C’est le spectre d’une recrudescence de la rébellion touareg qui plane dans le nord du territoire malien après la fin de la guerre en Libye. Une grande inquiétude au niveau des populations, y compris des autorités étatiques, en premier le Président de la République Amadou Toumany Touré qui, tous redoutent une résurgence du mouvement autonomiste avec ce retour massif de 4000 anciens combattants de la Libye.
Depuis plusieurs années, la population Touareg se dit victime de marginalisation de la part des autorités de pays, et ce tant au niveau de la gestion des affaires publiques que dans la répartition des biens socio-économiques. C’est ainsi qu’au début des années 60, certains d’entre eux ont pris le maquis pour réclamer plus de considération. D’une aspiration de reconnaissance identitaire, la communauté touareg a exigé une autodétermination de l’Azawad, une région située entre l´ouest et le nord du Mali. Dans le cadre du mouvement national de l'Azawad (Mna), ils ont combattu les forces militaires maliennes. Et en 2006, un accord de paix signé avec les autorités étatiques ne durera que quelques mois, puisqu’en 2007, la guerre a repris de plus belle dans cette zone constituée de Touaregs, une communauté nomade de prés de 1,5 million d’habitants, vivant entre le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye et le Burkina Faso. Toutefois, avant même l’éclatement de la guerre en Libye, plusieurs membres du Mna étaient au front pour apporter leur soutien à l’armée du colonel Mouammar Kadhafi. Cependant, après la disparition de ce dernier et l’arrivée au pouvoir du Conseil national de transition (Cnt), de nombreux Touaregs maliens qui guerroyaient à côté de l’armée Kadhafiste sont revenus au bercail, dans le Sahel, au nord, précisément à Azawad. Ils seraient environ 400 combattants détenant pour la plupart des titres de nationalité libyenne. Avec leur come back, muni d’un important arsenal de guerre composé de matériel militaire, le mouvement des autonomistes de la communauté touareg se fortifie au grand dam des autorités publiques qui continuent de redouter un soulèvement militaire de plus après ceux de 1963, de 1990 et de 2007. C’est dans ce cadre précis que le président Amadou Toumany Touré (Att) a dépêché une délégation composée d’élus locaux, de dignitaires et de notables religieux, dans le désert sahélien, pour établir des discussions avec les chefs de la communauté touareg pendant que certains observateurs prédisent des difficultés pour le pouvoir central de Bamako. En effet, selon le pouvoir, si l’AQMI est bien implantée dans la zone sahélienne, c’est grâce au soutien des Touaregs qui ont rejoint cette organisation islamiste. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation sécuritaire un peu ambiguë dans le Sahel inquiète de plus en plus les autorités du pouvoir central, y compris les populations, principales victimes de ces guerres sordides.
Vers une lutte sous-régionale
Pour venir à bout des rébellions qui sévissent dans le désert, les pays au Sud du Sahara ambitionnent de mettre l’accent sur la coalition des forces de défense et de sécurité pour une lutte rationnelle et efficace. A cet effet, les présidents nigérien, burkinabé, ivoirien, béninois, togolais, libérien, etc., partagent la même vision sur le sujet. C’est pourquoi, lors de sa dernière visite chez ses voisins de la sous-région, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’ivoire a fait cas de la nécessité de réveiller « le Conseil de l’entente ». Cette organisation ouest africaine regroupe 5 États dont le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger et le Togo. La mise dans un panier commun des forces de défense et de sécurité, le partage des informations entre celles-ci, la synergie dans la lutte permettront de réduire l’insécurité dans cette partie de l’Afrique.