La République Démocratique du Congo (RDC) a commémoré, le 30 juin dernier, le jubilé d’or de son indépendance. Tous les Congolais ont ainsi vécu cet événement - du moins, ceux des grands centres. Les témoins de la fête du 30 juin 1960 ont rappelé aux jeunes la liesse de cette époque. Les uns et les autres espéraient revivre un remake.
Le pays a reçu beaucoup d’invités dont le Roi Albert II et la Reine Paola de Belgique. Pour la circonstance, les dirigeants ont offert au peuple un grand défilé, des voies élargies et réhabilitées, ainsi que des cadres attrayants résultant des « Cinq chantiers ».
Le discours prononcé par le Président de la République a rendu hommage aux illustres personnalités aujourd’hui disparues, tels Simon Kimbangu, Lumumba, le Cardinal Joseph Malula. Il a en outre fait une annonce- surprise avec effet lors de la rentrée scolaire 2010 : chaque élève du primaire ou du secondaire aura droit à un dictionnaire Larousse.
L’école congolaise cinquante ans Après
Le Cinquantenaire demeure un moment propice pour présenter le bilan d’un parcours. Il s’agit de relever ce qui a été réalisé et d’envisager les perspectives pour les échéances à venir. Sur la base de schéma, il y a lieu de suivre l’itinéraire de l’école en RDC.
Héritier de la période coloniale, le système scolaire a connu plusieurs fortunes. D’une manière générale, bon nombre d’observateurs soulignent la baisse du niveau d’enseignement dans le pays. Jadis, les parents avaient certaines facilités leur permettant d’assumer leur responsabilité vis-à-vis des enfants. Les élèves étaient dotés en fournitures classiques ; les écoles fonctionnaient dans des infrastructures appropriées.
La population scolaire a augmenté sans que les infrastructures puissent prendre le même élan. Dans certains milieux, les élèves apprennent à même le sol. Les fournitures scolaires se comptent sur le bout de doigts. La majorité d’élèves n’en dispose pas. Si les écoliers et élèves d’hier savaient apprendre, bien écrire et lire, ce n’est pas le cas actuellement. La qualité des apprenants a notablement baissé à la suite des facteurs subjectifs et objectifs. La réussite passe parfois par la « coopération » entre enseignants et enseignés au lieu d’être le fruit d’un labeur dur et personnel.
L’enseignement se dispense en français, une langue étrangère au patrimoine linguistique congolais. Les élèves éprouvent d’énormes difficultés pour écrire et s’exprimer dans la langue de Voltaire. Au niveau supérieur et universitaire, les mêmes plaintes sont enregistrées. Le mal est vraiment profond ; on s’arrache les cheveux pour y remédier.
Un dictionnaire comme outil de la Renaissance
Très peu nombreux demeurent ces écoliers, élèves et étudiants ayant palpé de leurs mains un dictionnaire. La majorité reste privée de cet outil capable de leur fournir le sens et la signification des concepts. Qu’à cela ne tienne, reconnaissons le caractère porteur de l’annonce faite par le Chef d’Etat congolais.
Il faut anticiper sur la joie d’heureux bénéficiaires encore en vacances. Pour la plupart d’entre eux, ce dictionnaire constituera peutêtre le premier ouvrage qu’ils acquièrent depuis leur entrée dans le système scolaire. Il faut encore relever l’apport de cet instrument de travail dans l’enrichissement du savoir. C’est à ce stade que ce cadeau devient un facteur de la renaissance de l’école congolaise où l’élève maîtrisera, le français, la langue d’enseignement. Il pourra ainsi bien dompter l’orthographe et distinguer les synonymes, les homonymes et bien d’autres mots.
Le souhait est que ce dictionnaire puisse être le premier d’une longue série. Hier les écoles avaient leur propre bibliothèque accessible à tous les élèves. A travers les villes et centres urbains du pays existaient des bibliothèques où les élèves avaient la latitude de s’approvisionner pour la lecture. En vue d’améliorer l’écriture et contribuer à enrichir le vocabulaire, la distribution d’autres ouvrages ou manuels serait la bienvenue.
De nos jours, les élèves sont entourés de tous les bienfaits générés par l’informatique et les multimédia. Nombreux élèves restent des familiers de l’Internet et de moteurs de recherche. Que consultent-ils ? Quels sont les sites visités ? Il faut cependant reconnaître que, dans un pays comme la RDC, rares sont les élèves ayant cette faveur. Ceux qui évoluent dans les milieux ruraux demeurent exclus de cette modernité. C’est pourquoi le livre ou l’écrit constituera encore pendant longtemps l’instrument de prédilection pour des milliers de jeunes congolais.
Au-delà de ce don, le grand défi est désormais ailleurs
Disposer d’un livre ou d’un lot de manuels scolaires forme un souhait qui se situe dans le domaine du réalisable. Le Larousse promis à la rentrée scolaire, c’est le premier pas. Quelle que soit la quantité d’ouvrages réceptionnés, il faut parvenir à insuffler aux apprenants, toutes catégories confondues, le goût de la lecture. Une chose consiste à lire, une autre reste la compréhension du contenu.
L’apprentissage de la lecture s’acquiert aussi à travers les exercices d’élocution et les concours susceptibles d’être organisés au sein de l’école. Un tel cadre stimule les élèves et crée une ambiance ou un climat favorable pour la maîtrise de la langue. Dans des structures scolaires encore bien tenues, il y a des clubs de lecture où chaque membre a l’obligation de présenter l’économie de l’ouvrage parcouru.
Tout ce qui vient d’être dit ci-avant ne peut se concevoir que dans le contexte d’un encadrement approprié. Celui-ci devrait principalement être piloté par les enseignants qui demeurent en contact avec les élèves. Préoccupés par des questions de survie et confrontés à plusieurs sollicitations, les enseignants consacrent peu de temps à une telle activité. Certains ne s’y intéressent même plus. C’est pourquoi un plaidoyer doit être mené en vue d’améliorer les conditions de vie des enseignants afin qu’ils aient plus de temps à consacrer à leurs élèves comme par le passé.