Article publié le 2011-01-10 par Par Alexandre Korbéogo Dossier
TCHAD / L’économie prend un nouvel envol [09/2010]
Le long du fleuve Chari, Tchad © Arnaud Karaghezian/Focus35

Avec sa production agricole et pétrolifère, le Tchad se positionne comme une économie à vocation émergente. Au delà de cette donne, les structures et institutions financières se restructurent pour accompagner le développement économique du pays. Les infrastructures aussi ne sont pas en reste. Un nouvel envol.

Le Tchad, avec son million 284 mille km² de superficie constitue un atout pour les investisseurs. A cet effet, depuis son avènement au pouvoir, le gouvernement de N’Djamena pose les jalons d’une économie stable et prospère. Qui parle de développement,parle d’agriculture, d’accès au marché, de construction des routes, de réformes économiques susceptibles de favoriser un meilleur environnement des affaires, d’accès au crédit.Le Tchad est un pays essentiellement agricole. La découverte du pétrole dans les années 2002 a permis de rééquilibrer la balance commerciale la rendant même excédentaire. L’agriculture, l’élevage et la pêche constituaient depuis les années 60 les principales sources de revenus du pays. Ils constituaient près de 23 % du produit intérieur brut (PIB). Les spéculations les plus cultivées dans ce pays sont le coton, l’arachide, la gomme arabique, la canne à sucre, etc. Ces cultures permettent aux cultivateurs de se positionner sur le marché de l’Afrique centrale. Mais c’est le pétrole qui constitue la principale source de revenus du pays. Les réserves de pétrole étaient estimées à 1,5 milliards de barils en 2008. Les revenus nets attendus se chiffreraient à deux milliards de dollars US annuels. Ce qui permettrait d'augmenter le budget de l'État de 40 à 50 %. L’utilisation des ressources provenant de la vente du pétrole est soumise à un contrôle strict. Le gouvernement et les ONG en font une priorité dans la lutte contre la pauvreté. Exploité par les multinationales, notamment, Exxon Mobil, Chevron et Petronas, le pétrole nourrit indirectement des dizaines de milliers de personnes. Mieux, pour promouvoir la coopération économique Sud- Sud, un oléoduc relie le Tchad au Cameroun distant de 1070 km dont 205 km à l’intérieur du pays d’Idriss Deby Itno. Avec ses richesses, le Tchad a pu instaurer une économie de développement avec la construction d’infrastructures routières, financières, favorisant du coup le désenclavement et l’accès au crédit.

Les routes et les finances, clé de voûte

Les infrastructures routières et l’accès au crédit constituent la clé de voûte du développement économique. Pour ce qui est des routes, le Tchad a développé des projets favorisant une meilleure utilisation des voies d’accès aux grandes villes. L’un des projets phares est le bitumage de la route Koumra-Sarh au sud du pays sur une distance de 110 km. Ce projet s’inscrit dans le cadre global de l’aménagement de la route Moundou-Sarh (300 Km) pour lequel l’Union Européenne prend part au titre du 9è FED (Fonds européen de développement) aux côtés de l’Etat tchadien. Le tronçon concerné par l’intervention du Groupe de la BAD (Banque africaine de développement) est donc un prolongement des travaux en cours, cofinancés par l’UE et le Tchad, sur les tronçons Moundou-Doba et Doba-Koumra. L’intervention du Groupe de la BAD a pour objectifs d’améliorer l’efficacité du secteur des transports dans les corridors Sahr-N’Djaména et Sarh-Moundou-frontière du Cameroun ainsi que l’accessibilité et la mobilité des populations rurales de la zone d’intervention du projet. Cette route traverse 4 départements, six cantons et trente trois (33) localités dont la population était évaluée en 2008 à 201 720 habitants. Au-delà de ces localités riveraines à la route, la zone d’influence directe du projet compte une population d’environ un million d’habitants. Les impacts économiques du projet toucheront de manière directe toute la zone soudanienne du pays qui couvre une superficie globale de 130 000 km² pour une population estimée à 3,5 millions d’habitants. Cette zone est entièrement concernée par l’axe Moundou-Doba-Koumra-Sarh qui a un rôle stratégique de désenclavement de cette partie sud du pays vis-à-vis de l’intérieur (région de Ndjamena) et vis-à-vis des Républiques de la Centrafrique et du Cameroun. Les deux régions Moundou et Moyen Chari traversées par ce projet sont fortement agricoles. En 2008, ces deux régions avaient produit au plan céréalier 110.090 tonnes.

Favoriser l’accès au crédit

Pour permettre au secteur du commerce et des entreprises de se développer, le Tchad a mis en place des institutions de financement des projets banquables. Les établissements bancaires, entre autres, la Banque de Développement du Tchad (BDT), la Société Générale Tchadienne de Banque, la Banque Commerciale du Chari (BCC), la Banque Internationale pour l’Afrique au Tchad (BIAT), la Financial Bank Tchad et, la Banque Agricole du Soudan au Tchad (BAST) permettent de stabiliser la monnaie et de faire des économies, puisque, toutes ces banques sont éligibles au marché monétaire organisé par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) pour le refinancement de leurs opérations. En outre, le Fonds francophone de soutien aux petites et moyennes entreprises permet à de nombreux Tchadiens d’investir pour créer des entreprises ou développer celles déjà existantes. Cerise sur le gâteau, la stabilité politique a encouragé l’implantation d’organismes et institutions financières internationales qui financent des projets de développement. On peut citer la Banque Arabe pour le développement en Afrique (BADEA), la Banque islamique de développement (BID), la Banque européenne d’investissement (BEI), le PNUD, etc. De par sa structure macro économique, le Tchad ne veut pas laisser pour compte la marche de l’économie africaine sans y participer. Il a les atouts et les compétences. Le président Deby se fait un devoir de faire du Tchad un pays émergent : « rien ne me détournera de ma voie qui est celle de hisser le Tchad, dans un temps relativement court, aux rangs des pays émergents », a souligné le Chef de l’Etat. Reste à maintenir le cap et…innover.