Article publié le 2011-07-24 par Entretien réalisé par Hilaire Hubert Culture
YVES YAVE, LE CREATEUR DES SILHOUETTES D'ART DIVIN - «mes vêtements sont des architectures en mouvement» [07/2011]
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Yves Yavé est celui qu’on peut qualifier d’être né pour devenir styliste-créateur. Dès ces études dans le domaine, il a remporté de nombreux concours grâce à son talent. Dans sa progression, la chance lui a sourit, la baraka, comme il le dit. Dans cet entretien, il lève un coin de voile sur son travail et s’exprime sur la Haute Couture.

Le Nouvel Afrique (LNA) : Monsieur Yves Yavé, quelles sont vos origines ?

(Y.Y.Y) : Je viens de la planète Bleue…

LNA : Vous avez fait vos études de stylisme à Saint-Luc, Bruxelles, de 1995-1999. Cela ne vous a pas empêché de gagner quelques prix en participant à différents concours. Pour un étudiant, vous commenciez très fort en tant que styliste. Que vous ont apporté tous ces concours?

Y.Y.: Les concours m’ont apporté plusieurs choses. Mis à part la gloire de gagner, ils m’ont apporté l’équilibre mental, moral et surtout, une satisfaction d’un accord équilibré avec mon moi profond. C’est une condition sine qua non, d’être en accord parfait pour entreprendre quelque chose qui vous accompagnera tout au long de votre vie.

LNA : Vos études terminées, de 2000 à 2001, vous êtes invité à dessiner pour la Maison Louis Ferraud Haute Couture à Paris plusieurs collections, et vous faites également un stage chez Christian Lacroix. Cela s'appelle un pas de Géant dans le centre de prestige de la Haute Couture mondiale qu'est Paris! En quoi consistait votre travail?

Y.Y. : C’est vrai, j’ai eu et, j’ai beaucoup de chance d’autant plus que, je n’avais entrepris aucune démarche pour me retrouver au centre de la capitale de l’architecture de l’étoffe, qui est Paris. Dans cet univers de la mode le plus prestigieux de la planète, mon travail pour la Maison Louis Féraud consistait à dessiner les collections (Haute couture, chaussures et plusieurs accessoires de la mode) et, pour la maison Christian Lacroix, mon travail était basé sur la recherche de matières, le suivi de travaux chez les artisans, la gérance de stock de tissu, des fournitures et le pont entre le studio de création et les ateliers.

LNA : 2001 est un grand cru car vous ouvrez aussi votre atelier de création à Bruxelles. Comment a été l'accueil des Bruxellois réservé au retour à la maison de l'"enfant prodige"?

Y.Y. : Déjà quand j’étais à Paris, j’avais eu la chance d’avoir quelques articles sur moi dans les magazines de la mode à Bruxelles. Donc, à mon retour j’ai eu la baraka.

LNA : De 2002 à 2005, vous avez répondu à de multiples demandes de créations, en commençant par les costumes du spectacle de la chanteuse belge Maurane. En poursuivant par la création d'une collection ainsi que le suivi de la réalisation, à New Delhi pour une marque bruxelloise. Vous réalisez également les costumes pour les Fêtes Romanes de la commune de Woluwé- Saint-Lambert. Au final, vous répondez à l'appel d'une marque anglaise en créant sa collection et en assurant le suivi de celle-ci à Ngouanzou en Chine. En quelques années, vous avez acquis un savoir-faire et développé une culture de mode internationale; ces acquis vous ont-ils aidé à développer votre propre style?

Y.Y.: C’est vrai, j’ai dessiné pour plusieurs marques, comme dit le proverbe : C’est en forgeant qu’on devient forgeron. J’ai développé mon propre style. J’essaie de faire toujours les vêtements qui demandent la parole pour s’exprimer. C’est-à-dire que mes vêtements sont des architectures en mouvement. Je m’inspire de la diversité de la race humaine. Nous sommes semblables et différents en même temps. LNA : 2007, le 23 mars plus exactement, le public bruxellois découvre votre vision de la Couture. Vous présentez sur le site de Tours et Taxis votre collection "Escarcelle".

LNA : Pourquoi ce nom?

Y.Y : Le nom Escarcelle fait référence à la bourse ou plus actuel le sac à main. J’ai toujours comparé les dames à des guerrières. Comme toute guerrière qui se respecte, elle doit avoir une arme (le sac à main), la peinture de guerre (le maquillage), la tenue de combat (une robe), je me suis inspiré du sac à main parce que, c’est l’objet le plus important pour une femme. LNA : Vous enchaînez ensuite avec votre première collection Couture, sortie en septembre 2007. Une nouvelle clientèle, encore plus difficile à satisfaire, où la noblesse du Tout est de rigueur.

LNA : La Couture à Paris fait appel à certains codes tels que le travail réalisé à la Maison-Mère, dans ses ateliers, le nombre d'employés, le nombre de modèles…Utilisez-vous ces mêmes critères en Belgique?

Y.Y. : La haute couture à des critères qui demande beaucoup de moyens. Selon les normes ou les conditions pour avoir cette appellation de la haute couture, il faut remplir certains critères. Je pratique le savoir faire de la Haute Couture et je fais la Couture. Mais, je ne fais pas la Haute Couture tout simplement parce que c’est une appellation Française d’origine contrôlé. Pour y accéder, il faut avoir l’accord de la chambre syndicale de la Haute Couture de Paris.

