Pour dénoncer ce qu’ils qualifient de racisme et de discrimination du pouvoir arabo-berbère à l’endroit de la population noire en Mauritanie, la Coordination des Mauritaniens de Belgique a manifesté, le 15 septembre 2011, devant les institutions européennes à Bruxelles, au Rond point Schuman.
« Touche pas à ma nationalité », tel est le leitmotiv de ces ressortissants mauritaniens vivant en Belgique et dans le Benelux en général. En effet, selon eux, au moment où le monde entier s’émeut des violences contre les noirs en Libye, les massacres en Syrie, le régime baathiste de Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie ne semble pas regretter la barbarie de son mentor en l’occurrence le président déchu Maouya Ould Sid Ahmed Taya. Pour rappel, ce dernier s’était tristement illustré, en 1989, par un génocide à l’encontre de la communauté noire : massacres de civils dont plus de deux mille tués et plus de 500 militaires pendus entre 1990-1991. De même, l’ex-président Taya aurait, selon eux, pour célébrer l'indépendance du pays, déporté environ 100.000 négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali. Outre l’expropriation des terres des noirs, il avait légitimé et formalisé l’esclavage sous ces formes les plus barbares dans le pays, ont-ils soutenu. Aujourd’hui, pour ces ressortissants mauritaniens de Belgique, le pouvoir baathiste de Nouakchott serait entrain encore de commettre les mêmes dérives totalitaires. « Depuis ces semaines, le gouvernement opère, par des méthodes discriminatoires et racistes à l’encontre de la communauté noire de Mauritanie, un recensement des populations dans un but inavoué pour transformer la minorité arabo berbère en majorité au détriment des Haratines, des Soninkés, des Bambara, des Wolof et des Peulh » affirme Sall Malick, président de cette coordination de Mauritaniens vivant en Belgique. En tout état de cause, la manifestation, du 15 Septembre dernier, devant les institutions européennes à Bruxelles, reste une illustration de leur ferme engagement à dire Non au racisme, à la discrimination et à l’esclavage à l’égard des noirs en Mauritanie.
Un mouvement national
Les manifestations contre le recensement jugé « raciste et discriminatoire » ont commencé à Nouakchott avant de s’étendre à d’autres villes du pays. Il faut reconnaître que le problème de la race se pose en Mauritanie avec acuité depuis la nuit des temps. Les Mauritaniens noirs se disent tout le temps opprimés au profit de ceux de la race blanche. A titre d’exemple, il est souvent difficile de voir les noirs et les blancs cohabités ensemble lors de manifestation. Pire, les mauritaniens blancs et ceux de la race noire ne se retrouvent pas souvent autour d’une même tasse de thé. Lors des manifestations passées, des personnes ont été arrêtées et emprisonnées. Les manifestants de Belgique, en soutien avec ceux de leurs pays d’origine, ont demandé la libération des 27 personnes incarcérées. Dans le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz, plusieurs manifestants ont déploré le mutisme des autorités qui semblent être sourdes à leurs revendications. Or, il ne s’agit pas de déplacer un problème afin d’y trouver une solution. Les autorités gagneraient à affronter cette réalité en y trouvant des solutions idoines afin de permettre le retour de la paix civile dans ce pays. Il est clair que lorsqu’une frange de la population se sent marginalisée, elle devient amère face aux autorités et prête à chaque occasion à casser et brûler les édifices publics. La Mauritanie ne mérite pas cela. Elle doit mettre au coeur de ces priorités le devoir de rassembler les fils de différentes couleurs de la peau pour promouvoir l’unité, la cohésion et la paix. De cette pais dépend le développement du pays; de cette paix dépend l’accroissement des investissements pour lutter efficacement contre la pauvreté.