Article publié le 2013-03-05 par LNA Echos du continent
Echos du continent [02-03/2013]
Abdelmalek Sellal © Rama

Mali : le Haut conseil islamique soutient l'option armée

L'opération française Serval contre les islamistes au Mali est entrée dans son treizième jour ce mercredi 23 janvier 2013, tandis que le déploiement des forces africaines se poursuit, avec un premier contingent burkinabé attendu aujourd'hui à Markala et à l'Est, des soldats tchadiens en provenance du Niger. Dans ce contexte, le Haut conseil islamique est sorti de son silence. Institution clé de la société malienne, il ne s'était pas exprimé depuis le début de l'intervention française. Depuis le début de cette intervention, des voix de journalistes ou de prédicateurs se sont élevées dans certains médias de pays arabo-musulmans. C’est par exemple le cas en Tunisie, en Égypte ou encore en Mauritanie. Des voix pour qui l’intervention militaire française serait une agression contre les musulmans. Mais pour Mahmoud Dicko, Imam et Président du Haut conseil islamique du Mali, cette perception est erronée : «C’est le contraire. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui a été abandonné par tous ces pays musulmans. Et nous parler aujourd’hui de croisade ou je ne sais quoi, c’est vraiment quelque chose que nous ne pouvons pas accepter, en tant que responsables musulmans du Mali». Pour le Haut conseil islamique, l’intervention militaire ne serait pas une croisade anti-Islam, mais au contraire, une guerre destinée à libérer un pays à plus de 90 % musulman. Aussi, dans la campagne de dénigrement dénoncée par le Haut conseil, Mahmoud Dicko croit-il voir des intentions bien particulières : «Nous sommes obligés, vu cette campagne, d’analyser très sérieusement la chose, et pour savoir si certains pays ne sont pas derrière. Mais je pense à des pays comme le Qatar, parce que la personnalité la plus influente du monde musulman qui a eu à dénoncer cette intervention se trouve aujourd’hui au Qatar ».


Guinée-Bissau : bastion du trafic de la drogue

L’Afrique fait toujours partie des zones de transit de différentes drogues : cannabis, héroïne afghane, méthamphétamine et cocaïne latino-américaine. Cette dernière passe par de nombreux pays africains. En Afrique de l’Ouest, la Guinée-Bissau est toujours une très importante plaque tournante, selon des policiers antidrogue occidentaux que nous avons interrogés. En effet, beaucoup de critiques avaient été émises à l’encontre de ce pays concernant le trafic de cocaïne. En 2007, le magazine américain Time, avait qualifié ce petit pays d’Afrique de l’Ouest de narco-État, après l'interception d'énormes cargaisons. Mais depuis quatre ans, les saisies record ont cessé. Du coup, certains ont pensé que la route bissau-guinéenne avait été, au moins en partie, abandonnée par les narcos. Or, des sources au sein de services antidrogues européens affirment au contraire que le trafic s'y porte à merveille. Il se poursuit simplement à l'abri des regards indiscrets. Une source affirme que les rotations d’avions bourrés de poudre blanche ont continué. Elle cite ainsi des arrivées de plusieurs tonnes fin 2011 et début 2012. Encore une fois, assure un de ses collègues, l’armée est fortement impliquée. La même source évoque ainsi des atterrissages à l’intérieur du pays, ajoutant que des militaires ont même transformé des routes en pistes de fortune. D'après l'une de nos sources, plusieurs réseaux criminels agissent en Guinée-Bissau. Les Colombiens font venir la drogue d'Amérique latine, tandis que des Nigérians, des Ghanéens et des trafiquants d'autres nationalités viennent se ravitailler sur place. Un nombre croissant de Bissau-Guinéens participent également à la réexportation en plus petite quantité de la coke vers l'Europe ou d'autres pays africains. Et s'il fallait une preuve supplémentaire que les arrivées de cocaïne ont augmenté, le kilo de cocaïne est passé de 17 000 euros en octobre 2011 à 7000 euros en décembre, avant de remonter à 10 000 euros en 2012. Certes, la Guinée-Bissau n'est pas le seul pays concerné par le trafic. Le Cap-Vert, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, l'Angola, l'Afrique du Sud ou encore le Mozambique et le Kenya sont également considérés comme d'importants points de transit. Mais cette ancienne colonie portugaise coincée entre le Sénégal et la Guinée-Conakry est un cas exemplaire.


