En Afrique, 2012 sera une année qui connaîtra le renforcement des acquis politiques de 2011. La majorité des pays viennent d’organiser des élections législatives ou de procéder à des réformes institutionnelles. Il s’agira à présent de mettre en oeuvre les programmes politiques et d’ancrer davantage la pratique de la démocratie et de la bonne gouvernance.
En 2012, le jeu politique en vaudra la chandelle en Afrique. A première vue, les enjeux de cette nouvelle année sur le plan politique sont la poursuite des réformes politiques dans les pays arabes et dans certains pays au sud du Sahara. Ces élections et ces réformes vont indéniablement dans le sens du renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance. Dans un monde en mutation perpétuelle, les États sont appelés à s’adapter, à se conformer et à s’insérer dans une dynamique évolutive. Cette adaptation nécessite qu’ils aient une vision qui intègre à la fois l’intégration dans les grands ensembles régionaux. Le salut du continent viendra indubitablement de cette intégration. Une intégration qui se conjugue avec la nécessité d’avoir des options communes de développement. A cet effet, 2012 consacrera la fin de la stratégie du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) en matière d’intégration régionale. Lancée en 2009, cette stratégie avait trois objectifs principaux, à savoir : aider à la mise en place d’un cadre institutionnel efficace et rationnel aux plans continental et régional, ainsi que des capacités connexes nécessaires pour promouvoir le commerce et conduire le processus d’intégration ; oeuvrer à la mise en place d’un cadre réglementaire favorable à l’investissement sur le continent ; et offrir une aide sous forme d’investissement, d’assistance technique et de connaissances afin de faciliter la réalisation des infrastructures régionales prioritaires. Au vu de ces objectifs, il s’agira pour la BAD de faire le bilan de la mise en oeuvre de cette stratégie afin de voir ce qui a été fait et ce qu'il reste à faire. On le sait, depuis les premières années des indépendances africaines, l’impératif de l’intégration régionale est au coeur de la vision politique et économique des dirigeants du continent. Au cours des deux dernières décennies, cet impératif a pris davantage de relief sous l’effet de la mondialisation à un moment où l’Afrique s’efforçait d’en relever les défis. Malgré l’engagement politique qui s’est manifesté et les efforts déployés pour traduire dans les faits la vision africaine de l’intégration régionale, les progrès dans cette voie n’ont pas été à la hauteur des autres régions en développement. Certaines régions de l’Afrique sont en bonne voie de réussir cette intégration dans deux domaines fondamentaux : l’économie et le politique. Cependant, pour réussir cette intégration, les États africains doivent être en phase sur un point : la démocratie. A cet effet, il sied que les États aient la même acception de cette forme de gestion de la cité.
Ancrer la démocratie
L’année nouvelle qui débute en Afrique sera placée sous le signe de l’ancrage de la démocratie, de la bonne gouvernance locale et économique, et de la stabilité politique. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, les pays africains seront sur les starting blocks pour maintenir une stabilité politique durable. Au Nord de l’Afrique, le Maghreb n’aura pas grand souci à se faire. Que ce soient le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, l’Algérie, la Libye, l’avènement de nouveaux dirigeants dessinera une nouvelle gestion de la chose publique. Ces États redéfiniront leurs rapports avec le reste du monde. Qui dit stabilité, dit croissance, dit aussi développement. Tout est lié de telle sorte que lorsqu’un maillon est défaillant, c’est toute la chaîne qui se trouve grippée. Les révolutions arabes ont fait souffler un nouveau vent sur l’Afrique. En raison de l’expérience des révolutions maghrébines, ne peuton pas penser que cette expérience pourrait servir au reste de l’Afrique ? La question mérite d’être posée et des réflexions profondes menées sur le sujet en cette nouvelle année. Les mêmes causes produisant les mêmes effets et sachant qu’il n’y a pas de système de gouvernance «magique» et «parfaite», toutes les formes de démocratie et de gouvernance qui ont fait leurs preuves dans des pays peuvent être expérimentées dans d’autres pays. Pour y parvenir, les pays africains doivent allier courage politique et volonté de créer autre chose, plutôt que de mimer les autres. Le mimétisme n’a jamais réussi à l’Afrique.
Pourquoi ?
Le mimétisme n’a jamais réussi à l’Afrique du fait que les réalités des pays occidentaux ne sont pas les mêmes que celles du continent. D’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre, les pratiques sociologiques, culturelles sont différentes. L’Afrique a besoin de connaître ses racines et d’y puiser pour trouver sa voie. On ne peut pas comparer l’histoire des pays africains qui, depuis la nuit des temps, avaient des pratiques démocratiques que les colonisateurs ont reconnues dans les nombreux écrits sur l’histoire africaine. Aujourd’hui, le monde entier reconnait la valeur de la tradition dans l’évolution des systèmes politiques. Les pays d’Asie l’ont su très tôt. Des pays comme l’Inde, la Chine, ont fondé leur système démocratique sur la base de leurs coutumes. Et, cela leur réussit à merveille.
Des effets positifs
En Afrique, la démocratie est en train de révéler ses effets positifs avec des transitions réussies au Ghana, au Mali, au Libéria, au Bénin, en Afrique du Sud, au Burkina Faso, pour ne citer que ces pays. Les enjeux politiques pour ces pays en 2012 est de maintenir la stabilité et de travailler à exercer la bonne gouvernance. Des pays comme le Burkina Faso en ont fait leur credo. Le développement, en son sens plein et entier, ne va pas sans la lutte contre la corruption. Un pays corrompu est un pays qui va droit dans le mur de la désolation et du pillage des richesses. De nombreux pays ont déjà fait l’option de la pratique de la gouvernance qui s’appuie sur les valeurs de transparence, de bonne gestion des deniers publics, de la lutte contre la fraude et les pratiques de contrefaçon. Ne dit-on pas que ceux qui bâtissent dans la transparence savent soulever des montagnes si le besoin s’en fait sentir ? Les enjeux en 2012 en Afrique sont à la hauteur des attentes et des espoirs du peuple africain. Un peuple qui trace son chemin dans le concert des nations.