En chiffre, la traite fait 2,45 millions de victimes en Europe, 43% d’entre elles sont exploitées à des fins sexuelles et 32% en tant qu'employées de maison. La plupart d'entre elles sont des femmes, des jeunes et des enfants. C’est dans ce contexte bien précis que la Fondation Samilia, dont le parrain est le footballeur de Mons, Aloys Nong, a été créée pour prévenir la traite des êtres humains. D’ailleurs, pour leurs actions louables, ils ont reçu, au mois de décembre, le prix de l'éthique sportive des mains d'André Antoine, Ministre des Sports, lors de la Cérémonie des Mérites sportifs de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le nouvelAfrique (LNA) : Présentez-vous à nos lecteurs et dites-nous ce qu’est la Fondation Samilia ?
Sophie Jekeler (SJ) : Je suis juriste de formation et présidente de la Fondation Samilia. Depuis 18 ans, je suis engagée dans la lutte contre la traite des êtres humains et la réintégration des personnes victimes d’exploitation sexuelle ou économique, des prostituées etc. Dans plusieurs pays du monde, des jeunes sont recrutés pour servir de commerce, en Belgique et en Europe.
La Fondation a été créée, il y a 5 ans. Aujourd’hui, elle est classée d’utilité publique par l’État belge. Mais avant, je travaillais pour une asbl qui avait pour objectif de lutter contre la traite des êtres humains et la réintégration des prostituées dans la société.
LNA : Quels sont vos centre d’intérêt?
SJ : Nous essayons de faire un travail de prévention dans les pays d’origine, par exemple en Pologne, en Roumanie. Nous sensibilisons les jeunes filles, mais aussi les autorités sur le phénomène de la traite des êtres humains. Nous avons des projets européens, avec des réseaux d’organisations qui font le même travail que nous. En Belgique, l’autre activité est de proposer aux enfants des formations autres que le football.
LNA : Quel travail faites-vous pour l’Afrique ?
SJ : Nous avons pour mission d’informer les jeunes africains. Le grand rêve de ces jeunes est de devenir footballeur professionnel en Europe. Toutefois, il est important qu’ils sachent que les législations européennes sont strictes. Nous devons leur dire de continuer leurs études et de bien travailler dans leur pays. Tout le monde ne peut pas réussir comme Aloys Nong. Et pour cela, la presse a son rôle à jouer pour transmettre ces messages.
LNA : Pourquoi le parrain ?
SJ : Footballeur très engagé, Aloys Nong, parrain de notre Fondation, a connu ce même type de parcours entre 16 et 18 ans en France. C’est pourquoi, il s’est particulièrement senti concerné par les actions de la Fondation qui milite contre toute forme de traite des êtres humains.
LNA : Quel est votre programme en ce qui concerne vos actions et perspectives ?
SJ : On a organisé une séance d’information le lundi 17 décembre, avec des jeunes en partenariat avec Décathlon. On a fait un déjeuner de Noël avant l’heure. Nous essayons aussi de leur donner des soins médicaux grâce à la présence de deux infirmiers de santé communautaire.
Par ailleurs, la Fondation Samilia, en partenariat avec ACSIS, ONG située à Bucarest, avait mené, en octobre 2010, un projet de prévention de la traite des êtres humains, ayant comme bénéficiaires 30 jeunes mères âgées de 18 à 25 ans et leurs enfants. Il s'agissait de personnes se trouvant dans une situation sociale d'exclusion, fragilisées par les délicates circonstances économiques dans lesquelles elles se trouvent.
Dans le cadre de la 6e Journée Européenne de lutte contre la Traite des Êtres Humains, la Fondation Samilia avait organisé un Déjeuner-Conférence axé sur le thème «Traite des Êtres Humains : vers une politique de Tolérance Zéro pour les trafiquants d’êtres humains ?» pour présenter le rôle du secteur privé dans la lutte contre la traite des êtres humains, mais également pour insister sur l’importance des sanctions envers les criminels «sexuels et économiques» comme moyen de dissuasion et pour essayer de comprendre les modus operandi en constante diversification de ces derniers.