Article publié le 2011-01-11 par Par Athanase Daboué Dossier
CAP VERT / Une vitalité démocratique respectable [10/2010]
Panoramique de la plage de Praia Cap Vert © Montagem

Ayant acquis son indépendance le 5 juillet 1975, le Cap-Vert n’est pas loin de donner une leçon de démocratie aux grandes nations. Avec l’avènement du multipartisme en 1990, c’est une alternance politique qui se vit dans ce pays sur fond de respect des droits humains. Décryptage.

De 1975 à 2010, trois présidents de la république ont occupé le palais de Praia, la capitale du Cap-Vert. Et, pourtant, à voir la jeunesse de cet Etat (seulement 35 ans depuis son accession à l’indépendance), l’on ne pouvait imaginer une telle performance démocratique. Le secret ? Il est simple : les capverdiens sont un peuple épris de paix, de justice, de tolérance et de liberté. On se rappelle les luttes du panafricaniste Amilcar Cabral pour l’accession à l’indépendance. On se rappelle aussi, l’histoire de cette île, fondamentalement liée à celle de la Guinée-Bissau.Pour preuve à son accession à l’indépendance, l’unique parti existant se nommait le PAIGC, Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Après la scission avec ce pays, le 12 février 1981, le PAIGC prend le nom de PAICV, Parti africain de l’indépendance du Cap-Vert. Ce sera l’unique parti-Etat jusqu’en 1990 où le pays balaie du revers de la main cette situation pour s’inscrire dans le multipartisme.D’autres partis politiques voient le jour pour contribuer à la gestion politique de la nation.La vie politiqueest animée d’abord par deux grands partis politiques : le Parti africain de l’indépendance du Cap-Vert (PAICV) et le Mouvement pour la démocratie (MPD).Les autres partis politiques ont une audience moins importante : le Parti de la convergence démocratique (PCD), le Parti du Travail et de la solidarité(PTS),leParti démocrate chrétien(PDC),l’Alliance pour le changement(ADM), leParti de la rénovation démocratique(PRD),l’Union capverdienne indépendante et démocratique (UCID) et le Parti social démocrate (PSD). Dans cette lancée, les premières élections sont organisées pour promouvoir officiellement le processus démocratique. Les premières élections législatives libres et disputées du 13 janvier 1991 consacrent la victoire du MPD qui obtient 56 sièges contre 23 au PAICV. Le Premier Ministre, M. Pedro Pirescède alors sa place à M Carlos Veiga. De même à l’élection présidentielle, le Président sortant, M. Aristides Pereira, est battu par M. Antonio Mascarenhas (72% des voix). Comme ce fut le cas pour le poste de Premier ministre, le changement de Président de la République s’est fait au lendemain de l’élection, offrant ainsi le premier exemple de transition démocratique, dans un pays issu de la décolonisation.Cet exemple se perpétuera et fera du Cap-Vert un pays démocratique, soucieux du respect des droits de l’homme. La démocratie étant une oeuvre en perpétuelle construction et mutation, le pays va adopter une nouvelle constitution.

