Dans le cadre d’une action consacrée à la sensibilisation aux violences faites aux femmes lors des conflits armés, surtout en Afrique, la cellule solidarité internationale de la ville de Bruxelles, en partenariat avec les associations féminines, a organisé, le samedi 17 décembre dernier au Casino Viage, une soirée culturelle présidée par Bertin Mampaka, vice-président du Parlement bruxellois, Échevin des Sports et de la Solidarité internationale de la Ville de Bruxelles. A l’occasion, l’échevin a lancé aux autorités et au public présents un plaidoyer fort pour les nombreuses victimes.
La violence à l’égard des femmes demeure une violation grave des droits de l’homme. C’est un phénomène très répandu dans le monde, surtout en Afrique dans les zones sujettes aux conflits armés. Cette violence provoque, chez ces femmes, un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles. Il s’agit, entre autres, d’actes d’agression physique, de violence psychologique, comme le recours à l’intimidation, à l’humiliation et au rabaissement constant. De même, des rapports sexuels forcés et autres formes de coercition sexuelle en particulier de viol sont fréquents, un fléau qui touche des milliers de femmes dans le monde, selon l’ONU. Pour sensibiliser les autorités politiques belges et le public à ce phénomène, la cellule solidarité internationale de la ville de Bruxelles a organisé, le samedi 19 décembre 2011, une soirée culturelle sous la présidence de Bertin Mampaka, Échevin des Sports, de l'Environnement, des Espaces verts, de l'Énergie, de l'Équipement communal et de la Solidarité internationale de la Ville de Bruxelles. Dans son allocution, ce dernier a réaffirmé tout son engagement pour cette cause. «Ce que nous voulons faire, c’est sensibiliser aujourd’hui les institutions belges sur des réalités qui se passent à des milliers de kilomètres d’ici. C’est pour cette raison qu’on a initié cette soirée pour les femmes mais aussi pour les hommes, afin qu’ils ne banalisent plus ces pratiques qui font partie des pires crimes que l’homme peut commettre», a-t-il affirmé. Dans le même sillage, Lydie Basila, représentante du collectif des femmes congolaises pour la paix et la justice, a fait un témoignage sur la terrible souffrance vécue par ces femmes victimes de violences pendant les guerres, en particulier en Afrique. Mme Basila a cité le cas du Congo, de la Côte d’Ivoire ou encore de la Libye, plus récemment. Cette Congolaise, très engagée dans le plaidoyer pour l’identification des causes de la guerre en RDC, la reconnaissance du statut des femmes victimes et la condamnation des auteurs de viols, a décrit le contexte du Congo où les femmes établies dans les zones de conflits, ont, pour la plupart , été violées à plusieurs reprises ou ont souffert de viols collectifs. Dans de nombreux cas, ces femmes et ces petites filles ont été enlevées par les combattants pour servir d'esclaves sexuelles. L’usage systématique de la violence sexuelle par l’ensemble des groupes armés présents en RDC et par les forces régulières de l’armée congolaise est une violation des droits de l’homme et du droit humanitaire international. Ces faits constituent, sans conteste, des crimes de guerre. Face à ce drame, les femmes issues de la diaspora congolaise, réunies au sein du collectif des femmes congolaises pour la Paix et la Justice, ont décidé de monter au créneau pour faire entendre leur voix, la voix de ceux qui crient du Nord à l'Est de la Rdc, des cris que très peu de personnes entendent. Le discours de Madame Basila a été fort attractif. Notons que cette soirée culturelle de sensibilisation, riche en couleurs grâce un défilé de mode assez diversifié, a été organisée en collaboration avec le collectif des Femmes congolaises pour la Paix et la Justice, l'association Force Interculturalité Renforcement de l’Empowerment (Fire), l'association Petits Pas, l'association Libiki et l'Union des Femmes africaines (Ufa).
Animation musicale
Au niveau de l’animation musicale de la soirée, une grande danseuse du nom de Linda a présenté un spectacle de danse orientale hors du commun. Les spectateurs ont apprécié, à leur juste valeur, la diversité et la richesse de ces danses folkloriques. Pour clôturer la soirée de sensibilisation, le mythique chanteur-compositeur Ray Lema et son Saka Saka Orchestra se sont produits devant une salle comble d’autorités et de citoyens. Une prestation de haute facture de la part de ce musicien africain qui a parcouru le monde à la quête de nouveautés et de découvertes. Son style associe la tradition musicale à la modernité en mélangeant rumba et rock en passant par funk, reggae etc, Ray Lema a offert au public de belles sonorités inspirées des rythmes de l’Afrique centrale à travers les rumbas congolaises, le rock pygmée etc. En réalité, Ray Lema et le Saka Saka Orchestra sont, avec d’autres, des ambassadeurs des musiques du monde.
Quelles sont vos impressions de cette soirée de sensibilisation aux violences faites aux femmes ? Ce que nous avons voulu faire aujourd’hui, c’est sensibiliser aux réalités qui se passent à des milliers de kilomètres d’ici. Ça se passe aussi dans les rues, on ne le sent pas toujours, mais cela se passe dans des proportions beaucoup plus importantes un peu plus loin que chez nous. Les victimes nous viennent jusqu’ici (en Belgique) et parfois ce n’est pas toujours facile. Je n’ai pas les chiffres exacts concernant le nombre de femmes victimes de ces violences qui ont reçu l’asile politique dans ce pays, mais le phénomène est réel.
Sensibiliser les institutions belges !
Cette soirée, c’est aussi pour sensibiliser les institutions belges, surtout quand une femme venant des pays du tiers-monde demande une protection parce qu’elle a été violée dans son pays et qu’on doute de ses propos. Il s’agit là pour elle d’une blessure supplémentaire, alors qu’elle est déjà une victime. Donc, j’en appelle à toute l’administration belge, aux services de l’immigration et des demandeurs d’asile afin qu’ils prêtent plus attention à ces victimes de violences. Au moment où la crise s’accentue, nos gouvernements africains laissent se dérouler des drames sous les yeux du monde, à quelques kilomètres d’ici. Cette manifestation vient au bon moment car cela coïncide avec l’actualité de la Côte d’Ivoire ou de la Libye où le silence règne. C’est pourquoi, on a organisé cette soirée pour sensibiliser les femmes mais aussi les hommes afin qu’ils ne banalisent plus ces violences qui font partie des crimes les plus importants que l’homme puisse commettre dans la société actuelle où les normes sont en train d’être verrouillées dans tous les sens. J’ai utilisé, à cet effet, ma compétence d’échevin chargé de la coopération internationale pour organiser cette soirée de sensibilisation à ce thème très sensible des violences faites aux femmes lors des conflits armés.
J.T