LNA : Pour attirer une clientèle adéquate, par rapport à votre positionnement, l'adresse est importante. Est-ce la raison pour laquelle vous avez ouvert en 2009 votre atelier de création avenue Louise, au n° 195?

Y.Y. : Non, la raison est simple, je voulais trouver un atelier bien attendu dans un endroit plus au moins attrayant. Louise est le fruit du hasard encore ma baraka.

LNA : Quelle est la différence entre le prêt-àporter (P.A.P), un styliste, un créateur, et la Haute Couture?

Y.Y. : Le P.A.P est une production de masse ; un styliste est une personne qui construit un style. Ce n’est pas forcement un créateur. Tout le monde est son propre styliste en quelque sorte. En revanche, un créateur fait appel à une connaissance plus poussée, plus large, plus diversifiée pour mettre au point un prototype qui par la suite sera interprété de plusieurs façons. Quand à la Haute Couture, elle demande le raffinement absolu de A à Z.

LNA : quels sont les différents métiers de la Haute Couture?

Y.Y. : La Haute couture a plusieurs métiers. Nous allons ici ne parler que du vêtement. Nous laissons de côté l’administration (gérant, comptable, agence de presse, agent marketing etc.) La création (couturier, styliste, créateur) recherche des matières, des artisans pour certains détails si nécessaire, tels que la réalisation (atelier), le mannequin cabine et plus d’autres métiers en fonction des besoins de la maison.

LNA : De nos jours, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent quand on parle de Haute Couture (Yves Saint-Laurent, Channel….). Que pensez-vous de Madame Rose Bertin, la couturière de Marie-Antoinette, reine de France, épouse de Louis XVI?

Y.Y. : C’est depuis l’arrivée de cette communication moderne, qui est le média que nous voyons toujours les mêmes têtes question de moyen. Si nous analysons les choses d’une manière lucide, nous sommes tous des stylistes à des degrés différents.

L.N.A : N'a-t-elle pas posé les bases du métier de couturier?

Y.Y. : Les bases de la couture étaient déjà posées depuis plusieurs siècles. Même de nos jours les grandes maisons s’imprègnent de ce savoir-faire ancestral pour en faire leurs actualités.

LNA : Pouvez-vous estimé le nombre de femmes dans le monde pouvant aujourd'hui acheter une robe Haute Couture?

Y.Y. : Les femmes qui peuvent s’acheter une robe Haute Couture, sont rares. Je n’ai pas les chiffres mais, selon l’ancien rapport le nombre des clientes dans le monde entier est largement en dessous d’un 1% de la population de la planète.

LNA : Quel est chez vous le prix d'un tailleur Couture et d'une robe longue?

Y.Y. : Le prix d’un tailleur couture chez moi dépend de la qualité de tissu et du modèle. Ceci dit : le prix moyen est de 800,00€ et pour une robe couture, le prix moyen est de 1200,00€

LNA : Quel est le profil de la femme qui porte de la "Couture"?

Y.Y. : Logiquement il existe deux profils de «la femme couture». Il y a la femme couture qui aime le luxe, qui aime la caste et qui aime la distinction (Les nouveaux riches). Et, il y a une femme couture qui a le bon goût tout simplement. Souvent c’est une femme raffinée culturellement et intellectuellement.

LNA : Comment voyez-vous l'évolution de la Couture par rapport aux produits dérivés que sont les parfums, les lunettes, la maroquinerie, les bijoux….? Sans ces produits dérivés, les Maisons seraient-elles encore debout?

Y.Y. : Le nombre très limité des acheteuses réduit la probabilité de faire des bénéfices directement. Elle fait des bénéfices indirectement sur la base de l’impact de l’image qu’elle produit. La raison est simple. La quasi-totalité des robes Haute Couture se trouvent dans les musées de chacune de ces grandes maisons de couture. Effectivement ce sont les lignes P.A.P et les produits dérivés qui en sont les raisons de cette continuité de ces grandes maisons.

LNA : Et vous, Monsieur Yves Yavé, allez-vous créer votre parfum et d'autres produits dérivés ?

Y.Y. : En effet créer les produits dérivés fait partie de mes rêves dont j’espère matérialiser un jour. J’ai eu plusieurs propositions avec quelques partenaires à ce sujet. J’attends la mise au point de tous les composants.

LNA : Avez-vous des idées d'extension de marché?

Y.Y. : Je travaille actuellement sur le projet. De nos jours, il est très difficile de continuer à fonctionner si on reste isolé. Je suis en contact avec plusieurs coins de vente qui proposent dans leurs boutiques plusieurs marques. Les boutiques multimarques.

Merci Monsieur "Art Divin" pour avoir répondu aux lecteurs et lectrices du LNA et bonne inspiration !

Y.Y.: Croyez-moi, c’est moi qui vous en remercie de m’avoir fait cet honneur.

Contacts
Show-room YAVE
23, rue Van Artevelde
1000 Bruxelles
Studio de Création
195, avenue Louise
1050 Bruxelles
Tél. ++32(0)25032883
Gsm : ++32(0)474602513
Site : www.yave.be Mail : boutique@yave.be

 



Des prix remportés par Yves Yavé
- 1997, premier Prix du concours "Etoile de Mode"; Il y avait 18 pays participants.
- 1999, Prix Evian au concours "Award Fashion" organisé par Moêt et Chandon, avec les félicitations de la Maison Louis Ferraud
- 1999, Prix Spécial M.G.C. pour la promotion de nouveaux talents
- Encore 1999, Premier Prix de la Collection de fin d'études - Toujours 1999, Premier Prix de la Promotion avec des félicitations appuyées du Jury.