Les énergies renouvelables se présentent comme la meilleure des solutions pour lutter contre le réchauffement de la planète. Utilisation de panneaux solaires pour produire l’énergie, installation de systèmes biodigesteurs capables de produire du gaz pour alimenter les installations électriques, transformation du charbon bio, ce sont là autant d’aspects à utiliser et exploiter pour favoriser un mieux-vivre en Afrique.
Face à la problématique de l’avancée du désert, de nombreuses alternatives sont développées pour freiner, sinon atténuer, l’impact du sable sur le quotidien des populations. Parmi ces initiatives, on peut citer le projet de la grande muraille verte, les cordons pierreux, etc. A côté de ces initiatives se dressent celles non moins importantes des énergies renouvelables, ces énergies qui consomment moins de produits et produisent de l’énergie à volonté. Parmi ces énergies renouvelables, on peut citer l’énergie solaire, le biodigesteur, le charbon bio, etc.
Le charbon «bio», un combustible utile
Le charbon «bio», ou encore charbon biologique, est un produit fabriqué à base d’argile, de poussière de charbon, de déchets végétaux (paille de riz, coques d’arachides, tiges de mil). Ce produit n’est pas encore bien connu de la majorité de la population, mais, son processus de fabrication et d’utilisation permet de faire face à la déforestation qui est une menace pour les forêts africaines. Produit manuellement, sous forme de boulettes après carbonisation et malaxage des matières premières, suivis d’un séchage d’une durée de 72 h maximum et conservé dans des sacs et sachets, le charbon est bénéfique à plus d’un titre pour la cuisine. La question qui se pose est de savoir si ce produit possède les mêmes propriétés que le charbon de bois. Selon les techniciens, techniquement, il a été démontré qu’avec le charbon «bio» de type 2, c’est-à-dire, à partir de 80% de poussière et de 20% d’argile, on arrive à obtenir un produit qui a les mêmes propriétés que le charbon classique. Les énergies traditionnelles, à savoir l’utilisation du bois, du charbon de bois et les résidus agricoles, en termes d’alternative, sont des solutions connues dans certains pays africains. «La question de l’énergie est centrale, car nous dépendons à 80% des énergies traditionnelles (bois, charbon de bois, résidus agricoles). Tout ce qui est électricité, gaz, occupe près de 15% dans la satisfaction des besoins d’énergies», selon un professionnel.
Les producteurs de ce combustible ont estimé que le produit permet aux populations de réaliser une économie, étant donné qu’il est vendu moins cher que le charbon de bois. «Nous conditionnons le charbon dans des sachets de 5 kg à raison de 100 F CFA le sachet et dans des sacs de 20 kg, à raison de 2 000 FCFA. Avec un kg de charbon, la ménagère peut faire la cuisine pour au moins cinq personnes», témoigne un fabricant. Comparativement au charbon de bois, ce fabriquant pense que la combustion du «bio» a de belles braises et cela permet, dit-il, de prolonger la cuisson. Plus que le charbon «bio», les biodigesteurs permettent aussi de produire de l’énergie pour l’électricité, la cuisine, etc.
Le biodigesteur, une énergie à exploiter
Selon les spécialistes, «un biodigesteur est une construction souterraine faite avec des matériaux locaux qui est destinée à recevoir des déjections d’espèces animales mélangées à de l’eau dans des proportions équitables en vue de produire du biogaz». Introduite en Afrique de l’Ouest en 2010, cette technologie est une aubaine pour les populations. Elle permet à de nombreuses familles d’utiliser le gaz pour la consommation domestique, l’alimentation en électricité et en engrais biologique pour fertiliser les champs. D’une durée de vie de 20 ans, il en existe de différentes dimensions, notamment en 6m³, 8m³ et 10m³ au Burkina Faso. Actuellement, les dispositifs les plus réalisés sur le territoire sont ceux de 6m³ et de 10 m³. Cette technologie est vulgarisée par le Programme National de Biodigesteur au Burkina Faso (PNB-BF). Hervé Ghislain Dondassé est un spécialiste de cette technologie au niveau de la région du Plateau central au Burkina Faso où la demande est très forte : «Pour lancer la construction des biodigesteurs, nous avons d’abord formé treize maçons. Malheureusement, certains ont raccroché et il ne reste que 6 maçons en activité. D’autres maçons seront formés pour venir en appui à ceux-ci dans la mesure où la demande est très forte».
