La 23e édition de la biennale du cinéma et de la télévision de Ouagadougou a baissé ses rideaux le 02 mars à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, avec le sacre du cinéaste franco-sénégalais Alain Gomis qui remporte l’Étalon d’or de Yennenga, le trophée le plus prestigieux de la compétition avec son long métrage intitulé «Tey» (aujourd’hui). Sur le thème « cinéma africain et politiques publiques en Afrique », 101 films ont concouru durant 8 jours dans les salles obscures de la capitale du cinéma africain. Au sortir de cette fête du cinéma africain, les moissons sont bonnes en termes de prix spéciaux et de réussite du festival.
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) a tenu ses promesses. Venus d’horizons divers, les cinéastes du monde entier ont communié autour de la problématique du «cinéma africain et politiques publiques en Afrique». Au sortir d’une semaine de «grand écran», c’est le franco-sénégalais Alain Gomis qui remporte le prix le plus prestigieux, à savoir l’Étalon d’or de Yennenga avec son long métrage intitulé «Tey» (Aujourd’hui). L’Étalon de bronze revient à Moussa Touré pour son film «La pirogue». Pour son film «Yema», Djamilia Sahraoui a remporté l’Étalon d’argent.
Un nombre important de prix spéciaux
La 23e biennale du cinéma africain a enregistré un nombre important de donateurs malgré le contexte de crise économique et sociale. Cet engagement, aux dires du Président de la commission chargée des Prix spéciaux, témoigne d’un engagement à accompagner le développement et la promotion du septième art en Afrique.
Mais c’est aussi et surtout, dit-il, un encouragement pour les cinéastes à continuer à travailler pour obtenir plus de lauriers et contribuer à une meilleure sensibilisation des populations. Globalement, les prix sont d’une valeur moyenne de 2 millions de FCFA, plus une attestation et un trophée. Les donateurs pour leur part sont des institutions internationales, des ambassades, des institutions financières internationales, des banques et établissements financiers, des associations, des collectivités décentralisées locales et internationales….
La prime à l’excellence et au courage
Dans la vingtaine de prix attribués, l’on retrouve des films tels que «La pirogue» (co-lauréat du prix de l’intégration UEMOA) ou encore «La main gauche», prix des talents émergents de l’OIF. Récompensé également pour ses efforts, «Toile d’araignée» de Ibrahima Touré qui obtient le prix Sembene Ousmane de la Fondation Ecobank. Le Burkinabè Boubacar Diallo s’empare quant à lui du prix du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina. Il est primé pour son film, «Congés de mariage». La Côte d’Ivoire non plus n’est pas absente du palmarès, tout comme le Kenya, Madagascar, le Maroc, le Gabon dont les cinéastes ont pu se hisser sur le podium. Le pays d’Alassane Ouattara obtient le prix de la ville de Ouagadougou.
Le défi sécuritaire relevé
Placé sur le thème «Cinéma africain et politiques publiques en Afrique», cette édition s’est tenue dans un contexte sous-régional marqué par la guerre contre les «barbus et les fous d’Allah» dans le désert malien. Pour donner des informations de première main aux professionnels de cet art, une forte délégation du Festival a fait une tournée sur les bords de la Seine et de la capitale de l’Europe (Bruxelles). Cette tournée a permis à l’équipe de Michel Ouédraogo, le Délégué Général du Fespaco, de jeter les bases d’une communication qui a rassuré sur les mesures prises pour permettre aux festivaliers de ne pas craindre pour leur sécurité lorsqu’ils seront sur la terre du «Pays des Hommes intègres». Le Burkina Faso a une expérience à revendre dans le cadre de l’organisation des manifestations internationales à caractère politique, économique et culturel. On se souvient des multiples sommets organisés par «le pays des Hommes intègres» pour bâtir un monde nouveau autour des problématiques qui concernent la marche du monde. Forts de ce constat, les milliers de festivaliers qui ont été à Ouagadougou ont eu confiance dans le dispositif sécuritaire mis en place pour pallier toute éventualité et faire face à toute menace d’où qu’elle vienne. Le comité d’organisation mis récemment en place a pris au sérieux la question de la sécurité en mettant en place une organisation spéciale pour l’ouverture et la clôture du Festival, et une autre chargée spécialement des questions de sécurité tout au long de la manifestation culturelle. Ainsi, l’ouverture et la clôture du festival ont été confiées au chef d’escadron, Yaya Traoré, qui, selon des indiscrétions, est un homme rompu au maintien de la sécurité publique et la lutte contre le terrorisme. Quant à la sécurité durant tout le temps du festival, sa charge est revenue au Commissaire Michel Ky. Mieux, au niveau national, une opération antiterrorisme, comprenant un millier d’hommes, veille sur les frontières du «pays des Hommes intègres», notamment la frontière avec le Mali. On le sait, toute sécurité ne vaut que si elle procure la quiétude, et le bien-être à l’endroit de ceux et celles pour qui cette sécurité a été mise en place. Comme le disait Patrick Süskind «Pour se servir de sa raison, on a besoin de sécurité et de quiétude». Les 101 films en compétition provenant de 35 pays ont été jugés par un jury qui a eu besoin de sécurité pour bien regarder les films et choisir «the best of the best» (le meilleur des meilleurs). Les organisateurs du FESPACO en sont conscients, le peuple burkinabè en est conscient. D’où l’obligation pour les touristes, les visiteurs et les festivaliers de faire confiance au Burkina Faso qui, durant des décennies, a fait montre d’une stabilité politique hors du commun. La 23e édition de la fête du cinéma et de la télévision africaine a répondu aux attentes du public. Et ce ne sera pas la menace terroriste qui aura empêché le Burkina Faso de faire vivre une fête du cinéma à nulle autre pareille sur le continent africain. Car Albert Einstein le disait : «L’homme et sa sécurité doivent constituer la première préoccupation de toute avancée technologique».
