Sur le plan politique, le Tchad semble avoir pris une nouvelle envergure depuis quelques années avec la lutte contre les groupes terroristes. De nos jours, ce pays, dirigé par Idriss Déby Itno depuis 1990 connaît une relative stabilité avec le fonctionnement courant des institutions.
Après être devenu une république au sein de la Communauté française, en 1958, le Tchad proclame son indépendance en 1960. La vie politique du pays est dominée par le président François Tombalbaye (1962-1975) et le Parti Progressiste Tchadien (PPT), seule formation autorisée à partir de 1962. Le régime autoritaire attise rapidement le mécontentement, déjà latent chez les musulmans du Nord. Un mouvement armé, le Front de Libération Nationale du Tchad (Frolinat), voit le jour au milieu des années 1960. Cette instabilité politique ajoute à la misère des Tchadiens qui vivent déjà dans la pauvreté. Le Conseil militaire supérieur du général Félix Malloum renverse Tombalbaye en 1975 et prône une réconciliation nationale. Mais tant sous Malloum que sous le président Hissène Habré (1982-1990), le pays reste déchiré par des conflits. Ils se poursuivent au cours des années 1990, malgré l'adoption de réformes démocratiques qui permettent la tenue d'élections pluralistes. Son successeur, Idriss Déby, dirige un pays où l'opposition demeure peu influente. En dépit d'entrées provenant de ressources pétrolières, le Tchad demeure, au début du XXIe siècle, un des pays les plus réformateurs du continent.
Hissène Habré ou la page sombre ?
Le retour triomphal d’Hissène Habré à N’Djamena s’explique de différentes manières. D’une part, l’unité des forces appuyant Goukouni était hautement problématique et l’aide libyenne n’avait fait que compliquer la donne. D’autre part, Habré - plus anti-libyen que jamais - avait capitalisé auprès des Français, des Américains et des pays arabes modérés un soutien qu’il allait globalement conserver jusqu’à sa chute. Cette aide était motivée par les inquiétudes que suscitaient les ambitions libyennes à Paris et à Washington. Ainsi les Français intervinrent deux fois, d’abord dans le cadre de l’opération Manta (août 1983 – octobre 1984) avec plus de 3 300 soldats puis dans le cadre de l’opération Épervier initiée en février 1986 et qui dure encore aujourd’hui. L’équation militaire au début de la période Habré pouvait être décrite facilement avec quelques approximations. Du côté d'Habré combattaient bien évidemment les Goranes, les Zaghawa Zaghawaqui lui donnaient des chefs militaires importants tels qu’Hassan Djamous, Idriss Déby Itno, Ibrahim Mahamat Itno ainsi que les Hadjaraï sous la direction d’un responsable politique talentueux, Idriss Miskine, et un certain nombre d’officiers sudistes en délicatesse avec le Général Kamougué. Du côté de l’opposition, outre les Toubous sous l’autorité de Goukouni Oueddeï, il fallait compter les Arabes des CDR sous l’autorité d’Acheick Ibn Oumar et Rakhis Mannany, ainsi que les multiples déclinaisons des Codos, milices d’autoprotection sudistes coordonnées par des dirigeants comme le Colonel Kotiga.
Une alliance problématique
Ainsi, après l’élimination de Tombalbaye, la période fut marquée par l’alliance problématique entre le Général Malloum et Hissène Habré, un sudiste et un nordiste qui étaient, tous deux, très sérieusement contestés dans leur propre “camp”. Les discours et les actes sans nuance d’Hissène Habré à cette époque pour promouvoir les nordistes dans l’appareil d’État, l’arabe comme langue officielle et l’islam comme religion, lui qui est un parfait francophone et un laïc bon teint, reflétaient un calcul politique. Sa faction était bien plus faible que celle de Goukouni, qui était alliée à d’autres groupes issus du Frolinat; lui-même était un premier ministre complètement isolé dans une capitale où les sudistes tenaient de facto le haut du pavé. Son discours et son intransigeance “nordistes” visaient alors à mobiliser toute l’élite de cette région du pays, tant arabophone que francophone, dans N’Djamena en jouant sur tous les registres, quitte à créer les plus grandes tensions et participer ainsi à la genèse des combats qui éclatèrent en février 1979. Pas plus qu’il n’avait “un” nord, il n’y avait “un” sud. Cette division de la classe politique nordiste et les multiples clivages régionaux et politiques en son sein renvoyaient à une situation homologue au sud. Cela peut être illustré par le rôle central qu’y jouait un personnage comme Wadal Abdulkader Kamougué, qui avait participé au coup d’État contre Tombalbaye et qui jouait alors sa propre carte contre un Malloum hésitant et en retrait. Cette absence de cohésion tant au nord qu’au sud n’était pas conjoncturelle mais structurelle. Elle pourrait être développée sur les registres économiques (par exemple, les pratiques du pastoralisme et la sédentarisation ne recoupent pas les frontières nord-sud) ou religieuses (les entendements des grandes religions et l’importance des religions traditionnelles suivent d’autres frontières autrement plus nuancées). Pourtant, comme au Soudan voisin, c’est cette seule matrice nord-sud qui dicte jusqu’à aujourd’hui la vision des problèmes politiques et des contradictions de la crise tchadienne. De cette période chaotique ne ressortent que deux grandes tendances: d’une part l’importance de la Libye dans le jeu tchadien qui sur détermine les alliances internationales, et de l’autre le basculement du pouvoir vers les élites nordistes, même si comme on va s’en rendre compte les sudistes ont su jouer leurs cartes avec talent.
Le Tchad proclame son indépendance en 1960, mais une entente permet à des troupes françaises de continuer à y stationner. Le gouvernement leur demande d'intervenir à la fin des années 1960 afin d'aider à mater la rébellion du Frolinat qui reçoit le soutien de la Libye. Cette dernière a des visées sur la bande d'Aozou, une région frontalière qu'elle occupe à partir de 1973. Les conflits qui déchirent le Tchad au cours des décennies qui suivent sont marqués par de nombreuses interventions françaises et libyennes. Un apaisement et un règlement de la question de la bande d'Aozou, favorable au Tchad, ont finalement lieu au cours des années 1990. Une rébellion, qui aurait le soutien du Soudan, entraîne une intervention extérieure, notamment de la France, qui permet de stabiliser la situation en faveur du régime du président Idriss Déby.
Quelques grandes dates
Conseil national de redressement (1992-1994)
Deuxième armée de libération (1971)
Faction militaire (Maldoum Bada Abbas) (1991)
Forces armées du Nord (1976-1977,1979-1982)
Forces armées populaires (1977-1979)
Forces armées tchadiennes (1982)
Forces Hassan Djamous (1989)
Front de libération nationale du Tchad (1966-1970)
Front populaire de résistance nationale (2010)
Gouvernement d'union nationale de transition (1983-1984,1986)
Légion islamique (1989,1990)
Mosanat (1989)
Mouvement patriotique du salut (1990)
Mouvement pour la démocratie et le développement (1991-1993,1997)
Première armée de libération (1971-1972)
Union des forces de la résistance (2009)
Au plan de l'organisation des pouvoirs, il s'agit d'un État unitaire. Le régime politique est présidentiel; le président gouverne sans nécessairement avoir l'appui de la branche législative.