L’Afrique regorge d’écoles de formation et d’enseignement de qualité. Depuis une dizaine d’année, le boom des écoles supérieures sur le continent a permis à de nombreuses entreprises de pouvoir disposer de main d’œuvre qualifiée et apte à l’emploi.
L’éducation est le vivier et le moteur de la croissance de l’être humain. Pris sous l’angle du développement, l’éducation est la porte d’entrée et l’accès à la connaissance. Les «temples du savoir» africains sont les lieux par excellence du développement de la conscience intellectuelle et de la crème de demain. Le boom de l’enseignement supérieur a permis de résorber la montée des effectifs au supérieur. La qualité des enseignements rehaussée par la présence d’enseignants qualifiés a permis de résorber les problèmes de disponibilité des professeurs. De façon autonome, les prix des scolarités ont connu des évolutions diverses favorisant un accès plus grand des étudiants à ces universités. Malgré l’embellie des universités africaines et des écoles supérieures, la qualité de la formation a connu une évolution. L’enjeu-clé pour le continent africain est de faire face à la croissance explosive des effectifs dans l’enseignement supérieur. Ainsi, les effectifs scolarisés en Afrique subsaharienne sont passés de 200 000 à 4,5 millions entre 1970 et 2008 selon le rapport de la Banque Mondiale. Cette augmentation fulgurante des effectifs a été soudaine et peut en partie s’expliquer par le développement de la scolarisation au niveau secondaire. Les universités, peu préparées aux répercussions d'un tel accroissement ont tenté d’accorder des places à cette nouvelle masse d’étudiants au détriment de la qualité de l’enseignement. Le manque de places au sein des universités est d’autant plus alarmant qu’on constate que la participation à l’enseignement supérieur des populations d’Afrique subsaharienne est très en dessous de la moyenne mondiale. En effet, leur taux brut de scolarisation (TBS) est de 6% en 2007 contre un taux brut mondial de 28%, selon les données statistiques de l’Unesco. Pour faire face à la pléthore des effectifs, les écoles supérieures privées ont pris le relais et favorisent une adhésion massive des étudiants dans les différentes filières de formation.
Maîtriser les effectifs
L’évolution du nombre d’étudiants constitue une donnée essentielle pour la programmation des dispositifs d’enseignement supérieur dans la mesure où les besoins pédagogiques, humains et financiers sont en liaison directe avec le nombre d’étudiants à former. Dans le contexte des pays concernés (Afrique subsaharienne), les budgets accordés aux aides sociales pour les étudiants, composante majeure des budgets alloués au secteur, sont également directement liés au nombre d’étudiants. Deux approches s’opposent lorsque l’on se livre à cet exercice de prospective : d’une part, une approche permettant d’estimer l’évolution des effectifs étudiants à partir de la dynamique propre du système éducatif et d’autre part, une approche plus utilitariste qui consiste à programmer une évolution des effectifs étudiants sur la base des données prospectives relatives à l’évolution du marché de l’emploi et à mettre en place des mécanismes pour limiter le nombre d’étudiants en fonction des effectifs retenus comme cible (cas de la Tunisie par exemple). Sur les bases tendancielles liées aux dynamiques propres des systèmes éducatifs et sans envisager de mesures de sélection à l’entrée du supérieur, les estimations réalisées dans divers pays francophones d’Afrique de l’Ouest montrent qu’au cours des prochaines années on devrait assister à des accroissements d’effectifs très importants (doublement tous les 5 ans dans certains pays). S’en tenir par contre aux stricts besoins du marché de l’emploi, outre le fait que les prévisions dans ce domaine restent fortement aléatoires surtout dans une situation où le secteur moderne d’emploi représente en général moins de 5 % de la population active, reviendrait, dans bien des cas, à instaurer une limitation drastique de l’accès à l’enseignement supérieur, difficilement acceptable socialement, surtout dans le contexte francophone où l’obtention du baccalauréat donne en principe un droit d’accès automatique à l’enseignement supérieur. Cela nécessiterait également un réajustement qualitatif complet de l’offre de formation qui, compte tenu de la structure actuelle des dispositifs d’ESR, ne pourrait s’envisager que de manière progressive (suppression de filières, reconversion des enseignants, flexibilité pour une adaptation permanente de l’offre à la demande, investissements pour de nouvelles filières plus professionnalisées, etc.). Par ailleurs, quelles que soient les contraintes rencontrées et quels que soient les pays, l’élévation générale du niveau de formation des populations constitue, dans un monde en interrelations de plus en plus étroites et dans une société du savoir en construction, une aspiration largement partagée et un besoin profondément exprimé par toutes les couches sociales. C’est pourquoi, la tendance à l’accroissement des effectifs étudiants représente, quel que soit le besoin économique national, l’expression d’une demande sociale forte et constitue en cela une donnée quasiment inéluctable bien que l’équation qui en découle soit des plus ardues à résoudre.
Promouvoir l’insertion des diplômés
L’insertion des diplômés doit être la priorité des universités africaines. Pour contribuer à la croissance de demain, l’enseignement supérieur africain doit réussir à adapter son offre de formation à l’offre du marché de l’emploi. Il faut que les étudiants puissent être orientés vers les filières porteuses d’emplois et encouragés à se tourner vers des métiers créateurs d’emplois tels que entrepreneuriat, l’agriculture, les NTIC et les énergies renouvelables. Dans la quasi-totalité des pays concernés, des programmes d’extension du dispositif d’enseignement supérieur sont en cours et se traduisent dans plusieurs cas par une déconcentration des structures universitaires en dehors de la capitale. Les partenaires techniques et financiers traditionnels ne participant que marginalement à la réalisation de ces programmes, ceux-ci sont financés essentiellement sur les ressources nationales ou par des emprunts consentis dans le cadre d’accords bilatéraux (de plus en plus avec des pays asiatiques ou du Moyen Orient). Le programme d’urgence pour l’enseignement supérieur mené en Côte d’Ivoire au cours des années 1990 par exemple, qui a notamment permis la création de quatre nouvelles structures universitaires déconcentrées, a été financé à 100 % par des ressources nationales. Si l’on estime à 3 600 US$ de 2006 le coût moyen de la construction d’une nouvelle place dans un établissement d’enseignement supérieur (ce montant comprenant les coûts de viabilisation, de construction des structures pédagogiques et administratives, des aménagements et des équipements), les besoins cumulés en investissement pour faire face à la croissance tendancielle des effectifs étudiants serait de 4 milliards de US$ pour la période 2006-2015. Sur la base d’une évaluation des capacités d’investissement financées par les ressources nationales de l’ordre de 80 millions de US$ annuels pour l’ensemble des pays concernés (estimation) et d’une augmentation de ces capacités de 5 % par an, les capacités nationales d’investissement pour les 20 pays concernés pourraient être, dans le meilleur des cas, de l’ordre de 1 milliard de US$ sur la même période. Les besoins complémentaires de financement pourraient être alors estimés à 3 milliards de US$ pour la période 2006-2015.
L’enseignement supérieur en Afrique a de beaux jours devant lui. Malgré quelques crises circonstanciées au début de la décennie de 1990, l’enseignement supérieur a pris un envol considérable dans les pays africains. Le développement de l’enseignement supérieur ne soit pas envisagé indépendamment des autres niveaux d’enseignement, mais comme un élément indissociable du système éducatif avec lequel les interactions structurelles sont déterminantes, notamment avec l’enseignement secondaire et la formation professionnelle.