En Afrique, il est coutume d’entendre, en réponse à la question «ça va ?», «je me débrouille!» ou plutôt «on se débrouille!». L’interlocuteur accompagne cette phrase d’une moue pour dire que les affaires marchent «molo molo» ou « un peu-un peu » pour emprunter le jargon des jeunes du ghetto. Les petits boulots par là, prisés sous d’autres cieux, sont le terreau fertile des jeunes africains. On se débrouille en faisant le petit commerce sur un étal aux abords des rues ; on se débrouille en honorant un contrat à temps partiel dans une société ou une entreprise ; on se débrouille en cherchant sa pitance en aidant dans les démarches des clients pour trouver leurs produits sur le marché. Le «Système D» (système débrouillard) comme l’ont baptisé les jeunes des bourgades africaines est devenu le dénominateur commun, l’exutoire de la galère de milliers de jeunes. Il est devenu le rouleau compresseur de la lutte contre la pauvreté, qui de plus en plus, prend un visage jeune. Les petits métiers sont un créneau porteur pour une société qui lutte pour construire un avenir. Un domaine pour ceux qui ont décidé de se retrousser les manches pour se « faire une place au soleil ».La lutte pour le développement, le combat pour des lendemains meilleurs a donné des ailes au « système D », de survivre dans un monde de compétition. Il est la porte d’entrée dans le monde des affaires. De grands noms du commerce africain sont partis de rien pour créer des entreprises et des multinationales en commençant par « la débrouillardise ». Ils se sont « débrouillés » pour créer une entreprise ; ils se sont débrouillés pour qu’elle grandisse ; se sont débrouillés pour qu’elle devienne multinationale. Dans de nombreuses villes africaines, de jeunes cireurs sont devenus des chefs d’entreprises; des vendeuses d’orange sont devenues des tenancières de grandes firmes internationales; des vendeuses de cacahuètes sont devenues des exportatrices de céréales en Europe, aux États-Unis et dans les pays asiatiques. Il faut oser pour croire et, croire en ce qu’on fait pour que des rêves deviennent réalité. À travers le «système D» et par le système de la débrouillardise, de grands noms de l’électronique, de la technique, de l’informatique, sont classés parmi les plus riches du monde. «Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » disait le grand penseur Sénèque. Le plus grand bien que les jeunes africains puissent faire à leur continent, c’est de lui offrir le cadeau de l’espérance en une vie après les guerres, les famines, les désolations. Les plus grands argentiers de ce monde n’ont pas créé des monnaies, ils ont simplement créé de la richesse grâce à des investissements, grâce à des initiatives, en exploitant des opportunités lorsque l’occasion se présentait. On ne devient pas riche sur un coup de baguette magique mais plutôt, en se «débrouillant pour ajouter de la terre à la terre, comme la termitière, pour bâtir une mine de richesse ».Le système D est une entreprise de longue haleine, faite de patience, jalonné d’embûches et, parviennent au sommet de la pyramide que ceux qui auront tenu bon, ceux qui auront tout donné, motivés qu’ils sont par l’espoir et la détermination qu’une réussite se trouve au bout du combat. Ce combat est soutenu par la conviction que le plus long chemin commence par le premier pas. Dans cette quête d’une vie épanouie, d’une entreprise qui crée des richesses, oser se débrouiller, dans un monde où la course aux richesses est devenue le sport favori, est quasiment une folie. Mais, n’oublions pas que ce n’est pas à la veille de la chasse que l’on commence à aiguiller son couteau, à dresser son chien ou à préparer son fusil. Pour développer son «système D», il faut d’abord commencer par être rigoureux dans la gestion, être en règle vis-à-vis de la loi et, ne jamais se laisser emporter par le découragement. Car, « lorsque s’abat le découragement, s’élève la victoire des persévérants », disait Thomas Sankara. L’Afrique est une fourmilière d’opportunités. Pour les connaître en vue de les exploiter, il faut aller au-devant d’elles, il faut les susciter, les entretenir et les mener à bon port. Aucune idée aussi bénigne soit-elle ne peut résister à la dextérité de la pensée humaine qui veut qu’elle porte des fruits et des fruits durables. Tout est possible pour celui qui croit.