Né en France d'un père sénégalais et d'une mère française, Alain Gomis entreprend des études d'histoire de l'art et une maîtrise en études cinématographiques.
Dans le cadre d'ateliers vidéo, il réalise des reportages sur les jeunes issus de l'immigration. Il tourne par la suite des courts métrages dont «Tourbillons», en 1999, présenté à Clermont-Ferrand, à New-York ou encore à Namur.
En 2001, Alain Gomis réalise son premier long métrage : «L'Afrance».
- Prix talent émergent de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) : «La main gauche» du Marocain Fadil Chouika (2.000.000F CFA + Trophée)
- Prix de l’espoir : «Le bois de la survie» de Abraham Fofana (Guinée Conakry)
- Prix Sembène Ousmane de la Fondation Ecobank : «Toiles d’araignées» du Malien Ibrahima Touré et «Tey/Aujourd’hui» du Sénégalais Alain Gomis (5 millions et un trophée chacun)
- Prix de l’intégration de l’UEMOA (2 millions + Trophée) : «La pirogue» de Moussa Traoré (Sénégal)
- Prix Inaco (2 millions + Trophée) : «Tey/Aujourd’hui» de Alain Gomis (Sénégal)
- Prix Critique africaine de la cinématographie (2 millions + Trophée) : «One man’s show» de Newton Aduaka (Nigéria)
- Prix ACP-Culture (2 millions + Trophée) : «The cut» de Beryl Magoko (Kenya)
- Prix de la chance, LONAB (2 millions + Trophée + Diplôme) : «Sur la route d’un ange» de Thierry Roland Ntamack (Cameroun)
- Prix Réné Monory du Conseil général de Vienne (Séjour tous frais payés à Vienne + Trophée) : «Nuit de noces» de Massino Bossou (Maroc)
- Prix Nescafé jeune espoir (2 millions + Trophée) : «Une couleur de vie» Hurel Régis Béninga (Centrafrique)
- Prix SIGNIS (2 millions + Trophée) : «Terre et fils» Fernand Lepoko (Gabon)
- Prix MDHPC (2 millions + Trophée) : «Rencontre virtuelle» de Ayeman Aymar Esse (Bénin)
- Prix Femmes pour l’Afrique (2 millions + Trophée) : «Même pas mal» de Nadia El Fani (Tunisie)
- Prix Conseil supérieur de la communication (2 millions + Trophée) : «Congé de mariage» de Aboubakar Diallo (Burkina Faso)
- Prix santé et sécurité au travail (2 millions + trophée) : «Le prix de l’effort» de Nantenaina Rakotondranivo (Madagascar)
- Prix Dan-Faso (2 millions + Trophée) : «Ini Hono Izi Ravorona» de Sitraka Randriamahaly (Madagascar)
- Prix Initiative pauvreté et environnement (2 millions + Trophée) : «Le bois de la survie» de Abraham Fofana (Guinée)
- Prix graines de baobab (2 millions + Trophée) : «Zamaana/Il est temps» de Zalissa Zoungrana-Badaud (Burkina Faso)
- Prix Afrikenous (2 millions + Trophée) : «Le prix de l’effort» de Nantenaina Rakotondranivo (Madagascar)
- Prix de la commune de Ouagadougou (2 millions + Trophée) : «Ils sont fous, on s’en fout» de Seydou Coulibaly (Côte d’Ivoire).