Le Tchad et le Soudan ont décidé de fumer le calumet de la paix. Il y a des années de cela, personne n’aurait envisagé que ces deux pays, liés par l’histoire, décideraient de faire front pour lutter contre leurs rebellions respectives. Idriss Deby Itno le Président tchadien et son homologue Omar El Bechir en signant un accord pour la paix font renaître l’espoir dans un Darfour meurtri.
Aleas jacta est, le sort est jeté comme disent les latins. Le Tchad et le Soudan ont décidé de ne plus se regarder en chien de faïence. L’accord historique signé entre Khartoum et N’Djamena est sans précédent dans la marche des peuples vers la liberté et la paix. Cet accord prévoit que les pays refuseront désormais d’être les bases arrière des groupes rebelles. Mieux, les deux pays contribueront par des échanges d’informations à traquer les rebelles. Le Tchad et le Soudan " se sont donné un délai de deux mois pour prendre chacun les mesures qu'il faut pour mettre un terme à toute présence, tout soutien et à toute action des groupes armés dans l'un ou l'autre pays ", selon des sources diplomatiques. C’est une avancée notable dans le processus de paix entre ces deux pays dont l’histoire et la géographie sont comme les deux faces d’une même pièce. Un grain de sagesse africaine dit qu’une seule main ne peut pas ramasser la poudre de farine. En s’unissant pour combattre les groupes rebelles, les deux pays témoignent que l’union fait la force. C’est pourquoi le communiqué conjoint est clair sur les intentions des deux pays de mettre un terme aux agissements des différentes rebellions. « Les deux parties encouragent les groupes armés hostiles à accepter les appels à la paix de leur Gouvernement respectif; à défaut, ils feront l’objet de désarmement et de neutralisation. Les Groupes neutralisés et désarmés ont le choix, soit de rentrer dans leur pays d’origine, soit de résider dans le pays d’accueil en qualité de réfugié, sur la base d’une liste nominative agréée par les Gouvernements respectifs des deux pays. Les demandeurs de statuts de réfugié non admis sur ladite liste devront être acheminés vers un pays tiers », précise le communiqué final. Le plus grand bien de cet accord est sans conteste les bénéfices qu’en tireront les populations civiles.
Une lueur d’espoir pour le Darfour
Une véritable bouffée d’oxygène. L’accord du 15 janvier rentre dans l’histoire du fait qu’il est une bouffée d’oxygène pour les peuples du Darfour. Il y a aussi Abéché à la frontière du Tchad mais, ce sont les populations du Darfour, dans le sud du Soudan, qui ont le plus souffert de cette guerre silencieuse. Une guerre silencieuse qui a jeté dans les rues des milliers de populations civiles. L’impression généralisée d’une peur des lendemains sans avenir commence à s’estomper. L’espoir renaît; la paix aussi. Il est vrai qu’une chose est de signer des accords, une autre est de les appliquer. Le monde entier a les yeux tournés vers le Tchad et le Soudan. Ils sont comptables devant l’histoire de l’application de cet accord. Cette application a déjà commencé. Les deux pays ont déployé depuis le 21 février dernier les différentes forces à leurs frontières respectives. Mieux le communiqué conjoint, signé par les deux présidents, stipule que « jusqu’à l’application complète du Protocole de sécurisation des frontières et le déploiement complet des Forces, les deux parties doivent, à travers la coordination au sein de la Commission bilatérale conjointe militaro-sécuritaire, veiller à ce qu’aucune activité hostile ne soit menée contre l’un ou l’autre des deux Etats à partir de leur territoire respectif. » C’est un engagement fort pour la paix et le développement dans cette région de l’Afrique.
Depuis le début des différents conflits aux frontières des deux pays, plus de six accords ont été signés entre les deux pays. Mais, il y a une particularité à la dernière : celle de l’union des deux pays contre les groupes rebelles. Ils ont fait front contre l’ennemi. Cette particularité aura la chance de donner plus de relent à cet accord qui, on le sait, a été signé grâce à l’appui et au soutien de la communauté internationale.