En Afrique, nos paysans travaillent dur. Ils se lèvent très tôt, traient leurs vaches, vont au champ la binette à la main, vont à pied faire paître leur bétail. Les plus chanceux récoltent cinq sacs de maïs – chanceux parce qu’ils n’appliquent en réalité que très peu d’ingéniosité à déterminer la récolte. Nous connaissons nos travailleurs urbains : eux aussi se lèvent tôt, vont travailler à pied sur des chantiers ou des ateliers informels, pour revenir le soir après avoir gagné 1 $ dans la journée. Il y a aussi les cols blancs qui très souvent travaillent selon une routine prévisible.
Mais il y a une autre catégorie d’africains, ceux qui sont très vigilants et réceptifs à des opportunités qui ne sont pas perçues par les autres. Ils scrutent l’horizon, prêts à faire des découvertes. Le résultat de leur travail est toujours une surprise pour le grand public : la solution que ces entrepreneurs présentent sur le marché semble généralement facile et évidente après coup. Généralement, de tels individus ne travaillent pas durement mais intelligemment. Or, en Afrique, ces individus ne sont pas assez nombreux.
En effet, les africains ont une culture du «travailler dur» qui commence déjà avec notre système éducatif. Tous les matins, nos enfants marchent en moyenne deux kilomètres dans la fraîcheur de l’aube, passent huit années en primaire, quatre au lycée et quatre à l’université. Et après avoir obtenu leur diplôme, ils se demandent comment ils vont être absorbés par le marché du travail. La mentalité du «travailler dur» est inculquée à nos esprits aussi par le système éducatif qui accorde une large place à la notation : on cherche plus à obtenir la bonne note qu’à être intelligent.
Promouvoir un processus compétitif
La majorité de ceux qui «flairent les opportunités» et les exploitent de manière courageuse ne sont pas des diplômés de haut niveau. Les diplômes n’ont pas grande place dans la définition de ce qu’est l’esprit d’entreprise. Certains économistes définissent cet esprit d’entreprise par la capacité manifeste et la volonté des individus (seul ou dans des équipes ou des organisations) de percevoir et créer de nouvelles opportunités économiques (nouveaux produits, nouvelles méthodes de production, nouveaux schémas organisationnels, de nouvelles combinaisons de produits de marché) et d’introduire leurs idées sur le marché et ce, en présence d’incertitudes et d’autres obstacles.
Pour développer l’attitude entrepreneuriale en Afrique, les individus, les entreprises, les institutions de l’éducation et l’État doivent promouvoir un processus compétitif qui génère une émulation entre les individus. Il faut aussi se débarrasser de certaines attitudes voyant des relations «magiques» entre certains phénomènes, et inculquer plus de rationalité. Certains économistes rappellent aussi que certaines valeurs sont essentielles à l’entrepreneuriat : l’ouverture d’esprit vers les autres cultures, la curiosité, la créativité, l’expérimentation, la persévérance, l’épargne et la volonté de constituer un patrimoine. Enfin, le cadre réglementaire étatique ne doit pas étouffer l’activité entrepreneuriale. Il faut donc que les indicateurs du succès sur le marché soient possibles. Et justement les profits entrepreneuriaux indiquent à l’entrepreneur s’il a correctement rendu service à ses clients.
Les africains doivent adopter une attitude entrepreneuriale de manière urgente. En particulier parce que la mondialisation génère des opportunités comme jamais dans l’histoire de l’humanité.