Article publié le 2011-07-23 par Dossier
Pêche / Poissons et fruits de mer - une porte d’entrée vers la sécurité alimentaire [06/2011]
© Matt Kieffer

L’Afrique a besoin d’avoir des sources diversifiées pour parvenir à la sécurité alimentaire. A l’instar de Taïwan, l’un des créneaux porteurs pourrait être l’exploitation des ressources halieutiques. Par an, ce sont des millions de tonnes de poissons et de fruits de mer que produisent les eaux africaines. La sécurité alimentaire est aux portes.

Aliment très nourrissant et nutritionnel, le poisson constitue l’une des denrées les plus accessibles en Afrique. Que ce soit frais, fumé ou séché, le poisson africain se consomme à volonté. Pour pouvoir se nourrir d’un aliment, il est clair qu’il faut le posséder ou l’avoir à portée de main. Le poisson se trouve à portée de main. En Afrique, les pêcheurs traditionnels et même les petits pêcheurs parviennent à trouver leur quotidien, surtout en Afrique de l’Ouest. Les rapports de missions d’Infopêche3 indique que 70 % du poisson consommé dans la région est sous forme fumée. La commercialisation du poisson transformé a le réseau de distribution le plus extensif de la région. Cela est particulièrement vrai pour les produits séchés fumés et dans une moindre mesure ceux séchés au soleil, salés-séchés et fermentés. Dominée par les femmes, la distribution du poisson transformé dans la région est une activité complexe, incluant des mareyeurs qui achètent en gros chez les transformatrices, de petits détaillants qui peuvent vendre en petites pièces à des consommateurs et entre eux une armée d’autres intermédiaires. Le fort taux de croissance de la population n’est pas accompagné d’une hausse concomitante de la production, ce qui réduit l’approvisionnement de poisson par tête d’habitant. Cependant, ce qui fait la force de l’accès des populations aux ressources halieutiques est la proximité de celles-ci d’avec les cours d’eau et le prix accessible des poissons. En moyenne, ce sont des centaines de millions d’africains qui se nourrissent de «chair blanche». Dans une étude publiée par le Centre de recherche Abassa d’Egypte, le poisson est considéré comme «aliment riche pour populations pauvres». Plus de 200 millions d’Africains mangent du poisson régulièrement. Frais, mais plus souvent fumé, séché ou même lorsqu’il n’est plus qu’à l’état de poudre, le poisson est une source vitale de protéine animale et de micronutriments dans un grand nombre de communautés rurales. C’est également la seule forme de protéine animale accessible et/ou d’un prix abordable pour les ménages pauvres en milieu urbain et péri-urbain. Pour des millions d’Africains, le poisson est ainsi une source directe de protéines et de micronutriments d’une importance essentielle. Par ailleurs, il contribue aussi indirectement à l’autosuffisance alimentaire nationale du fait des échanges commerciaux et de l’exportation : en 2000, les recettes des exportations de poisson ont couvert l’équivalent en coût de 50 % des importations alimentaires des pays à bas revenu et un grave déficit alimentaire.

Une contribution calorique importante

Le gendarme de la faim, la FAO, estime que le poisson constitue 22 % de la ration protéinique en Afrique subsaharienne. Cependant, dans les pays les plus pauvres, ce taux peut dépasser 50 %, en particulier lorsque les autres sources de protéines animales sont rares ou chères. Dans les États côtiers de l’Afrique de l’Ouest, où le poisson occupe une place centrale dans l’économie locale depuis des siècles, la proportion de protéine animale provenant du poisson est extrêmement élevée : 47 % au Sénégal, 62 % en Gambie et 63 % en Sierra Léone et au Ghana. La contribution calorique du poisson est d’égale importance. En l’absence d’autres protéines provenant de la production locale et/ou lorsque la population a acquis une préférence pour le poisson, l’apport calorique du poisson peut atteindre 180 calories par habitant et par jour. Quant on sait qu’en Afrique, l’alimentation riche en vitamine est souvent l’affaire des plus nantis, la composition nutritionnelle des poissons est une aubaine pour les populations à faible revenu. En effet, le poisson est une source indispensable de micronutriments tels que le fer, l’iode, le zinc, le calcium, la vitamine A et la vitamine B.