Fin de cavale pour Charles Blé Goudé, l’Ivoirien le plus recherché

Charles Blé Goudé a été arrêté le jeudi 17 janvier au Ghana. Le leader des Jeunes patriotes, les militants pro-Gbagbo, vit en exil depuis la fin de la crise post-électorale, il y a bientôt deux ans. Il était recherché par la justice ivoirienne. En juin 2012, Charles Blé Goudé avait indiqué qu'il ne se reprochait rien et qu’il était prêt à aller à la CPI. Surnommé «général de la rue» sous le régime de Laurent Gbagbo pour sa capacité de mobilisation, Charles Blé Goudé a été arrêté chez lui par près de dix policiers ghanéens et ivoiriens. A-t-il été interpellé par les services d’Interpol et remis à la police ghanéenne ? Ce n’est pas encore clair. Ce qui est sûr, selon des Ivoiriens exilés au Ghana, c’est qu’il a été conduit au Bureau National d’Investigation (BNI) et qu’il est gardé dans les locaux de ce service des renseignements du Ghana. A Abidjan, des responsables du Front Populaire Ivoirien (FPI, le parti de l'ex-président Gbagbo) et des Patriotes s’inquiètent déjà d’une possible extradition du leader des jeunes pro-Gbagbo. Les autorités ivoiriennes ont émis un mandat d’arrêt international contre Charles Blé Goudé depuis plus d’une année. Celui qui est considéré par des ONG internationales comme l’un de ceux qui ont contribué aux violences pendant la crise post-électorale appelle régulièrement à la réconciliation. Cité parmi les Ivoiriens qui pourraient être poursuivis par la Cour pénale internationale, Charles Blé Goudé a dit en juin 2012 qu’il ne se reprochait rien et qu’il était prêt à aller à la CPI.


Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal déroule la prise d’Otages

Même si des zones d'ombre persistent, le voile se lève peu à peu sur les circonstances exactes de la prise d’otages sanglante par un groupe terroriste sur le site gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien. Lors d’une conférence de presse donnée à Alger, le Premier Ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a dressé le déroulement des faits et établi un nouveau bilan de l’attaque, qui a débuté le mercredi 16 janvier et s’est achevée le samedi 19 janvier. Au moins trente-sept étrangers de huit nationalités différentes et un Algérien ont été tués lors de l'attaque et de la prise en otages de centaines d’employés, a annoncé lundi le Premier Ministre algérien. Parmi les 37 victimes étrangères, sept corps demeurent non identifiés. "Il s'agit d'un bilan provisoire", a précisé le chef du gouvernement. Cinq étrangers sont par ailleurs toujours portés disparus après l'attaque. Abdelmalek Sellal n'a pas donné de précision quant à la nationalité des victimes. Parmi les étrangers dont la mort a été confirmée par leurs pays figurent un Français, trois Américains, deux Roumains, trois Britanniques, six Philippins et sept Japonais. Du côté des preneurs d'otages, 29 d'entre eux ont été tués et trois arrêtés, selon le Premier Ministre. Aucune négociation n'aurait été possible du fait de l’objectif initial du groupe terroriste, composé d’une trentaine de personnes venues du Mali, et qui était de kidnapper des employés étrangers du site cogéré par l’Algérien Sonatrach, le Norvégien Statoil et le Britannique BP, "afin d’augmenter le nombre d’otages au Mali et de négocier ensuite avec les puissances étrangères", estime Abdelmalek Sellal. À 5 kilomètres de Tiguentourine, le groupe attaque donc, mercredi 16 janvier au matin, un bus transportant des employés étrangers du site vers l’aéroport d’In Amenas. Mais les assaillants font face à une vive résistance de l’escorte armée du bus et l’opération échoue. Un employé est blessé, un autre tué. Forts de cet échec, les assaillants se scindent en deux groupes et partent occuper simultanément les deux pôles du site qui fait plus de 15 hectares : la base de vie des employés et le complexe gazier. Fusils mitrailleurs, fusils d’assaut, fusils à lunette, mortier avec roquettes, missiles avec rampe de lancement, lance-roquettes et grenades ont été retrouvés sur le site, dimanche, par les autorités algériennes. Dans la base de vie, les assaillants ouvrent rapidement le feu sur un agent de sécurité algérien qui a le temps de donner l’alerte avant de succomber, permettant ainsi à de nombreux travailleurs de se cacher, précise le Premier Ministre. En somme, pour ce dernier, les revendications des terroristes étaient "claires" et "sans issue". Le chef du groupe, Mokhtar Belmokhtar, demandait à Paris "l'arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali. Il voulait aussi procéder à un échange d’otages avec les États-Unis. Des conditions balayées sans hésitations par Alger. "Ils se sont fourvoyés dans des négociations sans issue avec des revendications inacceptables et la négociation est devenue impossible", assure Abdelmalek Sellal.