Des élections apaisées

Cette nouvelle loi constitutionnelle est promulguée le 4 septembre 1992. Le texte fondamental pose le principe de la séparation et de l’interdépendance des pouvoirs. L’article 131 cite les organes de souveraineté qui sont le Président de la République, l’Assemblée nationale, le Gouvernement et les Tribunaux. La Constitution a été révisée en novembre 1999, afin de préciser le pouvoir local, dans le cadre de la décentralisation.A la suite de la promulgation de la Constitution du 4 septembre 1992, les élections de 1996 ont confirmé la prééminence du MPD qui conservera à la fois la Présidence de la République et la majorité à l’Assemblée Nationale. Le Gouvernement issu de cette majorité parlementaire sera de nouveau dirigé par Carlos Veiga. Les élections de 2001 apporteront une nouvelle alternance politique. Après 10 années de pouvoir, le MPD laisse la majorité parlementaire et la Présidence de la République au PAICV. Les élections législatives du 14 janvier 2001 donnent 40 députés au PAICV, 30 députés au MPD, 1 député au PTS et 1 député au PCD. L’élection présidentielle de février 2001 avait été très disputée. C’est avec seulement une dizaine de voix d’avance que M. Pedro Pires a devancé le Premier Ministre sortant, M. Carlos Veiga. M. Pires est ainsi devenu le troisième Président de la République. M. Maria Jose Neves, formera le Gouvernement en sa qualité de Premier Ministre et le dirigerajusqu’aux échéances électorales de 2006. Les élections du 22 janvier 2006 ont confirmé le succès du PAICV.A l’exception des circonscriptions de Ribeira Grande (Santo Antao), de Sao Nicolau, Maio, Sao Domingos, Sao Miguel et Tarrafal (Santiago), le PAICV est partout majoritaire en voix. Le PAICV a 41 députés, le MPD 29 députés et l’UGCID 2 (Mindelo). Il faut rappeler que toutes ces élections se sont déroulées sans accrochages, dans la sérénité et la paix. Mieux, les résultats n’ont jamais souffert de contestations. C’est une véritable leçon de démocratie et de stabilité que cette jeune nation a donné au monde en général et l’Afrique en particulier.

Savoir perdre pour gagner

M. Pedro Pires a de nouveau remporté les élections présidentielles du 12 février 2006, devant son adversaire de 2001, M. Carlos Veiga. Selon les résultats définitifs publiés par la commission nationale électorale, sur les 323.554 inscrits, il y a eu 171.819 votants soit un taux de participation de 53,1 %. M. Pires a bénéficié de 86.583 voix (50,98 %) et M. Veiga a eu 83.241 voix (49,02 %). Par décret du 28 février 2006, le Président Pires reconduit M. Jose Maria Neves dans les fonctions de Premier Ministre.Depuis le 5 juillet 1975, jour de l’indépendance, le Cap-Vert n’a connu que trois Présidents de la République et trois Premiers Ministres. Cette remarquable stabilité a été accomplie dans un cadre démocratique depuis l’ouverture au multipartisme en 1990. An niveau local, les règles démocratiques sont également à l’honneur. Lors des élections municipales de mars 2004, le MPD est devenu majoritaire dans 11 des 17 municipalités. Seules les municipalités des îles de Brava, Fogo et Santiago (3 sur 6) étaient dirigées par des membres du PAICV. Les élections du 18 mai 2008 ont confirmé la prééminence du MPD au niveau local.Ce scrutin concernait 22 municipalités (cinq nouvelles dont trois à Santiago, une à Fogo et une à Sao Nicolau). Le MPD confirme sa victoire de 2004 en conservant la plupart des municipalités acquises (sauf Ribeira Brava de Sao Nicolau et Paul à Santo Antao) mais surtout en remportant des victoires significatives à Praia et Assomada(3eme ville du pays et ancien fief du PAICV). Grâce à ses performances démocratiques, les hommes politiques du Cap-Vert ont su faire montre de maturité politique, plaçant l’intérêt de la nation au dessus de leurs intérêts personnels. C’est le bénéfice de ce sacrifice qui confère à cet Etat, le statut d’un pays respecté et respectable.

