En Afrique, 500 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, mais une vague d’« Afro-optimisme » submerge le monde. Les études positives se multiplient et montrent que l’Afrique connaiît une croissance assez rapide. Hélas, aujourd’hui encore, le continent continue à avoir besoin de l’aide extérieure. C’était le sujet de la conférence qui s’est déroulée à Addis-Abeba, en Éthiopie au mois de juillet 2015, sur l’aide au développement.
L’Afrique a connu une croissance de 5,5% par an en moyenne sur les dix dernières années, et selon les études, cette tendance devrait se poursuivre. « Vingt-cinq des cinquante-quatre pays africains auront une croissance supérieure à 5% jusqu’en 2025 », estime ainsi le cabinet McKinsey. Selon lui, les locomotives de ce développement seront l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Angola, le Maroc et le Soudan.La vente des matières premières mais aussi la consommation, sont deux éléments à l’ origine de cette croissance. « Aujourd’hui, c’est le premier moteur de la croissance», constate Philippe Gautier, directeur adjoint du Medef international. On voit partout se construire, de grands centres commerciaux. L’e-commerce est en plein essor.Il existe désormais une classe moyenne, forte de 300 millions d’individus (soit un quart de la population), qui a les moyens de consommer. Selon l’OCDE, ces dépenses de consommation représentaient l’équivalent de 680 milliards d’euros en 2008 et devraient atteindre 2 200 milliards en 2030. Certes, 46% du 1,2 milliard d’Africains vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté, contre 60% au début des années 2000.
En juillet 2015, les représentants des 193 États membres des Nations unies (ONU), dont une vingtaine de chefs d’État ou de gouvernement, en majorité africains, se sont réunis pour trouver un accord sur les moyens de financer l’aide au développement. C’est la troisième conférence sur le sujet, après celles de Monterrey en 2002 et de Doha en 2008. Il s’agissait de trouver comment financer les 17 objectifs de développement durable (ODD) que les Nations unies sont en train de fixer pour 2015-2030. L’ambition est d’éradiquer d’ici à 2030 la pauvreté et la faim dans le monde, tout en maîtrisant le changement climatique. Pour y parvenir, la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED) estime qu’il faudra mobiliser 2 500 milliards de dollars d’aide supplémentaires par an.
Tout le monde s’est accordé sur le but à atteindre mais les participants sont restés diviser sur la méthode. « Les pays riches souhaitent dégager de nouvelles ressources par le recours aux financements privés et les revenus domestiques des pays concernés. Ils demandent aussi que les pays émergents comme l’Inde, la Chine ou le Brésil contribuent davantage à l’aide internationale », affirme un observateur.Il poursuit en ajoutant que : « les pays pauvres attendent que les pays riches augmentent significativement leur aide publique au développement (APD). Ils soulignent que l’objectif des pays développés d’allouer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’APD fixé en 2002 est très peu respecté ». Pour preuve, la France, par exemple, n’atteint que 0,36%.
De multiples défis à relever pour l’Afrique
Parmi les multiples défis que l’Afrique doit relever, le premier est la démographique. La population africaine doublera d’ici à 2050 et atteindra 4,2 milliards de personnes d’ici à 2100. Cette croissance démographique se traduit par un développement urbain sans précédent. D’ici à 2040, la plupart des Africains vivront dans des villes. Mais cette évolution est peu anticipée. Les infrastructures ne sont pas adaptées, l’énergie manque, l’environnement pâtit de cette croissance chaotique.
La corruption ronge tous les secteurs de l’économie et de la société africaine : le commerce, l’administration, la justice, l’éducation et la santé. L’ONG Global Financial Integrity estime qu’en 2011, pas moins de 946 milliards de dollars ont été détournés en Afrique. Selon l’organisation Transparency International, l’Afrique subsaharienne serait la région la plus corrompue de la planète, à égalité avec l’Europe orientale et l’Asie centrale.
L’Afrique, pourtant, est en train de changer de physionomie, grâce notamment à l’essor de l’économie numérique. L’Internet mobile s’y développe à grande vitesse, et avec lui quantité de nouveaux services lancés par des entrepreneurs locaux. Le Kenya est ainsi devenu le pays au monde où les paiements par téléphone mobile sont les plus développés.
Un autre signe de ce changement est l’industrialisation. Tous les grands constructeurs automobiles investissent aujourd’hui au Nigeria, anticipant un décollage du marché. Volkswagen s’apprête à y assembler des Passat, tandis que Renault va y fabriquer des Duster avec un partenaire local dès la fin de 2015.
Enfin, l’Afrique bénéficie énormément du soutien financier venu des diasporas. Les transferts financiers venus des migrants dans les pays développés représentent l’équivalent de 60 milliards d’euros par an. C’est autant que la totalité de l’aide publique au développement.