Le samedi 09 août 2011, le 54 ème Etat de l’Afrique entrait dans l’histoire du monde entier avec comme nom de baptême : le Sud-Soudan ou le Soudan du Sud. Né du référendum qui a coupé cet Etat du Soudan, ce nouveau-né est face à son destin parsemé de nombreuses embûches. Les défis peuvent cependant être relevés.
Dans un monde contemporain, avec ses hauts et ses bas, ses réalités et ses angoisses, naître et grandir constituent l’un des combats les plus difficiles à mener. Les populations du Soudan du Sud ont décidé par référendum, de prendre leur destin en main après plusieurs années de lutte politique et de guerre civile. Le chef de guerre célèbre Salva Kiir, a revêtu la tunique de chef d’Etat dans un pays qui a moins de 100 Km de route bitumée et moins de 100 médecins. Mais, il est riche comme Crésus de pétrole. Les défis semblent énormes ; les attentes aussi. Il est clair que nul ne peut dénier ou refuser à un peuple le droit de se prendre en charge ; de porter à bout de bras son destin. Chaque peuple écrit son histoire et le moule dans les péripéties que lui impose le temps. Les populations du Sud-Soudan ont décidé de prendre leur destin en main. L’Afrique vient ainsi d’enregistrer son 54ème Etat et les Nations-Unies ont reçu le 14 juillet leur 193 ème Etat. Juba, la capitale du nouvel Etat vient d’inscrire son nom parmi celles des capitales africaines et mondiales. La liesse populaire engendrée par la proclamation de l’indépendance ne doit pas faire oublier le travail de titan qui attend les nouveaux dirigeants du Soudan du Sud. Les chantiers sont vastes et les ressources limitées. La nature a gâté ce pays de richesses pétrolières partagées avec le Soudan. Les frontières entre les deux Etats n’ont pas encore été totalement délimitées mais n’empêche que les deux Etats sont condamnés à vivre ensemble. Loin des velléités religieuses, des comportements antireligieux, des soubresauts de groupuscules armés, le Soudan du Sud doit et peut bâtir avec efficacité son avenir. On a de l’entrain et de l’embonpoint lorsque le destin confie son aboutissement au gré des réalités du moment. Le Soudan du Sud a de l’entrain et sa jeunesse (en tant que nouvel Etat), couplée à la hargne de ses enfants de relever le défi de l’existence, doit lui permettre de prendre en main son développement.
Tout est prioritaire
Dans la marche glorieuse de cet Etat vers l’émancipation économique, politique et culturelle, tout est prioritaire. Les infrastructures, la santé, l’accès aux produits de base, à l’eau potable, la répartition des richesses issues de l’exploitation du pétrole, constituent les chantiers les plus vastes du nouveau gouvernement. Sans compter les appétits de son voisin du Nord, le Soudan. Puisque le Sud possède la matière et le Nord (le Soudan) le matériel pour transporter cette matière. Le pétrole se trouve au Sud et les oléoducs au Nord. D’où souvent des querelles entre les deux Etats. Plus de 80 % des réserves pétrolières soudanaises se trouvent en effet dans le Sud. Mais les deux oléoducs qui permettent son exportation traversent le Nord. Il sied donc de trouver la meilleure formule afin que le partage de cette manne pétrolière n’ouvre pas les plaies des guerres précédentes qui sont en train de se cicatriser. Pour réussir son développement, le nouveau bébé peut s’inspirer de plusieurs Etats africains dont en particulier le Botswana. A ce propos, Obiageli Ezekwesili (Vice-présidente de la Banque mondiale pour l’Afrique) affirmait que «même si, en matière de développement, les modèles ne font pas défaut, c’est avant tout aux Sud-Soudanais eux-mêmes qu’il revient de trouver la voie qui leur convient le mieux. Ils pourraient cependant s’inspirer d’un archétype de réussite africain : le Botswana.» La balle est dans le camp des Soudanais du Sud dans la mesure où l’histoire les jugera aux résultats.