L’Afrique demeure un marché à exploiter de près d’un milliards de personnes. Sur le plan commercial, la mondialisation peut être bénéfique pour ce continent, à condition que les investisseurs sachent exploiter « les bons tuyaux ».
L’Afrique demeure un marché incontournable dans le processus de mondialisation commerciale. Avec 780 millions d’habitants, l’Afrique représente actuellement un 1/10e de la population de la planète. Malgré son développement en dents de scie, elle est indispensable pour l’économie mondiale. Elle aura une carte à jouer importante dans l’avenir, face à la mondialisation. En dépit d’une dette colossale, elle dispose d’atouts qui restent sérieux : une population certes encore à former mais dont la jeunesse d’ici dix ans sera démographiquement en explosion et des ressources minérales et énergétiques encore sous-exploitées dont le monde aura besoin. Ce sont là les principales forces de ce continent. Ainsi donc, les africains ne doivent pas voir le diable en la mondialisation. Elle est simplement un défi à relever dans le processus de globalisation de l’économie. Comme le soulignait l’historien Joseph Ki-Zerbo : «nous sommes les wagons de l'histoire et de la mondialisation...». À ce titre, l’Afrique doit être l’un des piliers du développement de l’économie mondiale. Et, cela est possible. En outre, il s'avère vrai que l'Afrique reste un enjeu stratégique, même dans le monde d'aujourd'hui. Même avec le déplacement des intérêts, on se rend compte avec amertume que ses difficultés à pouvoir s'octroyer une marge dans les échanges multipolaires démontrent l'intérêt qu'elle constitue pour les autres nations du monde.
Maîtriser les enjeux de la mondialisation
Depuis les années 1990, un nouveau paradigme régit la vie des populations du monde; c'est bien celui de la mondialisation. Pour les uns, c'est le règne du capital financier qui transforme chaque État en un simple site économique avec des ouvertures sur le monde aux contrées et sphères arriérées et retardataires mais, dans une vision d'exploitation extrême. Pour d'autres, elle est le cadre de la nouvelle économie où l'action doit être à la prise de conscience des forces, des faiblesses, des atouts pour saisir les opportunités. En tout état de cause, la mondialisation est l'aboutissement logique du système capitaliste de production avec une sortie du cadre purement national pour adopter des dimensions planétaires, voire cosmiques.
Allassane Dramane Ouattara, l’actuel président de la Côte d’Ivoire faisait la relation entre les économies asiatiques et celles africaines prises dans le contexte de la mondialisation. Selon lui, si l’on procède à une analyse superficielle de l’ouverture des pays d’Asie, l’on peut se demander si l’Afrique a intérêt à s’intégrer plus avant au reste du monde et si la mondialisation peut vraiment être bénéfique à des économies pauvres et de petite taille. La réponse à ces deux questions est clairement "oui". L’expérience asiatique l’a amplement démontré. Mais la crise actuelle montre aussi que la stabilité financière et le développement soutenable requièrent un certain nombre de conditions : des politiques économiques rationnelles et prévisibles; un grand degré de transparence et une gestion responsable des affaires publiques et privées; des informations fiables et disponibles en temps opportun; un système bancaire robuste, soumis à une réglementation et une surveillance appropriées; un secteur privé opérant dans des conditions de transparence et de sécurité économique; enfin l’élimination de la corruption et du népotisme. Une plus grande participation de l’Afrique au commerce mondial offrirait aux consommateurs et aux producteurs l’accès à une gamme plus large de biens et de services à des prix compétitifs. De plus, les apports de capitaux privés étrangers sont un complément essentiel à l’épargne intérieure encore trop faible en Afrique et au déclin de l’aide publique au développement.
Des progrès économiques considérables en cours
Ainsi, pour rattraper les autres pays en voie de développement, et réduire de manière significative la pauvreté, plusieurs études concluent que l’Afrique devrait atteindre durablement un rythme de croissance de l’ordre de 7 à 10%. Cela peut paraître très ambitieux, mais plusieurs pays du continent, comme l’Ouganda, ont déjà démontré que l’objectif n’est pas hors d’atteinte. Le maintien d’un tel taux de croissance sur le long terme exigerait cependant des ratios investissement/PIB supérieurs à 25%, et bien sûr une plus grande efficacité de ces investissements. L’Afrique doit donc parvenir à des taux d’épargne intérieure beaucoup plus élevés, et attirer une part plus importante de l’investissement direct étranger afin d’accélérer sa croissance économique. Elle ne peut le faire, nous l’avons vu, qu’en s’intégrant pleinement à l’économie mondiale et en mettant en place des réformes structurelles de grande ampleur. Ces reformes vont de celles relatives à l’État de droit et à la démocratie.
Plusieurs raisons incitent nombre d’observateurs à prôner une intégration plus poussée de l’Afrique à l’économie mondiale. Les principales sont ses médiocres résultats économiques — qui tiennent à plusieurs facteurs, dont un passé colonial, une géographie défavorable, une forte dépendance à l’égard des exportations. Ces réalités ne doivent pas freiner l’élan des africains à travailler à relever le défi de la mondialisation. Car, face à l’adversité de cette donne économique, aucune nation ne peut échapper aux velléités supposées ou réelles de la mondialisation. Dans tous les cas, l’Afrique a sa place dans le concert des nations. Et, personne ne peut la lui ravir.