Souhait de l'écrasante majorité du peuple sénégalais, même si la décision de supprimer l’institution n’a pas été facile, le Président Macky Sall a réussi, par le canal de sa majorité au Parlement, à faire adopter à une large majorité le projet de loi portant suppression du Sénat et de la vice-présidence de la République, ceci pour réaffecter les crédits finançant le Sénat à l’aide aux sinistrés, victimes des inondations. Le PDS, de l’ancien Président Abdoulaye Wade, redevenu par la force des choses principal parti de l’opposition sénégalaise, dénonce cette mesure, la qualifiant de purement politicienne. C’est pourquoi, majoritaires au Sénat, ils ont rejeté le projet de loi portant suppression de cette chambre haute du Parlement.
Le président sénégalais, Maky Sall, de retour d’Afrique du Sud, mardi 28 août, avait manifesté sa volonté de supprimer le Sénat, la chambre haute du Parlement, afin de récupérer les fonds alloués annuellement à cette institution (près de huit milliards de fcfa) afin de venir en aide aux sinistrés des inondations dans le pays. Le 11 septembre dernier, ce projet de loi sur la révision de la Constitution du Sénat a été définitivement adopté à une grande majorité par l’Assemblée nationale. Ce texte ouvre la voie à la suppression inéluctable du Sénat. Si cette mesure a été saluée par une grande majorité du peuple sénégalais du fait que les ressources prévues de cette institution seront ainsi consacrées à la solution des inondations, les députés libéraux de l’opposition parlent, purement et simplement, de manipulation politicienne de la part du nouveau pouvoir. Pour eux, cette mesure répond à des calculs politiques. Hors, selon plusieurs analystes du paysage politique, le Président sénégalais aurait commis une erreur grave, peut-être la plus grave de sa gouvernance, s'il avait maintenu le Sénat. D’ailleurs, dans sa configuration actuelle, le Sénat s’avère inopportun et sa suppression vient à son heure, disent ces observateurs. Surtout si l’on sait que l’urgence est de venir à bout des inondations, de trouver des solutions durables, afin que les populations ne vivent plus les drames de ces derniers jours.
C’est pourquoi, les députés du parti de Macky Sall, majoritaires à l’hémicycle, n’ont pas thésaurisé à voter avec une large majorité non seulement le projet de loi sur la suppression du Sénat, mais aussi ceux portant sur la suppression de la vice-Présidence de la République qui n'a jamais été occupé, et la réforme du Conseil économique et social qui devient désormais Conseil économique, social et environnemental.
Diminuer le train de vie de l’État
Pour rappel, cette suppression du Sénat est décidée essentiellement par le président Macky Sall, en vue de diminuer le train de vie de l'État et de consacrer les budgets de ces institutions à la demande sociale, particulièrement la lutte contre les inondations qui ont touché cette année plusieurs localités du pays et ont fait des morts et d'importants dégâts matériels. Lesdits projets de loi adoptés ont été soumis au Sénat dominé par l'ancien régime d'Abdoulaye Wade qui les a rejetés. En effet, la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains du Sénat, lors d'une réunion de travail de ses membres du mercredi 15 septembre dernier, a dit non à la volonté du Président Sall de supprimer la chambre haute du Parlement sénégalais. Cette commission parlementaire prend ainsi le contrepied des députés qui ont adopté 24 heures plus tôt, à une large majorité, le projet de loi portant suppression du Sénat. Notons au passage que ce Sénat compte 100 membres et habituellement est perçu par l'opinion nationale comme une chambre inutile et coûteuse. Il a été mis en place une première fois en janvier 1999 par le président Abdou Diouf, puis supprimé en 2001 par le président Abdoulaye Wade, qui l'a restauré en janvier 2007. Aujourd’hui, le président Macky Sall tente de rayer l’institution pour des préoccupations humanitaires et de solidarité nationale. La mesure, fortement appréciée par les populations, justifie d’ailleurs toute sa popularité au sein de l’espace public qui a élu l’actuel président à 65% lors de la dernière élection présidentielle, devant Abdoulaye Wade. Mais, la leçon à retenir, c’est le bras de fer entre les tenants du pouvoir et les opposants du PDS, avec des relents de quiproquo politicien imposé par les derniers, ceux-là mêmes qui sont proches de l’ancien Président Abdoulaye Wade.