immense que le monde du web pour interagir entre eux en partageant des connaissances et en développant leur visibilité », précise-t-il en substance.