Les sommes que les migrants envoient chaque année n'ont cessé de croître au cours de la dernière décennie. Les envois de fonds internationaux ont atteint le montant total de 583 milliards de dollars en 2014, dont 436 milliards de dollars transférés des pays développés vers les pays en développement, selon les estimations du Groupe de la Banque Mondiale. Aujourd’hui, ramener le coût des transferts à 5 % du montant transféré par rapport au niveau moyen actuel de 12,4 % restituerait 4 milliards de dollars aux migrants africains et à leurs familles toujours selon la Banque Mondiale.
Pour la seule année 2012, 30 millions d’émigrés africains ont envoyé pratiquement 60 milliards de dollars à 120 millions de bénéficiaires. Chaque année, des millions de migrants quittent leurs pays et leurs familles pour aller gagner leur vie ailleurs. Et chaque année, ces migrants envoient des milliards de dollars à leurs proches, déboursant ce faisant des millions en frais d’envoi. Pour la seule année 2012, on évalue à pratiquement 60 milliards de dollars les envois de fonds effectués par 30 millions de migrants africains. Privés de véritables sources de revenu sur place, la majorité des 120 millions de bénéficiaires, en Afrique, dépendent de cet argent pour leur survie, leur santé, leur éducation et leur quotidien. Mais le coût de ces transferts est tel que les sommes envoyées n’ont pas tout l’impact qu’elles pourraient avoir. Selon les derniers chiffres de la base de données Send Money Africa de la Banque Mondiale, financé par le Projet AIR, les Africains déboursent plus que n’importe quel autre groupe de migrants pour envoyer de l’argent chez eux. L’Afrique subsaharienne est la destination la plus coûteuse du monde en la matière : les frais moyens de transfert depuis l’étranger ont atteint 12,4 % en 2012. Le coût moyen des envois vers l’ensemble de l’Afrique avoisine 12 %, un taux supérieur à la moyenne mondiale (8,96 %) et près de deux fois plus élevé que le coût des transferts de fonds vers l’Asie du Sud, qui bénéficie des tarifs les plus faibles au monde (6,54 %). Le fait de ramener le coût des transferts à 5 % du montant transféré un objectif que le G8 et le G20 visent en 2014 restituerait 4 milliards de dollars aux migrants africains et à leurs familles. En réalité, le coût élevé des transactions réduit le montant des envois de fonds, qui constituent un moyen de subsistance pour des millions d’Africains. Les envois de fonds aident beaucoup les ménages à faire face aux besoins immédiats et à investir dans l’avenir : la réduction des frais de transfert aura donc un effet notable sur la pauvreté. La réduction des frais de transfert contribue aussi à promouvoir l’inclusion financière, car ces transactions sont souvent les premiers services financiers utilisés par les destinataires, qui sont ensuite davantage susceptibles de recourir à d’autres prestations, comme les comptes bancaires. Les tarifs des envois de fonds sont encore plus élevés entre les nations africaines. C’est en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Ghana qu’ils sont les moins avantageux : ils se montent respectivement à 20,7%, 19,7% et 19% en moyenne, en raison de divers facteurs, dont la faible concurrence qui prévaut sur le marché des transferts de fonds internationaux.
Quelles sont les solutions envisageables pour faire baisser ces tarifs ?
Les pouvoirs publics devraient prendre des mesures pour ouvrir le marché des envois de fonds à la concurrence. Une concurrence accrue, ajoutée à une meilleure information des consommateurs, peut contribuer à abaisser les tarifs des transferts de fonds. Aujourd’hui, les banques qui pratiquent les tarifs les plus élevés parmi tous les prestataires de services d’envoi de fonds sont souvent le seul circuit financier auquel les migrants africains ont accès. Un cadre réglementaire encourageant la concurrence entre les prestataires peut non seulement élargir la palette de choix accessibles aux migrants mais aussi contribuer à abaisser les tarifs des transferts. Les travailleurs migrants, enfin, tireraient profit d’une information plus transparente sur ce type de services, puisqu’ils pourraient prendre leurs décisions en toute connaissance de cause.