Prix Nobel de la paix 2011, Ellen Johnson Sirleaf, 72 ans, rempile à la tête du Libéria à la suite de l’élection présidentielle du 11 octobre dernier. Seize candidats briguaient la présidence pour un mandat de six ans. Le second tour décisif de cette élection a été marqué par un boycott de l'opposition. Conséquence, un faible taux de participation au scrutin (37,4%) qui n’empêche pas la candidate sortante de gagner avec plus de 90% des suffrages grâce au soutien que lui a apporté Prince Johnson arrivé en 3e position. Après les violences post-électorales, l’urgence est de bâtir le Libéria.
Dans un élan de paix, des millions d'électeurs libériens s’étaient rendus aux urnes dans le cadre de l’élection présidentielle du 11 octobre dernier. Face à 15 candidats, la présidente sortante, est arrivée, au premier tour, avec 45,4% des voix, suivie de Winston Tubman (29,5%) et de Prince Johnson (11,4%). Même si certains observateurs internationaux ont attesté le calme et la transparence du scrutin, « l’opposition républicaine », conduite par Winston Tubman, ancien diplomate et ancien ministre de la justice, a dénoncé des irrégularités dans les différents bureaux de vote.
Ce dernier, leader du Congrès pour le changement démocratique (Cdc), avait annoncé son retrait, soutenant que le second tour serait entaché d'irrégularités identiques à celles qu'il avait dénoncées lors du premier tour. C’est pourquoi, l’opposition a appelé au boycott du second tour de cette présidentielle organisée concomitamment avec les législatives et les sénatoriales. Seule en lice au second tour, la Présidente sortante avait reçu le soutien de l'ex-chef de guerre Prince Johnson, arrivé 3e avec 11,6%, et du juriste Charles Brumskine, 4e avec 5,5%.
Elle gagne ainsi avec 90,8 % des voix. La victoire de Mme Sirleaf, première présidente élue d'Afrique en 2005 et Prix Nobel de la paix, depuis le 07 octobre 2011, était de fait acquise avec un taux de participation relativement faible de 37,4% pour ce second tour. A la fin de la guerre civile, en 2003, le pays avait vu renaître l’espoir, visant à consolider la démocratie avant cette présidentielle. Mais la question est de savoir si Johnson- Sirleaf a été mal élue. En tout état de cause, force est de retenir que la stabilisation du Libéria a été faite sous sa présidence. En effet, afin d’asseoir sa légitimité parlementaire, la Présidente a depuis son élection en 2006, engagé une politique d’ouverture nationale délicate, composant avec un parlement dominé par l’opposition. En dépit d’efforts importants dans le domaine de la lutte contre la corruption, la vie politique libérienne reste largement fragilisée par des scandales liés à la corruption et à la lutte contre celle-ci. La Présidente Johnson-Sirleaf peut se prévaloir d’importantes réalisations, en particulier dans le domaine financier. Mais le rendezvous des urnes du 11 octobre aurait pu sonner le glas de la vie politique future du pays. Ce qui fait que l’Onu, dans une déclaration, s’est dite préoccupée par de probables dérapages du fait d’actions de mercenaires, libériens et ivoiriens, qui tournent autour de cette zone. Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), avait d’ailleurs mis en garde la classe politique libérienne de ne point recourir à la violence comme mode d’expression du processus démocratique.
Tourner la page et aller à l’essentiel
Les Libériens après avoir accompli leur devoir citoyen, sont appelés aujourd’hui à tourner la page et à aller à l’essentiel. La violence, engendrant la violence, il est clair que quelles que soient les mesures adoptées par les perdants, ils ne pourront pas changer les résultats de l’élection présidentielle passée. Aucune démocratie n’étant parfaite, le habitants du Libéria apprennent petit à petit à poser les bases d’une forte démocratie après avoir passé une dizaine d’années à s’entretuer. Les Libériens ont enfoui des souvenirs atroces dans leur subconscient. Il ne sera pas judicieux de les réveiller au prix d’une quelconque soif du pouvoir.