Les élections présidentielles, libres, transparentes et démocratiques viennent d’être organisées en Guinée Conakry pour la première
Ce fut une lutte de longue haleine. Le 02 octobre 1958, ce pays situé sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest accède à l’indépendance. Ahmed Sékou Touré en devient le premier Président. Il règnera jusqu’en 1984, soit 26 ans de pouvoir. A sa suite, Lansana Conté prend le relais. Avec le vent de démocratie qui soufflait sur l’Afrique dans les années 1990, il introduit le multipartisme en 1993. Il est élu aux élections présidentielles par deux fois de suite,en 1993 et en 1998. Le 22 décembre 1998, la maladie arrache le général président à « l’affection » des Guinéens.Le capitaine Moussa Dadis Camara opère un coup de force et s’installe au pouvoir. Au départ, il promet de remettre le tablier aux civils. L’appétit venant en mangeant, il entame son « Dadis show » et finit par être agressé par son aide de camp Toumba Diakité. Sous l’impulsion du président du Faso Blaise Compaoré, un accord de paix est signé à Ouagadougou. Le capitaine Moussa Dadis Camara, soigné au Maroc est accueilli pour sa convalescence à Ouagadougou. Le général Sékouba Konaté assure l’intérim. Il met en place les différentes structures nécessaires à l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes. Le premier tour des élections est organisé le 27 juin 2010. De contestations en tractations, la Cour suprême proclame les résultats définitifs du scrutin le 20 juillet. Une dizaine de candidats avaient pris part à ce scrutin. Et, c’est Cellou Dallein Diallo qui arrive en tête avec 43, 69% suivi d’Alpha Condé, accrédité de 18%. Les autres poursuivants se partagent le reste de l’électorat. L’ex-premier ministre, Sidya Touré, recueille selon la Cour Suprême 13, 62% des voix. Les autres candidats à la course présidentielle, recalés sont, Lansana Kouyaté (7%), Kassory Fofana et Pape Koly Kourouma (4%). Record aussi, le taux de participation de 52%. Le deuxième tour de l’élection présidentielle permet de partager Ceillou Dalein Diallo et Alpha Condé. La Guinée-Conakry permet ainsi de se mettre sur les rails et tourne la page des dictatures. C’est la preuve, s’il en est besoin, que les pays africains peuvent se prendre en charge et assumer leur destin. Les Guinéens reviennent de loin, sans oublier les hommes qui ont contribué au retour de la paix dans ce pays au sous-sol riche comme Crésus. C’est une lapalissade d’affirmer que la Guinée-Conakry est le réservoir en eau de la planète.Les politiques ont eu le courage de prendre leurs responsabilités, aidés en cela par la communauté internationale, notamment la CEDEAO.
Blaise Compaoré, l’homme-orchestre de la paix
L’un des acteurs clés de la sortie de crise en Guinée est incontestablement le Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Les médias, aveuglés par la folie de l’organisation des élections ont oublié qu’il a été celui-là même qui a évité le chaos aux Guinéens. En effet, désigné par la communauté des chefs d’Etats de la CEDEAO, le président Blaise Compaoré s’est jeté dans la balance en organisant des concertations avec tous les Guinéens. Et, lorsque l’aide de camp de Moussa Dadis Camara, Toumba Diakité a attenté à la vie de son protégé, c’est encore Blaise Compaoré qui a permis qu’un avion spécial le convoie sur le Maroc pour y recevoir des soins.Last but not least, c’est encore Blaise Compaoré qui a fait signer à Ouagadougou, l’accord de paix entre les protagonistes de la crise, faisant de facto, le général Sékouba Konaté, président par intérim de la Guinée. L’on dit souvent, en adage africain, que même si le lièvre est ton ennemi, il faut reconnaître qu’il a de longues oreilles et qu’il court vite.
Tourner la page et aller à l’essentiel
La Guinée-Conakry doit maintenant tourner la page. Durant de longues années, ce peuple, épris de paix et de justice, a souffert le martyr des chefs d’Etats dictateurs. Il est bon aujourd’hui d’entamer une nouvelle vie. L’on se rappelle la tuerie du stade du 28 septembre où des milliers de familles ont perdu des êtres chers. Il faut à présent faire taire les querelles intestines, désarmer les coeurs et les esprits et bâtir une société pour les Guinéens. La renaissance de cette nation viendra de la propension de ses fils à faire violence sur eux-mêmes, se mettre ensemble pour construire une nation forte et prospère. Le pouvoir ne doit enivrer personne, et chaque individu, chaque candid at, qui qu’il soit, doit accepter le verdict des urnes. Comme le disait le Président Wade, tout le monde ne peut pas devenir président de la République. Les peuples et les nations modernes ont bâti leur essor au prix de mille et un sacrifices. La Guinée-Conakry est à la croisée des chemins. Elle a un peuple vigoureux et une histoire qui la place au rang des nations qui peuvent être des modèles.Sans être dans le secret des dieux, la Guinée Conakry renoue avec l’histoire. Cependant, il faut être vigilant pour éviter que les vieux démons de la guerre ne refassent surface.