Article publié le 2011-01-20 par Entretien réalisé par Jamil Thiam Sport
Football féminin - Ibtissam Bouharat (IB), internationale belge convoitée par l’équipe nationale du Maroc [01/2011]
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« J’invite les africaines à s’engager plus »

Une star est née et continue sa progression fulgurante dans le football féminin en Belgique. Ibtissam Bouharat, 20 ans, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, d’origine marocaine, est actuellement internationale belge des moins de 21 ans. Symbole de la détermination de la femme marocaine et africaine en général, cette étudiante en diplôme d’Ingénieur de gestion, après un passage remarqué à Anderlecht, évolue actuellement dans l’équipe de Eva's Tienen / Westerlo (Première division Belge). Dans cet entretien, cette joueuse d’un 1m70, milieu offensif, technique et très énergique, revient de long en large sur ses débuts et son évolution dans le football féminin. Aussi, elle encourage la gente féminine du continent africain à s’engager plus.

LNA : Présentez vous à nos lecteurs ?
IB : Je m’appelle Bouharat Ibtissam, joueuse de football. J’ai commencé à jouer à l’âge de 15 ans, à Anderlecht chez les jeunes. Après, j’ai joué avec l’équipe première. L’année d’après, j’ai changé de club pour aller jouer à FC Malines (KV Mechelen en néerlandais) en équipe première. L’année passée, je jouais à DVK Haacht. Et cette année, j’évolue à Tirlemont qui a fusionné avec Westerlo. A part çà, je suis étudiante universitaire à Solvay, pour un diplôme en Ingénieur de gestion. Je parle six langues : le français, le néerlandais, l’anglais, l’arabe, l’espagnol et l’allemand. Également, j’ai obtenu un diplôme d'entraineur de football. Par ailleurs, je suis membre de l'association des entraineurs marocains diplômés. Actuellement, j’entraine les jeunes garçons de moins de 15 ans à Diegem Sport en 3eme Division pour la 2 ème année. On est actuellement bien placés puisqu’on est 2 ème. On a notre chance de gagner le titre de champion cette année.

LNA : Pourquoi avez-vous opté pour le football plutôt que pour d’autres sports ?
IB : J’ai toujours aimé le football depuis que je suis toute petite.. C’est un sport où j’arrive à m’épanouir pleinement et que j’aime beaucoup pratiquer. Mes parents étaient contre au début et ils ont essayé de m’inscrire à tous les sports possibles, mais j’ai continué à insister pour jouer au football. Un jour nous avions un tournoi de football interscolaire, l’école a appelé mes parents pour leur dire de venir regarder un des matchs. C’était la première fois que mes parents m’ont vraiment vu jouer, et au cours de ce match j’ai marqué 5 buts. J’étais fière et heureuse, je courais la tête haute sur le terrain tellement j’étais contente que mes parents étaient la. En me voyant jouer, ma mère était tellement émue et contente qu’elle en a eu les larmes aux yeux, et à ce moment-la ils m’ont donné leur bénédiction et leur soutien pour le football. Maintenant ce sont mes plus grands fans et ils sont toujours dernière moi. Ils me poussent à continuer et c’est de là que je trouve la force et le courage pour continuer. C’est grâce a eux que je suis arrivée à un tel niveau. Avec leur soutien, je continue de réaliser de belles choses, même au delà du plan sportif.

LNA : Comment parvenez-vous à allier le football avec les études ?
IB : C’est vrai que c’est une combinaison très difficile. J’avoue que ce n’est pas évident. Mais, avec une bonne organisation, on peut bien combiner les deux. Parce que j’aime ce que je fais, c’est surtout ce qui me pousse à continuer. J’aime aussi ce que je fais à l’école, j’aime entrainer les jeunes, j’aime le football. C’est pourquoi, je réussis à combiner tout çà.

LNA : Comment vivez-vous votre vie de footballeuse et celle de femme ?
IB : C’est une question pour un peu plus tard. La combinaison doit être possible. Quoi qu’il en soit, si tel est le cas, mes enfants, mon ménage et ma famille passeront avant tout. C’est bien possible de combiner le football et la vie de femme même dans un ménage, de combiner le football et le travail. Si tel est le cas, ce serait génial. Une réalisation de mon rêve.

LNA : Actuellement, envisagez-vous de retourner un jour jouer à Anderlecht ?
IB : Un éventuel retour à Anderlecht est possible. Mais, actuellement, on doit recommencer le 2 ème tour avec mon équipe. Ce qui fait que pour le moment, j’essaie de me concentrer. Je ne pense pas trop à ce transfert. Je veux simplement me concentrer pour le reste de la saison, de me donner le maximum pour l’engagement avec mon équipe. C’est difficile parce que je reviens, tout juste, de blessure contractée avec la sélection nationale belge, il y a quelques semaines. Cela a été difficile mais grâce à l’aide de certaines personnes, j’ai pu surmonter cette épreuve. Maintenant, il me faudra travailler fort en espérant tirer quelque chose de positif de cette période d’inactivité forcée que j’ai eue. j’espère en sortir plus forte.