 




Les grandes dates du Cap-Vert de 1975 à 2007

1975 : M. Aristides Pereira est Président de la République et M. Pedro Pires est nommé Premier Ministre du Gouvernement

12 février 1976 : Accord de coopération culturelle, scientifique, technique et économique avec la France

5 septembre 1980 : Adoption de la Constitution

14 novembre 1980 : Le Président Luis Cabral est renversé en Guinée Bissau

12 février 1981 : Le PAICV remplace le PAIGCV et l’unité Cap-Vert et Guinée Bissau est abandonnée

1982 : Adoption de la loi sur la réforme agraire

1990 : Formation du Mouvement pour la démocratie - MPD-

28 septembre 1990 : Adoption du pluripartisme

13 octobre 1990 : nouveau code électoral

13 janvier 1991 : Victoire du MPD aux élections législatives

17 janvier 1991 : M. Carlos Veiga, succède à M.Pedro Pires et devient Premier Ministre

Mars 1991 : Aux élections présidentielles, M. Antonio Mascarenhas Monteiro ( indépendant soutenu par le MPD) l’emporte sur M. Aristides Pereira ( PAICV) et devient le deuxième Président de la République

15 décembre 1991 : Aux élections municipales, le MPD l’emporte dans 10 des 14 communes

1992 : Le Cap-Vert est membre du Conseil de Sécurité de l’ONU

24 juillet 1992 : Un nouveau drapeau national est adopté

4 septembre 1992 : une nouvelle Constitution est promulguée

1993 : Création de la "Confédération capverdienne des syndicats libres"

1993 : M. Carlos Veiga est réélu Président du MPD

Septembre 1993 : M. Pedro Pires est élu Président du PAICV et M. Aristides Lima est élu Secrétaire général

17 décembre 1995 : Le MPD remporte les élections législatives. M. Carlos Veiga reste Premier Ministre - 4 Mars 1996-

18 février 1996 : M. Antonio Mascarenhas Monteiro est réélu Président de la République

15 mai 1996 : Nouvel hymne national

Octobre 1996 : Le Cap-Vert adhère à l’Organisation internationale de la Francophonie

Février 1997 : M. Carlos Veiga est réélu Président du MPD

Septembre 1997 : M. Pedro Pires est réélu président du PAICV

13 mars 1998 : Accord de convertibilité avec le Portugal

14 avril 1998 : 2eme Congrès de la Diaspora à Mindelo

30 avril 1998 : Création d’un poste de Vice-Premier Ministre confié à M. Gualberto do Rosario

20 juillet 1998 : adoption de l’alphabet créole

29 mars 1999 : Inauguration de la Bourse des Valeurs du Cap-Vert

Septembre 1999 : Nomination de deux Gouverneurs

Novembre 1999 : révision de la Constitution : Le créole devient "la langue officielle en construction" , création d’une Cour Constitutionnelle et d’un Conseil économique et social, le pouvoir local est précisé

20 février 2000 : Victoire du PAICV aux élections municipales notamment dans la capitale Praia

Juin 2000 : M. Jose Maria Neves est élu Président du PAICV

Juillet 2000 : M. Antonio Gualberto do Rosario, succède à M. Carlos Veiga et devient le Président du MPD

14 janvier 2001 : Le PAICV gagne les élections législatives et revient au pouvoir. M. Jose Maria Neves succède à M. Carlos Veiga et devient Premier Ministre

Février 2001 : Aux élections présidentielles, M. Pedro Pires l’emporte sur M. Carlos Veiga et devient le troisième Président de la République

Septembre 2001 : M. Agostinho Lopes est élu président du MPD

21 mars 2004 : élections municipales qui donnent une victoire du MPD dans 11 des 17 communes

3 avril 2004 : Remaniement ministériel effectué par M. Jose Maria Neves, Premier Ministre

septembre 2005 : Agostinho Lopes est réélu Président du MPD

22 janvier 2006 : Succès du PAICV aux élections législatives.

12 février 2006 : M. Pedro Piresest réélu Président de la République face àM. Caros Veiga

28 février 2006 : M. Jose Maria Neves est reconduit dans ses fonctions de Premier Ministre

10 septembre 2006 : M. Jorge Santos est élu Président du MPD

15 octobre 2006 : M. Jose Maria Neves est réélu Président du PAICV

30 octobre 2006 : signature à Paris du Document Cadre de Partenariat avec la France pour 2006-2011