Inexorablement, 2012 tire à sa fin. En Afrique, comme partout ailleurs, c’est l’heure du bilan. Les sociétés, les entreprises parlent de chiffres d’affaires, de bénéfices réalisés ; le citoyen lambda parle d’avancées, d’acquis, d’insuffisances, de bonheur et de malheur vécus au cours de cette année. Durant l’année écoulée, des faits saillants ont émaillé la vie politique, économique, sociale et culturelle du Berceau de l’humanité. Sur le plan économique, il y a eu des acquis. Sur le plan politique, la démocratie a gagné en maturité en certains endroits. En revanche, elle fut en net recul par moments. Recul dû aux velléités sécessionnistes et guerrières de groupes terroristes. Cette donne ne met pas sous le boisseau les acquis engrangés par de nombreux pays du continent africain en termes de retombées économiques, politiques, sociales et culturelles.
L’Afrique dans sa marche vers le développement est restée debout. 2012, sans orgueil, a été l’année de l’Afrique. Avec un taux de croissance moyen oscillant entre 5 et 6 %, les États africains en 2012 se sont bien «débrouillés» malgré quelques moments de frayeur. La crise mondiale n’a pas eu d’impacts majeurs sur l’économie africaine. C’est un constat réel. Les banques africaines ont fonctionné plutôt correctement. Les entreprises ont fait des bénéfices et les places boursières africaines ont été assez stables. La dette africaine a connu une baisse fulgurante durant la dernière décennie. La preuve, des pays comme la Côte d’Ivoire, locomotive du développement dans la zone UEMOA, a vu 75 milliards de F CFA de dette épongés par les institutions de Bretton Woods. Mieux, l’Union européenne vient de lui octroyer une convention d’appui budgétaire de 115 millions d’euros pour financer la relance de son économie. Or, la Côte d’Ivoire constitue le poumon de l’économie de la zone UEMOA. Lorsque son économie va bien, elle aussi se porte à merveille. L’embellie de l’économie ouest africaine en 2012 est aussi le retour des billets de 500 F CFA tant prisés par les consommateurs. Depuis la fin du mois de novembre, les consommateurs de la zone UEMOA utilisent désormais des billets de 500 F CFA en lieu et place de pièces de monnaie de la même valeur. Ce changement de valeur faciale est quelque part la preuve que l’économie de la zone UEMOA et partant, ouest africaine, se porte bien. L’Afrique est bien partie en 2012. Les voyants sont au vert. D’aucuns penseront que le Sahel qui s’embrase, ou les grèves constatées dans les mines d’Afrique du Sud doivent permettre de mettre un bémol sur l’avancée qualitative de l’économie africaine en 2012. Ces revendications dans les mines, les crises au Sahel ne sont quelque part que la bonne tenue de l’économie africaine. Puisque c’est au nom d’intérêts économiques, d’espaces à conquérir pour se développer que les uns font la grève et les autres prennent les armes. La crise au Sahel va au-delà de ce raisonnement «simple et banal» mais s’y retrouve fondamentalement. Car, la lutte pour l’autonomie de la zone Azawad est assujettie par l’expression d’une identité culturelle mais aussi et surtout motivée par une autonomie financière. Il faut le reconnaître, durant cette année, des hommes et des femmes ont essayé d’écrire l’histoire du continent. Ce sont des hommes et des femmes qui, par leur ténacité, par leur hargne, ont donné à l’Afrique de pouvoir s’inscrire dans la marche du monde. Au prix de leur vie, de celle de leur famille, des personnalités africaines ont tracé la voie à une Afrique plus sûre d’elle-même, même si par moments des frilosités se font encore jour à certains moments. Leur portrait, leur histoire, leur vie sont intimement liés aux espoirs suscités dans la marche glorieuse des populations vers des lendemains meilleurs. Les grands hommes de l’Afrique, les pères fondateurs, les «fondations» du continent, c’est selon, ont inscrit dans l’encre indélébile des moments historiques qui ont forgé le destin des peuples africains. Au terminus de cette année, c’est l’occasion de penser à tous les frères africains qui sont tombés sur les champs des batailles de la démocratie, de la paix, de la lutte pour la survie. 2012 a posé les jalons pour l’entame d’une nouvelle année pleine d’espoir. A l’entame de cette nouvelle année, il est urgent que l’Afrique se regarde dans la glace. A travers ce regard, nous devons, en patriote averti, faire le choix d’une Afrique qui croit en son destin, qui le maîtrise et travaille à cultiver ses valeurs et ses particularités propres. C’est une question de liberté politique chère à Alexis de Tocqueville : «Les hommes ne sauraient jouir de la liberté politique sans l’acheter par quelques sacrifices, et ils ne s’en emparent jamais qu’avec beaucoup d’efforts».