Article publié le 2011-05-22 par Par Anthony Vercrusse Economie
Tchad - N’Djamena, La capitale aux milles couleurs [04/2011]
Place de la Nation, N'djamena, Tchad © LNA 2011

Le Tchad revient de loin avec sa capitale N’Djaména. Après avoir célébré ses 50 ans d’indépendance il y a quelques mois, N’Djaména est aujourd’hui une capitale africaine fleurie de beauté. Objectif : devenir une capitale moderne à l’horizon 2020. C’est bien parti…

La capitale tchadienne est une ville qui bouge ; une ville qui se construit tel un oiseau tissant sa toile. Auparavant, l’une des capitales les plus délabrées, N’Djaména brille de mille feux en ses quatre coins. L’électrification, le bitumage des routes, la voirie, les canaux d’adduction d’eau ont fait de N’Djaména une destination enviée. On est loin des bidonvilles, des taudis ; N’Djaména est à l’heure de la modernisation. Avec une population de plus d’un million d’habitants, la plus grande ville du Tchad se pare de ses plus beaux atours afin de devenir en 2020, l’une des plus belles capitales d’Afrique, sinon, la « vitrine de l’Afrique centrale » en terme d’opportunités, d’investissement, d’infrastructures modernes et aux normes internationales. Déjà, des immeubles poussent à travers la ville comme des champignons. Les quartiers s’agrandissent avec à la clé les commodités nécessaires. Commentant l’urbanisation de la capitale tchadienne, le journal La Voie écrivait : « les efforts déployés pour l’urbanisation de la ville de N’Djaména par Mme le maire Mbailemdana Fatimé Marie-Thérèse sont à louer. Puisqu’aujourd’hui, la ville de N’Djaména est dotée de joyaux comme les bâtiments administratifs, les voies bitumées, les hôpitaux, etc. La population respire de l’air pur grâce au travail de titan en ce qui concerne la salubrité de la capitale : le balayage des rues, la construction et le curage des caniveaux au quotidien. Ce qui veut dire que la population va moins souffrir de maladies pulmonaires et respiratoires (…) Aujourd’hui, la population est fière de voir la mairie lui éviter la corvée du ramassage des ordures. » En outre, puisque l’eau c’est la vie, en 2001, grâce au soutien de l’Agence française de développement, la mairie a bénéficié d’un programme d’adduction d’eau potable de certains quartiers périphériques. Ce programme a permis de soulager le calvaire des populations qui pour se procurer de l’eau devaient faire une gymnastique nautique hors du commun. De nos jours, dans ces quartiers, l’eau courante a remplacé les eaux des puits inadaptés. Ledit programme, réalisé en 2001-2002, a concerné cinq quartiers périphériques de l’Est de la capitale et a permis de fournir aux populations de ces quartiers une eau potable par la construction de cinq forages alimentant chacun de petits réseaux d’adductions d’eau autonomes. Il a permis de constituer des pôles d’activités économiques et sociales par l’aménagement de places autour des châteaux d’eau par la construction de 46 locaux d’activités et de latrines publiques. En outre, il a facilité la mise en place, à travers l’organisation du système de gestion des installations, des structures permettant aux populations de mieux prendre en main le développement local de leur quartier.

L’auto-développement en marche avec l’électrification

L’électrification de N’Djamena est l’une des priorités des premières autorités Tchadiennes avec le Président de la République Idriss Déby Itno en tête. Pour y parvenir, le pays vient de lancer sur fonds propres un vaste projet d’électrification de la capitale politique. Dans le cadre de cette grande politique énergétique, le président de la République, M. Idriss Deby Itno, a procédé, à la pose de la première pierre du chantier d’une centrale électrique à Farcha. Celle-ci devrait générer à terme une puissance électrique de 60 MW (Mégawatt). Pour concrétiser ce projet au coup global estimé à 48 milliards de F CFA (96 millions de dollars américains), le gouvernement tchadien, qui en est le seul bailleur de fonds, a décidé de faire confiance à l’entreprise néerlandaise Wartsila. C’est un exemple d’auto-développement qui doit faire fortune en Afrique. En plus, selon le journal Afrique7, une boucle d’une tension de 90 KV sera installée à N’Djamena, ainsi que des réseaux de distribution et une ligne de transmission haute tension équivalente à 66 KV, laquelle va relier la capitale tchadienne à la ville de Djarmaya. Ces travaux, quant à eux, seront réalisés par les techniciens de la China Machinery and Equipment Corporation (CMEC). Pour ce projet, sur les 95 milliards de FCFA (190 millions de dollars américains), l’Etat tchadien n’en assumera que 30 %. Le reste fera l’objet d’une demande de financement auprès d’une institution chinoise de la place, EXIM Bank. A travers ces différents projets, le Tchad a décidé de prendre son développement à bras le corps, afin de figurer parmi les nations africaines à statut de pays émergent. Le chemin semble long mais pas impossible à parcourir. Seule la volonté économique et politique, pourront venir à bout des adversités les plus acerbes. Et, c’est bien parti…, en commençant par N’Djamena.




L’histoire de N’Djamena

N'Djamena a été fondée par Émile Gentil le 29 mai 1900 sur l'emplacement d'un petit village kotoko sous le nom de Fort-Lamy, en souvenir du commandant François Joseph Amédée Lamy, décédé à la bataille de Kousseri quelques jours plus tôt. Le 6 novembre 1973, le président François Tombalbaye la renomme N'Djaména, du nom d'un village arabe voisin (Am Djamena, signifiant « le lieu où l'on se repose »). La ville a subi de lourdes destructions en 1979 et surtout en 1980 au moment de la guerre civile communément appelée la « guerre de Tizah chuhur ». Une bonne partie de la population d'origine méridionale a alors quitté la ville.