La culture du coton occupe une place de choix dans les filières agricoles en Afrique. Indirectement ou directement, le coton contribue à nourrir plus de 16 millions de personnes sur le continent. Cultivé dans plusieurs pays africains, il est un facteur d’intégration économique qui lutte contre la pauvreté et le chômage.
En Afrique francophone, pour l’année 2013-2014, le monde agricole attend une production d’environ 943.000 tonnes de coton. Avec une production estimée à 630.000 tonnes de coton graine réalisée lors de la campagne 2012-2013, le Burkina Faso se classe au premier rang des producteurs de coton en Afrique. La production cotonnière connaît ainsi une hausse de 51% par rapport à la précédente campagne. L’information est donnée par l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina Faso. En Afrique, le coton semble avoir de beaux jours devant lui dans la mesure où sa production permet de nourrir des millions de personnes. Production très forte dans les pays francophones, le coton se positionne comme une filière incontournable dans les cultures de rente. En Afrique subsaharienne, de nombreux pays l’ont adopté malgré les aléas liés à sa production. Pour être plus rentable et résistant aux attaques des insectes, certains producteurs ont adopté le coton transgénique à côté de celui bio. Le Burkina Faso, premier pays producteur de coton en fait l’expérience depuis quelques années. Ce type de coton a la chance de résister aux attaques des ennemis de la culture et d’augmenter la production. Selon Yannick Morillon, PDG de Géocoton, la filière cotonnière a connu un fort développement dans les pays d’Afrique francophone. Malgré les différentes options libérales visant un désengagement des États, au travers de privatisations, elle conserve une totale vigueur notamment au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal, au Cameroun et au Tchad, entre autres.
Un commerce florissant
Pour les pays producteurs du coton, de nombreux enjeux entrent en ligne de compte dans le cadre d’une concurrence qui permet d’atteindre des résultats intéressants en matière de production de cette culture. Les enjeux du secteur cotonnier sont importants en Afrique de l'Ouest, au Tchad et au Cameroun. En effet, les exportations du coton contribuent significativement au PIB (de 3 % à 10 % pour le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Togo). A titre d'exemple, les exportations de l'Afrique de l'Ouest ont atteint 800.000 tonnes de fibre en 2006 pour une valeur de 890 millions $ US. la production cotonnière représente une part importante des revenus pour 2 à 3 millions d'exploitations familiales (en moyenne de l'ordre de 100.000 Francs CFA, soit 150 €, par hectare et par an).
Pour une plus grande rentabilité, de nombreux pays ont adopté des systèmes permettant de subventionner les intrants entrants dans la production du coton. Cette mesure, même si elle ne permet pas de concurrencer les subventions accordées aux producteurs européens et américains, il n’en demeure pas moins qu’elle permet aux producteurs africains de pouvoir produire davantage pour bénéficier des retombées monétaires de ces subventions. Les exportations du coton des pays de l’Afrique de l’Ouest se sont développées à un rythme très élevé. Bien plus rapide que dans la plupart des autres régions du monde, le taux de croissance annuel moyen des exportations ouest-africaines de coton avoisine 6 % par an depuis 1960. Seule l’Australie connaît une progression plus forte avec un taux de croissance annuel moyen de ses exportations cotonnières de près de 11 % au cours de la même période.
Cinq bastions de culture sur le continent
L’Afrique compte des centaines de variétés de graines de coton, dont la présence remonte pour certaines aux Xème et XIIIème siècles. Dans les pays à faible pluviométrie, le coton doit être irrigué. C’est le cas d’une grande partie des superficies cultivées en Égypte et de la totalité de celles du Maroc. En Afrique subsaharienne, la culture cotonnière, très majoritairement pluviale, est concentrée dans la zone climatique tropicale où alternent saisons sèches et saisons humides. On distingue cinq bassins cotonniers sur le continent parmi lesquels le bassin ouest-africain — s’étendant de la Sénégambie au Sud-Est du Tchad voire au centre de la République centrafricaine —est le plus important : il y est produit près des deux tiers de la production africaine. Sur les douze premiers pays africains producteurs de coton, huit sont en Afrique de l’Ouest. Le reste du coton africain se trouve réparti sur quatre zones le long d’une bande Nord-Sud allant de la vallée du Nil à l’Afrique du Sud. La plus importante d’entre elles est celle de la vallée du Nil; l’Égypte étant le premier producteur africain sur la moyenne des cinq dernières années. La géographie contemporaine du coton africain est très différente de la réalité qui prévalait dans les années 1960. Au lendemain des indépendances, l’Afrique de l’Ouest ne représentait qu’une moyenne de 15 % de la production africaine, contre près de 40 % pour l’Égypte et 20 % pour l’Afrique de l’Est. Les politiques cotonnières menées à partir des années 1970 au sein de la zone franc expliquent dans une large mesure le développement du coton dans cet espace.
Au cours des quarante-cinq dernières années, les superficies consacrées à la culture cotonnière ont pratiquement quadruplé. Elles sont passées de 800.000 à 3 millions d’hectares. Autrement dit, les superficies cultivées sont passées de 1,5 % à 3,5 % des terres arables en Afrique de l’Ouest. Comparativement, les cultures céréalières telles que le maïs, le mil et le sorgho sont respectivement cultivées sur 9, 16 et 14 millions d’hectares. L’extension des surfaces cultivées en coton s’est accompagnée d’une augmentation tendancielle des rendements de 400 kg/ha au début des années 1960 à 1 tonne/ha aujourd’hui. Cela démontre que la culture du coton a encore un grand potentiel de richesses pour les générations présentes et futures du continent africain.