Le courage politique des dirigeants africains vient de refaire surface. Avec le Président Alpha Condé de la Guinée-Conakry, président en exercice de l’union africaine, un autre son de cloche est en train d’être donné par l’Afrique en ce qui concerne son développement et son évolution socio-politique. A la 2ème conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique, tenue à Abidjan, du 28 au 30 mars 2017, le Pr Alpha Condé, après avoir fait un tour de table sur les progrès réalisés par son pays, a jeté les bases pour une véritable émergence de l’Afrique. Il a prôné « l’Afrique aux africains » et « les problèmes des africains doivent être résolus par les africains, eux-mêmes». C’est un courage politique à saluer à sa juste valeur. Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant africain prône le même discours. Mais, depuis l’avènement de la démocratie, en 2010, c’est l’une des rares fois qu’un dirigeant africain, chef d’État d’un pays souverain se fend et prône une autre forme de relation entre l’Afrique et le reste du monde. Un ancien chef d’État, en l’occurrence le capitaine Thomas Sankara, du Burkina Faso (1984-987), critiquait le système néocolonialiste en ces termes : «le système néocolonial tremble quand le peuple devenu maître de sa destinée veut rendre sa justice !» L’Afrique veut être maîtresse de sa destinée. L’Afrique doit être maîtresse de sa destinée. C’est capital et vital. Capital pour créer de meilleures conditions de vie pour les africains ; vital pour assurer des lendemains meilleurs aux générations futures. Dans cet ordre d’idées, l’émergence de l’Afrique ne peut être une réalité que si le courage politique des dirigeants africains est soutenue par une jeunesse consciente et éduquée, polie et responsable. Cette interpellation de la jeunesse a été faite par le Président Alpha Condé. Il invite la jeunesse africaine à pousser les responsables africains à agir. Il faut le faire car nul ne viendra construire le bonheur des africains à leur place. Il faut réinventer l’avenir de l’Afrique. Il faut réécrire une nouvelle histoire pour le continent. Une histoire qui prendra en compte les réalités historiques et culturelles du vieux continent. Une histoire qui va au-delà des hésitations politiques, économiques et sociales pour tendre, toutes forces déployées, vers l’émancipation vraie, autonome des populations africaines. Pour ce faire, il faut passer du stade du tâtonnement à l’action, avec obligation de résultat. Le premier des combats à mener à ce sujet est sans nul doute, celle de l’émancipation financière. « Il faut couper le cordon ombilical avec la France » a lancé le Président en exercice de l’Union africaine, le Pr Alpha Condé. Celui qui contrôle la monnaie, contrôle le « souffle de vie » d’une nation. Alors, si la monnaie des africains est liée à celle d’une puissance coloniale, que ce soit la France ou tout autre puissance coloniale, la liberté économique des africains est une utopie, voire une illusion. Cette liberté économique n’existe pas. Thomas Jefferson, troisième Président des États-Unis (1801-1809), disait ceci : « Je crois que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés qu’une armée debout. Celui qui contrôle l’argent de la nation, contrôle la nation ». Les puissances coloniales, la France en tête, contrôlent les nations africaines qui utilisent des monnaies liées à l’euro. C’est une question de liberté et de vie. Comme Alpha Condé aujourd’hui, un grand homme d’État, du même pays (la Guinée), Ahmed Sékou Touré disait à ce propos : «Il n’y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté, à la richesse dans l’esclavage.»
Le ballon d’essai pour une Afrique, indépendante financièrement a toujours été lancé par des hommes politiques courageux, depuis les indépendances à nos jours. Chaque Président africain, épris de liberté, ayant le sens du bien des africains, doit s’en saisir, afin que le rêve devienne réalité. Il ne sera pas facile, ni aisé de le faire. Mais, qui n’ose pas ne vainc pas.