Lorsque des femmes s’unissent pour faire entendre leur voix, il ne peut en sortir que du bonheur. Le Collectif des femmes africaines du Hainaut en Belgique fait partie de cette génération de femmes qui ont décidé de se mettre ensemble pour partager ce qu’elles ont en commun : la culture. Zoom sur leur combat.
Le collectif des femmes africaines du Hainaut est un groupement de femmes d’Afrique subsaharienne soucieux de leur intégration sur la terre d’accueil et de leur implication dans le développement de leurs pays respectifs. L’un de ses objectifs est la participation citoyenne responsable basée sur une société multiculturelle qui permet à chacun de s’exprimer librement selon sa culture et ses convictions. C’est dans ce cadre qu’elles ont initié le projet culturel AFRICULTURE sous la responsabilité de leur présidente Annette NTIGNOI qui a voulu par ce concept favoriser la cohésion sociale et lutter contre le racisme dans le Hainaut où les initiatives de rencontre des cultures sont particulièrement très rares et où l’expression de la culture africaine est timide et mal connu de la population. Sortir du communautarisme pour aller à la rencontre de ses semblables dans le but de partager ce que l’on a de plus précieux telle que la culture a été pour elles un challenge depuis déjà deux ans. Ce projet culturel leur a permis également de rencontrer les autorités compétentes dans la région, de développer des réseaux et surtout de mettre en exergue les potentiels de la femme immigrée. Fort du constat que les actions individuelles restent sans incidences ; Partant du principe que «l’union fait la force», voyant que les grands idéaux ont toujours été portés par un groupe de personnes ; ces femmes ont mis sur pied un collectif. Par cette initiative, elles espèrent ainsi faciliter l’intégration et l’implication de la communauté féminine africaine dans la société.
Des actions d’envergure
Outre ce grand festival culturel dénommé «AFRICULTURE» qu’elles se sont appropriées, elles organisent régulièrement les séances de rencontre sur des thèmes touchant la femme immigrée. Dans leur lutte pour le développement de leurs actions, elles ne sont pas à l’abri d’interpellations de la part des gouvernants, qu’elles peuvent également interpeller lorsque cela est nécessaire. C’est ainsi qu’en mai 2010, elles ont eu à interpeller par courrier Madame l’Echevin Françoise DASPREMONT sur les conditions peu humaine à l’accès aux services des étrangers de la commune de Marcinelle. Le 18 décembre 2009, la présidente du collectif des femmes africaines du Hainaut Annette NTIGNOI a été interpellé, à l’occasion de la journée internationale du migrant à l’hôtel de ville de Wavre. Cette journée parlait de l’adaptation des politiques d’intégration de la femme immigrée de la 2ème génération qui n’a plus de problème d’alphabétisation. A l’occasion la présidente a précisé qu’«on note des femmes surdiplômées qui ont troqué leurs diplômes universitaires contre les tabliers de femme de ménagère pour la survie.» Selon elle, il faut aller au delà des discours : «Au delà des discours de circonstance, nous espérons des actes concrets, une politique de co-développement non hypocrite qui intègre effectivement la diaspora féminine dans le développement de leur pays d’origine via des projets dits de développement et la création d’entreprise». Dans cette même logique, le 1er décembre 2009, Mme la Ministre Joëlle Milquet a été interpellée par la présidente du collectif des femmes africaines du Hainaut lors des assises de l’inter culturalité organisées par le CPCP à Charleroi. Le thème portait sur l’emploi et l’inter culturalité. A l’occasion, c’est un cri du coeur que la présidente a lancé : «Si le citoyen reste le 1er homme politique, nous déplorons le manque de concertation et de consultation lors des politiques dites d’intégration. Le seul indicateur valable d’une politique d’intégration reste le niveau de participation citoyenne des immigrés. A compétences égales, nous avons du mal à émerger à des postes de responsabilité. Une politique d’emploi générale qui ne tient pas compte des difficultés spécifiques de certains citoyens ne pourra que perpétuer les inégalités et les iniquités. Mme la Ministre, nous vous soumettrons un répertoire de compétences et nous vous demanderons des comptes ; ça aussi, c’est une politique d’égale à égale aux ambitions des assises de l’inter culturalité. Nous demandons des mesures concrètes d’accompagnement de recherche d’emploi. Contrairement aux demandeurs d’emploi difficiles à placer faute de formation ou de diplôme, nous sommes des employés à compétence sous-estimée et sous-évaluée ». Cette lutte du Collectif des femmes du Hainaut leur a permis d’être récompensés. Le Collectif a en effet reçu le 2ème prix d’action féminine UFA 2010. Son ambition est de multiplier les efforts pour la visibilité et l’intégration effective de la femme immigrée en Belgique.