Le continent africain est un vivier d’activités sportives. À côté des sports classiques, tels que le football, le handball, l’athlétisme, existe des sports qui déchaînent passion et emballent les foules. Notamment la lutte traditionnelle…
En Afrique, la lutte traditionnelle occupe une place de choix dans les sports de main. Parmi les pays pratiquant ce sport, le Sénégal en est le porte-étendard. La lutte est un sport national au pays de la Téranga. La lutte sénégalaise (ou làmb en wolof) est un sport traditionnel très populaire au Sénégal, tout particulièrement dans les régions du Sine-Saloum et de la Casamance. On le pratique aussi en Gambie. Sport de contact, la lutte sénégalaise intègre en plus la boxe d'où l'appellation de « lutte avec frappe ». Le lutteur peut à la fois donner des coups et recourir au corps à corps pour terrasser son adversaire. En sus de sa dimension sportive elle intègre une dimension culturelle et folklorique (bakk) qui met en œuvre au travers d'animations la tradition culturelle sénégalaise. Au départ sport amateur, la lutte sénégalaise est devenue un sport professionnel qui attire de plus en plus de jeunes sportifs et de spectateurs. Les cachets de lutteurs s'élèvent à des dizaines de millions de FCFA. Les lutteurs sont regroupés en écuries et adhérent à la fédération (Comité National de Gestion de la lutte communément appelé CNG) qui est l'organe de gestion de ce sport.
De son histoire
Traditionnellement, les premiers combats de lutte se déroulaient après la saison des pluies et opposaient les lutteurs de villages environnant dans des championnats appelés mbaapat. C'est le cas notamment dans les régions du nord, du Sine-Saloum et de la Casamance. Le vainqueur du tournoi pouvait remporter avec lui du bétail, des céréales et autres biens en jeu. Au fil du temps et du succès, les combats deviennent de plus en plus importants, les cachets des lutteurs aussi. De grands noms marquent l'histoire de la lutte sénégalaise : Falaye Baldé, Double Less, Mbaye Gueye (Tigre de Fass), Manga 2 (ancien roi des arènes) entre autres. Mais c'est avec l'avènement de Mouhamed Ndao (Tyson) que la lutte a pris son envol pour devenir un sport professionnel avec des cachets de millions de francs et un grand nombre de spectateurs. Aujourd'hui, les combats sont de grands événements sportifs mobilisant les médias et l'attention des résidents et de la diaspora.
Depuis mai 2010, Fabrice Allouche (ex-champion du monde de Kick Boxing) est le premier blanc à intégrer une école de lutte sénégalaise comme coach de boxe, préparateur physique et mental. Il travaille en collaboration avec le grand entraîneur Katy Diop en faisant des voyages entre Paris et Dakar. Les médias sénégalais surnomment Fabrice Allouche « Le sorcier blanc » suite aux nombreuses victoires acquises. Pour cette saison 2010/2011, Il a fait un bilan de 14 victoires et 3 défaites des lutteurs qu'il a coachés. Il a fait remporter à l'écurie Ndakaru le prestigieux trophée du Claf avec Malick Niang et une prometteuse 3e place à l'Arena tour de la chaîne RDV avec le lutteur Ndofféne. Après plusieurs mois d'absences, Allouche revient en janvier 2013 pour encadrer et faire gagner les lutteurs d'une autre écurie de Tyshinger Jordan, Tyson 2 et Khadim Ngom (petit frère d’Eume Séne).
Le sorcier fou de Pikine
Les médias impressionnés par ces méthodes d'entraînement le surnomment d'un nouveau sobriquet « Le sorcier fou de Pikine ». Fabrice installe son palmarès de 22 victoires pour 3 défaites des lutteurs qu'il a encadrés à ce jour. Beaucoup de spécialistes de la lutte estiment que Allouche est un grand coach mais avant tout avec des dons mystiques surnaturels. Il aurait une connaissance aux choses secrètes sur la spiritualité et la magie blanche destinés à influencer le destin ou le comportement d'une personne. Depuis deux ans, un autre Toubab, l'excellent espagnol Juan Espino, lutte dans l'arène et ses victoires commencent à éveiller la curiosité. Invaincu, son prochain combat est déjà programmé contre Boy Nar par les promoteurs, une nouvelle étape qui pourrait peut-être amener le « Lion Blanc » vers le haut de l'affiche avec le gotha de la lutte sénégalaise. La lutte est auréolée de nombreux rituels mystiques, qui sont des chants de bravoure censés galvaniser les lutteurs. Tout cela est suivi par des cérémonies pour conjurer le mauvais sort avant chaque combat. Au-delà de la préparation physique des mbër (mot wolof désignant les lutteurs), le cortège des marabouts accompagnant les athlètes dans l'arène de la compétition, viennent cristalliser des prières salvatrices censées donner la victoire à son protégé qui arbore des gris-gris (talisman) de même que des prises de bains rituels. Avant chaque affrontement le bërekat se livre au bàkk) qui consiste à chanter ses prouesses en vue d'intimider l'adversaire et de séduire son public en dansant au rythme du tam-tam. Chants, également entonnés par les griots et griottes attitrés, qu'on appelle alors « ndawràbbin ».
Effort d’unification
Il convient aussi de clairement distinguer les modalités traditionnelles des diverses formes historiques de la lutte sénégalaise d'avec sa pratique moderne aussi dite "Lutte Africaine". Cette dernière résulte d'un effort d'unification destiné à permettre aux diverses ethnies de se rencontrer au moyen d'un style unifié ; c'est ce style de synthèse qui fut retenu pour les Jeux de la Francophonie (Nice, début Septembre 2013). Ce nouveau style intègre lui aussi un rituel spécifique. Ni cette création d'une lutte moderne, ni les rituels adoptés ne s'opposent aux formes traditionnelles de pratique. Il s'agit d'une harmonisation nouvelle qui a été amplement aidée par la CONFEJES qui a assuré l'édition de deux ouvrages coordonnés par Frédéric Rubio et portant, l'un sur les divers styles de lutte et sur les divers lutteurs qui ont conduit le travail pour un premier recueil de donnée sur les luttes africaines, l'autre qui est un aboutissement permettant de poser les bases d'un style de synthèse permettant d'ouvrir la pratique à l'ensemble des femmes et des hommes et des enfants de toutes les nations.