Une année s’achève, une nouvelle entame son crédo. 2012 emporte avec elle ses soupirs, ses désirs inassouvis, ses promesses non tenues. 2013 se présente avec ses incertitudes, ses craintes, ses souhaits. En Afrique, le flot des vagues des crises politiques dessine une nouvelle carte géopolitique pleine d’incertitudes, de craintes, de peurs face à l’arrivée d’extrémistes et de terroristes armés jusqu’aux dents. La campagne agricole exceptionnelle dans la sous-région ouest-africaine fait éloigner le spectre de la faim. 2013 effraie. Le chiffre 13 a toujours été source de préjugés annonçant le pire. La nouvelle année s’installe avec les impératifs du quotidien : se nourrir, se vêtir, se soigner, se loger et assurer un avenir décent à sa progéniture. Chaque individu est confronté à la résolution de cette équation à cinq inconnues. Le monde, plus que jamais, s’émeut d’entamer une année aussi incertaine qu’impromptue. La peur du lendemain semble refroidir les méninges. On est bloqué dans les réflexions tant la crise financière paralyse les ambitions des grandes nations. En Afrique, la grande incertitude semble se confondre avec ces économies qui ne savent pas à quel saint se vouer ou à quel «plan de sauvetage» s’accrocher. Les tumultes, les tourbillons des «mesures de rigueur» soulèvent une telle poussière que l’Afrique, retranchée dans son coin, semble se dire «qu’adviendra-t-il de moi en 2013?». Or, ce n’est pas la bonne question à se poser au moment où de nombreux pays font face à «des agressions de leur territoire». La bonne question à se poser est de se demander : «que puis-je faire pour participer à l’instauration de la paix sur le continent ?». C’est le principal défi de l’Afrique en cette nouvelle année. Dans le berceau de l’humanité, 2013 s’annonce comme une année charnière. La saison agricole qui vient de s’écouler présage de lendemains meilleurs pour de nombreux ménages. En Afrique de l’Ouest particulièrement, les greniers sont pleins. De sources officielles, des millions de tonnes de céréales ont été récoltées cette année. Du coup, ce sont plus de 44 millions de personnes qui seront à l’abri de la famine. C’est une réalité. Cette réalité appelle à préserver les récoltes des prédateurs voraces. Elle appelle des prises de décisions politiques et économiques pour transformer les défaites, les échecs, en victoires, en réussites. En 2013, le continent ne devrait pas connaître de famine. Si l’équation de la faim est résolue, l’autre à résoudre est celle de la paix. On ne peut pas manger avec un fusil collé sur la tempe. On ne peut non plus dormir tranquille lorsqu’on entend le crépitement des armes. Il ne faut donc pas s’alarmer, ni jeter le bébé avec l’eau du bain. Les nations les plus fortes se sont bâties au prix des sacrifices. L’Afrique traversera 2013 avec abnégation et don de soi. Pour cela, il faut surtout sortir de nos peurs, de nos angoisses, pour affronter les lendemains incertains avec la certitude que ce que l’imagination de l’homme peut concevoir, il est capable de le réaliser. Une année vient de succéder à une autre. Une nouvelle page s’ouvre pour les uns. C’est la continuité pour les autres. En Afrique, comme partout ailleurs, on met les bouchées doubles pour débuter cette nouvelle année avec entrain et surtout, ‘partir du bon pied’, pour emprunter le langage des athlètes. Toute nouveauté est pleine d’incertitudes. 2013 l’est aussi pour les africains. L’inconnu a toujours été une obsession. 2013 consacrera une option fondamentale pour les 54 pays du continent : celle de juguler les conflits qui le minent. Il y a quelques années, de nombreux dirigeants ont proposé de faire de leur patrie une nation émergente. Certains ont donné des délais de 15 ans, d’autres 50 ans, etc. 2011 a consacré le lancement de l’émergence de l’Afrique. Dès son entame, ce processus de développement semble prendre l’eau de toutes parts avec les multiples crises. Cette donne ne doit pas faire fléchir la marche vers le progrès. Elle ne doit pas faire faiblir les assauts des bras valides contre les aléas des temps modernes. Chaque individu doit se sentir concerné par le développement du monde en général, et celui de l’Afrique en particulier. Si le monde est devenu un village planétaire, alors, tous les hommes sont des frères et soeurs d’un même village. L’une des certitudes de notre existence est le fait que l’homme ne prend conscience de son vécu que lorsqu’il est capable de franchir des obstacles, lorsqu’il se bat pour donner un souffle à une vie. L’Afrique se battra durant cette année pour la paix. C’est son premier défi. L’Afrique est donc bien partie. Mais le pari n’est pas totalement gagné. L’un des sages d’Afrique, en l’occurrence le Pr Joseph Ki- Zerbo, le premier africain agrégé d’histoire, militant du développement endogène, disait qu’on ne se développe pas, mais on développe, en ce sens que le développement, c’est dans la tête. Il le définissait ainsi : «le développement, c’est le passage de soi à soi-même à un niveau supérieur». Cette affirmation sous-entend que le développement de l’Afrique passera forcément et indéniablement par un changement de mentalités. Il faut transformer les esprits et ouvrir nos espérances aux ambitions nobles et durables d’une existence pétrie et forgée vers le futur. Ce futur se forge par un assemblage de caractères et de pratiques qui répondent à la vision d’un monde nouveau. Il ne peut y avoir d’assemblage de caractères sans une vision commune des africains. C’est ensemble que les pays africains atteindront l’émergence tant souhaitée. Pour l’historien Joseph Ki Zerbo, le développement se résume à une vision : «D’après ce que les historiens savent», disait-il, «aucun peuple ne s’est développé uniquement à partir de l’extérieur. Si on se développe, c’est en tirant de soi-même les éléments de son propre développement. En réalité, tout le monde s’est développé de façon endogène. Personne ne s’est installé sur la place publique en tendant sa sébile dans la main en attendant d’être développé. (…) Donc, c’est en étant profondément enraciné qu’on est prêt à toutes les ouvertures.» C’est en s’ouvrant, sans vilipender nos racines, que l’Afrique se développera. 2013 promet.