Article publié le 2011-01-20 par Par Jamil Thiam Dossier
RETRO 2010 / L’Afrique n’est pas pauvre mais… [12/2010]
Bingu wa Mutharika, Président du Malawi, également président de l’UA © World Economic Forum

La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et l’Union africaine (UA) ont publié au mois de mars dernier le Rapport économique sur l’Afrique 2010 sur le thème : « Promouvoir une croissance forte et durable pour réduire le chômage en Afrique ». De ce rapport, il ressort clairement que le continent africain est loin d’être pauvre. Au contraire, il regorge de potentialités énormes.

Comme tous les ans, un rapport est présenté par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Cette année, le dit rapport a été présenté le 30 mars dernier, lors de la conférence annuelle conjointe de l’Union africaine et de la CEA tenue à Lilongwe, capitale du Malawi, du 29 mars au 1er avril. Dans ce rapport dont nous avons copie, un appel est lancé aux pays africains à se focaliser sur la création d’emplois décents et à en faire la priorité dans leurs politiques macroéconomiques afin de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement et d’éradiquer la pauvreté. Il révèle aussi qu’en raison de la crise économique et financière mondiale, la croissance sur le continent africain est tombée à une moyenne de 1,6% en 2009, comparativement à 4,5% en 2008. Toutefois, cette crise offre parallèlement aux pays africains l’occasion de jeter les bases d’une croissance forte, durable et à forte intensité de main d’oeuvre en opérant une transformation structurelle pour parvenir à une forte croissance de l’emploi. La création d’emplois rémunérés est reconnue comme un moyen de vaincre la pauvreté, notamment chez les jeunes (70% de la population est âgée de moins de 30 ans). De même, le dit rapport incite les pays africains à investir dans les infrastructures et le capital humain, à fournir des efforts accrus et novateurs en matière de mobilisation de ressources externes. A réformer les marchés des facteurs de production et à instaurer des mesures pour encourager la création d’emplois dans le secteur privé et des efforts en vue d’accroître la productivité et les revenus dans le secteur informel. Il insiste sur les perspectives de croissance de l’Afrique à long terme et sur la capacité de poursuivre une vigoureuse création d’emplois et un développement social plus large. Une manière de permettre la réussite de la diversification économique.

L’Afrique n’est pas un continent pauvre…

C’est pourquoi, au cours de la conférence annuelle conjointe de l’Union africaine et de la CEA, Abdoulie Janneh, Secrétaire exécutif de la CEA, avait affirmé que le défi à relever maintenant pour le continent africain est d’atteindre un niveau élevé et durable de croissance qui permettrait de réduire considérablement la pauvreté et le niveau de chômage. Quant au Président du Malawi, Bingu wa Mutharika, également président de l’UA, il a laissé entendre dans son discours lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence, que l’Afrique n’était pas un continent pauvre. Mais que les Africains étaient pauvres. Pour appuyer cette thèse, le rapport s’appuie sur le constat selon lequel l’Afrique dispose d’énormes richesses inexploitées, composées de la faune et de ressources naturelles minérales, de poissons, de bassins fluviaux, de lacs et d’immenses terres arables qui ne sont pas encore bien et suffisamment exploitées par les Africains. Le rapport traite aussi des tendances actuelles de l’économie mondiale et de leurs conséquences sur les économies africaines : « Promouvoir une croissance forte et durable pour réduire le chômage en Afrique ». Une stratégie d’exposer la façon dont les enseignements de la crise économique mondiale peuvent être mis à profit pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques permettant d’aboutir à la transformation structurelle des économies africaines.

Faire face aux défis

L’évolution des performances des économies africaines fait observer que les comptes courants, le solde budgétaire et le taux d’épargne et d’investissement se sont détériorés. Les cours des produits de base, un facteur important de la croissance dans de nombreux pays africains, ont baissé au début de l’année 2009, mais sont remontés depuis. Cette reprise enregistrée en 2009 est essentiellement due à l’augmentation des cours du pétrole, causée en partie, par la hausse de la demande de la Chine, ainsi que par la révision à la hausse des prévisions de la demande mondiale. Le changement climatique constitue un autre défi important auquel l’Afrique doit faire face. Le rapport estime que le coût de l’adaptation au changement climatique se situerait entre 5 et 10% du PIB du continent. Pour créer de l’emploi, il a été convenu lors de la conférence de Lilongwe de mars dernier que les pays africains devraient poursuivre des politiques budgétaires et monétaires pour financer des investissements dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Les représentants de Etats membres avaient convenu également de se concentrer sur des projets à forte intensité de main-d’oeuvre, tels que la création de routes en milieu rural ou des projets d’assainissement et d’accès à l’eau. Une manière de sortir ce continent de ses nombreuses difficultés.