LNA : A part les études et le football, avez-vous d’autres activités ?
IB : Mises à part les études, le football, j’ai beaucoup d’autres activités que j’aime. Ce n’est pas parce que je joue au football qu’on doit me catégoriser simplement joueuse de football. J’aime la mode, le mannequinat. Je fais de temps en temps des défilés de mode. Malgré que le foot soit là, j’aime aussi la musique classique. Donc, je reste malgré tout une femme qui aime certaines plaisirs féminins comme toutes les autres .

LNA : Quel niveau envisagez-vous atteindre dans le football féminin?
IB : J’espère atteindre le plus haut niveau possible. Cela veut dire que j’ai des qualités et des défauts dans le foot et j’essaie de les travailler pour parvenir à un niveau élevé. Mon but est de devenir une joueuse de dimension mondiale. J’espère travailler dur pour y arriver. Je joue en milieu offensif et cette saison, j’ai 5 goals à mon actif, 7 à 8 assists. Je ne suis pas une joueuse qui marque beaucoup mais je donne plutôt des assists. Pour atteindre mon but, je sais qu’un travail de longue haleine m’attend. Mais je relèverai le défi.

LNA : Au plan social, pensez-vous, à l’avenir, mener des actions humanitaires pour les jeunes, au Maroc ou en Afrique en général ?
IB : Bien sûr, c’est une question que je me suis déjà posée. J’ai déjà participé à la réalisation de quelques projets, avec mon école il y a quelques années pour aider les enfants de la rue au Congo. Là-bas, c’était un projet destiné à apprendre aux jeunes à jouer au foot et surtout leur offrir un endroit où vivre. C’est quelque chose qui me tient à coeur puisque j’aime beaucoup les enfants, j’aime travailler avec eux, c’est pourquoi je les entraine trois fois par semaine. Je souhaiterais réaliser plus tard un projet humanitaire sport étude au Maroc surtout avec des enfants défavorisés. J’ai en tête des projets et j’espère un jour les réaliser.

LNA : Comment vivez-vous votre vie de star ?
IB : Je la gère en restant moi-même. Je ne pense pas que j’ai changé depuis que j’ai commencé à jouer au football. Bien vrai qu’il y a l’intérêt que me portent les médias. Mais, j’essaie de gérer tout ce qui suit après. J’accorde beaucoup d’importance à ma famille et mes amis, malgré que je n’ai pas toujours la possibilité de leur accorder l’attention qu’ils méritent, j’essaie toujours d’être présente quand il faut. Mes parents m’aident surtout à garder les pieds sur terre. Et quoi qu’il en soit, c’est eux qui passent avant tout le reste.

LNA : A l’avenir pour quelle équipe nationale, entre le Maroc et la Belgique, comptez-vous choisir pour jouer ?
IB : Effectivement, j’ai des propositions de l’équipe nationale marocaine. Ce fût toujours un rêve d’enfant de jouer pour mon pays. Même si je suis née ici, je suis marocaine. Quand les dirigeants du football marocain m’ont appelée, çà a été un réel bonheur pour moi. Maintenant, je dois effectivement choisir entre le Maroc et la Belgique. Cependant quel que soit mon choix, je sais que je suis marocaine. Je reste marocaine même si un jour je joue pour l’équipe nationale belge, avec laquelle j’ai déjà joué des matchs amicaux chez les moins de 21 ans. Je n’oublierai pas mes racines. Et j’aimerais bien retourner un jour au Maroc, peut être, pour y vivre ou encore pour y faire des projets en faveur des jeunes, dans le football et dans d’autres domaines.

LNA : En tant que musulmane, votre statut de joueuse de foot, n’est-il pas un frein pour vous ?
IB : J’avoue que non pour le moment. Même si les cultures restent, les mentalités changent. Je trouve que le football est fort accepté de nos jours. Et les gens sont de plus en plus ouverts au football féminin, au Maroc, en Afrique et partout dans le monde.

LNA : Quel message adressez-vous à vos paires, jeunes filles du continent africain ?
IB : Le message que je pourrais lancer aux jeunes filles qui aiment le foot, je les encourage à foncer, à ne pas se poser trop de questions par rapport aux gens et par rapport à l’environnement. L’essentiel, c’est de faire ce qu’on aime pour ne pas avoir de regrets plus tard. Je les encourage à s’engager plus. Car, il n’est jamais trop tard pour commencer une activité qu’on a toujours aimée. Il est très important de ne pas avoir de regrets. C'est-à-dire de faire tout ce qu’on a envie de faire. Même si c’est un échec, vous aurez vécu une expérience. Je considère mon cas comme un exemple bien concret de la vie. J’ai toujours aimé le foot, j’ai hésité avant de commencer parce que je me suis dit que la famille était contre. Je me suis posé la question : est-ce que je devais le faire ?Le football m’a permis d’apprendre beaucoup de choses et de vivre énormément d’expériences enrichissantes à tout point de vue. Je ne regrette en aucun moment mon choix, que du contraire.
De ma propre expérience j’ai dit « Il est important d’avoir certains objectifs dans la vie, que ce soit au niveau professionnel, familial ou sportif. Grâce à nos objectifs, la recherche de progresser et de s’améliorer continuellement contribue à notre épanouissement. Donc je souhaite à tous les lecteurs LNA et au monde entier de vivre pour s’épanouir. »