Pour bénéficier de cette technologie, il faut remplir certaines conditions. «Il faut être réceptif à la technologie en vue de l’entretenir, avoir un certain nombre d’animaux en fonction de la taille souhaitée et disposer de la contribution financière nécessaire pour la construction étant donné que la technologie est subventionnée», selon le technicien. Pour un biodigesteur de 6m³, il faut posséder au minimum 6 têtes de bovins et 9 têtes de porcs. Facilement réalisable en milieu rural, la technologie procure des bénéfices énormes à de nombreux utilisateurs. Parmi ceux-ci, Mme Bernadette Zongo/Tapsoba, une bénéficiaire. Par le biais du groupement des éleveurs de zébus Azawak (une race de bœufs), elle a bénéficié de la réalisation d’un biodigesteur de 10m³. «Je tire de nombreux bénéfices de cette technologie. Elle me procure du gaz pour la cuisine, de l’électricité en cas de coupure de courant fourni par la nationale de l’électricité et de l’effluent organique que je vends à des producteurs», explique-t-elle. Par mois, elle affirme vendre au moins 20 charrettes de fumure à raison de 1000F (près de 2 euros) la charrette. «Je suis très contente d’avoir le biodigesteur. Il m’aide beaucoup car je peux préparer 10 à 20 kg de riz que je vends. Aussi me procure-t-il la santé dans la mesure où je n’utilise ni le charbon, encore moins le bois pour ma cuisine», se réjouit-elle. Dans la région du Plateau central au Burkina Faso, cette trouvaille du PNB-BF améliore les conditions de vie des bénéficiaires et lutte contre la déforestation. Les familles qui l’utilisent sont unanimes quant à l’efficacité et à la durabilité du biogaz produit pour la consommation domestique. Pour le paiement des maçons, le biodigesteur de 6m³ procure 75 000 F CFA (environ 115 euros) contre 110 000 F CFA (environ 168 euros) pour celui de 10m³. Ce prix est payé à tempérament à raison d’une retenue de 10% sur ce montant comme garantie durant un an d’observation de la qualité des infrastructures construites par le maçon. Si après l’année d’observation, on constate qu’il n’y a pas de problème sur le biodigesteur, les 10% sont reversés au maçon. Au début de la construction, 27 500 F (42 euros) sont versés au maçon comme avance et 40 000 F (62 euros) après réception de l’infrastructure. Couplée au système des énergies solaire et éolienne, l’Afrique a de grandes chances d’utiliser de façon efficace et rationnelle les énergies renouvelables.
Le solaire et l’éolienne, une aubaine
Les énergies solaire et éolienne sont une opportunité pour l’Afrique. Au Maghreb, le Maroc est en passe de devenir l’un des pionniers en matière de promotion d’énergie éolienne. Le royaume chérifien vient de se doter du plus grand parc africain d’énergie éolienne. D’une capacité de 140 MGW (mégawatt), ce parc a été dressé à Meloussa, à 34 kms au Nord de Tanger. Le coût de la réalisation est estimé à 250 millions d’euros. Cet ouvrage produira 140 mégawatts avec 165 aérogénérateurs. 250 millions d’euros ont été mobilisés grâce à des partenaires techniques et financiers du Maroc. La banque espagnole Instituto Crédito Official a casqué pour 100 millions d’euros. La banque allemande KFW a mis la main à la poche pour 50 millions d’euros et l’Office national marocain de l’eau a déboursé 20 millions d’euros. Et, ce n’est pas tout. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) est venue en renfort avec un montant de 80 millions d’euros. Ces financements, à portée internationale, montrent tout l’intérêt que les bailleurs de fonds accordent à ce projet d’envergure. Le royaume chérifien montre par ce projet qu’il est possible d’oser inventer le futur à l’heure où le manque de ressources énergétiques donne le tournis aux économies du monde entier. Le Maroc est bien parti pour résoudre et accroître ses offres en énergies renouvelables. D’ici 2020, le projet permettra d’accroître de façon significative la part des énergies renouvelables. Il rentre dans le cadre de la vision stratégique du Maroc qui entend diversifier son bouquet énergétique. Ainsi, le projet permettra au Maroc d’assurer 42% de sa production énergétique, en raison de 14% par l’éolien, 14% par le solaire et 14% par l’hydraulique. Ce nouveau parc s’ajoute à celui de Koudia AL Baida (54 MW) inauguré en 2000 dans cette même région du Nord.
Quant à l’énergie solaire, l’Afrique de l’Ouest est en train d’emboîter le pas aux autres nations, pionnières en la matière. A ce titre, le Burkina Faso a entrepris, grâce à ses partenaires techniques et financiers, de construire la plus grande centrale solaire de l’Afrique. Située à Zagtouli, dans la périphérie de Ouagadougou, la nouvelle centrale électrique comportera 96.000 panneaux solaires. Cette centrale produira 32 gigawatts-heure par an, soit l’équivalent de 6 % de la production d’électricité actuelle du Burkina Faso. Elle couvrira la consommation d’énergie d’environ 400 000 personnes. L’aide de l’UE pour la centrale s’élève à 25 millions d’euros ; la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et l’Agence Française de Développement (AFD) ont quant à elles octroyé des prêts pour un montant total de 38 millions d’euros.
La lutte contre les changements climatiques à travers ces nombreuses actions sur le continent est une réalité. Il faut à présent travailler à faire profiter cette lutte aux couches défavorisées et très pauvres du continent.