En 2014, la croissance en Afrique a été des plus nettes et objectives. Les économies africaines ont suivi une progression continue avec un taux de croissance supérieure à 5%. Avec la relance de l’économie mondiale, les clignotants sont au vert.
L’économie africaine s’est bien portée en 2014. Les prévisions de la Banque Mondiale et des institutions de finance ont été atteintes avec une croissance dont le taux excède 5% dans la majeure partie des pays africains. La tâche sombre dans ce tableau est venue de l’Afrique du Sud. En effet, les grèves des miniers dans ce pays, ont ralenti la progression de l’économie de ce pays. Stagnante durant un bout de temps, elle a repris depuis sa progression normale. La grosse surprise de l’année est venue de l’économie nigériane. Grâce à la flambée des prix du baril du pétrole, le pays retrouve sa dynamique économique. Il se positionne comme la première puissance économique du continent. Au Maghreb, les crises nées des révolutions sont en train de faire place à la paix et à la relance de l’économie. Plus que jamais, le continent est bien parti. Il constitue l’une des réserves mondiales de ressources naturelles les mieux gardées, qui attirent les investisseurs (publics et privés). Elles font appel à toutes les théories économiques qui laissent penser que les performances actuelles du continent s’accompagnent de changements structurels profonds, de réformes institutionnelles, qui rendent l’Afrique plus attrayante et, par voie de conséquence, renforcent les performances économiques du continent. C’est dans un tel contexte que les économistes de la Banque Mondiale considèrent que l’Afrique subsaharienne devrait profiter d’une consolidation de la demande domestique et de la croissance des exportations. Pour arranger les choses, l’économie mondiale connaît une dynamique sans précédent. Les économistes de la Banque estiment que les bonnes performances des pays de l’Afrique subsaharienne seraient à la faveur d’une augmentation de la demande formulée par les populations et les gouvernements. En effet, l’embelli de la situation économique dans les pays développés devrait favoriser un plus important flux de transferts des migrants. Ces fonds étant affectés à la consommation, les ménages devraient donc formuler une demande plus importante de biens de consommations. Cette nouvelle demande serait satisfaite soit pas une augmentation de la production ou par des importations. Quand on sait que le tissu industriel n’est pas très bien étoffé, tout laisse à penser que cette nouvelle demande profiterait plus aux partenaires commerciaux plutôt qu’à l’industrie locale.
Mettre l’accent sur le social
L’engagement actuel des gouvernements dans la mise en œuvre de leurs plans de développement, notamment à l’horizon 2015, devrait amener ces derniers à accélérer les dépenses dans les domaines sociaux mais aussi en investissement pour consolider l’environnement des affaires et offrir à l’Afrique les arguments nécessaires pour inciter l’investissement productif étranger. Cependant, ces dépenses financées par emprunts (du fait d’une fiscalité pas très performante) sont exécutées par des industriels étrangers. L’implication d’entrepreneurs locaux n’est que marginale. L’amélioration de la situation économique dans les pays industrialisés devrait profiter aussi au secteur productif, dans la mesure où les investissements directs se consolideraient à 47,8 milliards de dollars US d’ici 2016. Cette donnée manque toutefois de révéler le fait que ces investissements ne participent pas à un effort de diversification et d’industrialisation du tissu économique africain. En effet, ces investissements contribuent plus généralement à l’expansion du secteur minier et à d’autres secteurs connexes comme celui des transports et des services financiers, et dans une moindre mesure au tourisme. Il s’en suit une progression bien plus importante des exportations (concentrées sur les ressources naturelles dans un contexte de hausse de leur prix) par rapport aux importations, constituées principalement de matériaux (pour la construction d’infrastructures) et des denrées alimentaires (dont les prix devraient restés stables). L’Afrique est indéniablement l’une des zones les plus dynamiques du Monde; mais malheureusement portée par l’extérieur. Ainsi le débat sur l’inclusivité de la croissance en Afrique devrait en sus porter celui sur la nécessité d’intérioriser le mécanisme de création de richesse. Ainsi, le continent pourra travailler à améliorer ses performances afin de faire profiter des retombées de sa croissance à ses populations. L’une des bonnes notes de la croissance vient de l"Afrique de l'Est. Cette partie du continent affiche de belles performances avec une croissance de l'ordre de 6 % en 2014 et 2015. Dans cette région, l’Éthiopie, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie devraient même voir leur PIB progresser de 6,5 % à 7,5 % au cours de ces deux années.
La croissance ne fait pas qu'augmenter, elle se diversifie, ce qui est un élément positif de nature à permettre le passage à un véritable développement économique et social. Ces dernières années, le moteur principal de la croissance africaine a été la demande. La consommation s'est plutôt bien portée du fait des hausses de salaires, de l'augmentation constante des transferts monétaires en provenance des migrants mais aussi du recul de l'inflation (6,7 % en 2014 contre 9 % en 2013) dans de nombreux pays. Son fléchissement a été particulièrement marqué en Éthiopie (passant de plus de 20 % en 2013 à 7 % en 2014), en Tanzanie (de 16 % à 8 %) et en Ouganda (de 14 % à 5,5 %), en raison notamment de la baisse des prix alimentaires et de la stabilité des prix de l'énergie.
Vers une croissance à 2 chiffres
L’ambition des économies africaines est d’atteindre une croissance à 2 chiffres. Pour l’instant, dans le groupe des produits pétroliers, une croissance de l’ordre de 7% est attendue avec les nouvelles exploitations en Angola et la hausse de la production au Tchad. Le secteur non pétrolier est aussi en forte progression surtout en Angola et au Nigeria, contrairement au Cameroun et en Guinée Équatoriale où l’activité est en baisse. Pour les pays à revenu intermédiaire, ceux d’Afrique australe souffriront de leur forte intégration au commerce et aux marchés financiers mondiaux. L’Afrique de l’Ouest, qui a souffert des effets de la sécheresse au Sahel et du conflit ivoirien, a enregistré de bonnes performances en 2013 et en 2014. Un pays comme le Ghana a vu sa croissance progresser à près de 8% moins qu’en 2012, année où l’exploitation pétrolière a réalisé le plus haut niveau de production. Au Sénégal, la croissance a aussi redémarré après avoir souffert de la sécheresse. Les taux de croissance attendus en raison de l’exploitation minière et pétrolière au Niger et au Sierra Léone ont été à deux chiffres. Pour les pays sortant de conflits où de désastres naturels, la situation s’est nettement amélioré comme en Côte d’Ivoire (plus de 9% en 2013), le redressement au Liberia avec plus de 9% grâce au minerai de fer et en Guinée où la reprise des investissements miniers a contribué à booster la croissance.
Grosso modo, l’année qui s’achève a été des plus fructueuses pour l’Afrique. Reste à maintenir le cap afin que 2014 soit plus riche en retombées économiques.