«La danse contemporaine nous a rendus sous-marins, pour aller voir au-delà de l’apparence, dans l’émotionnel, l’intériorité.»
Salia est né en 1969 à Léguéma, au Burkina Faso. Il suit son initiation aux rites et traditions bobo et est formé à la danse africaine par Drissa Sanon (ballet Koulédafrou de Bobo coulissa), Alassane Congo (Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou), Irène Tassembedo (compagnie Ebène) et Germaine Acogny (Ballet du Troisième Monde). En 1992, Salia Sanou rencontre Seydou Boro à l’Ecole des Ensembles Dramatiques de Ouagadougou où ils suivent des cours de théâtre. En 1993, il intègre la compagnie Mathilde Monnier au Centre Chorégraphique National de Montpellier. Il participe alors aux différentes créations de la compagnie: «Pour Antigone», «Nuit», «Arrêtez arrêtons, arrête», «Les lieux de là», «Allitérations». Parallèlement, il chorégraphie «L’héritage», une pièce qui reçoit le premier prix en art du spectacle à la Semaine Nationale de la Culture au Burkina Faso. Un an plus tard, en 1994, Seydou Boro et Salia Sanou créent leur première oeuvre commune, «Le Siècle des fous», qui reçoit le premier prix national du Concours de Danse Contemporaine Africaine d’Afrique en créations (AFAA). Forts de ce premier succès et de leur parcours au sein de la compagnie Mathilde Monnier, ils fondent la compagnie ‘salia nï seydou’ et créent leur deuxième pièce «Figninto, l’oeil troué» en 1997.
Dans le cadre du festival international Montpellier Danse 2000, ils créent «Taagalà, le voyageur» et, pour la compagnie Tumbuka Dance du ballet national du Mozambique, «Kupupura», en 2001. En 2002, ils font appel à Ousséni Sako pour «Weeleni, l’appel», une des pièces les plus intimistes de la compagnie, interprétée par trois danseurs et quatre musiciens originaires du Maroc et du Burkina Faso. Parallèlement, de 2001 à 2006, Salia Sanou est directeur artistique des Rencontres Chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan indien (AFAA). Dans ce cadre il a pu mener réflexions et actions pour le développement de la danse créative du continent. Il est également co-directeur depuis sa création en 2001 du Festival Dialogue de Corps à Ouagadougou qui propose des résidences d’écriture, des ateliers, des rencontres autour d’une programmation internationale de danse. Il est également codirecteur du Centre de Développement Chorégraphique - La Termitière de Ouagadougou (Burkina Faso), inauguré en décembre 2006. Ce projet d’envergure internationale, et premier du genre en Afrique, dont Salia Sanou et Seydou Boro sont porteurs depuis huit ans, est financé conjointement par l’Ambassade de France à Ouagadougou, le Ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme du Burkina Faso, et la Mairie de Ouagadougou.
Enfin, en 2008, Salia Sanou et Seydou Boro ont créé «Poussières de sang», pour sept danseurs, une chanteuse et quatre musiciens, exposé cru et implacable des violences humaines. Il a récemment publié «L’Afrique, danse contemporaine», ouvrage illustré par les photos d’Antoine Tempé et coédité par le Cercle d’Art et le Centre National de la Danse de Pantin (en vente entre autres chez Africalia). Pour son travail chorégraphique dans le monde, Salia Sanou a été nommé Officier des Arts et des Lettres par le Ministère de la Culture français, et a reçu, avec Seydou Boro, le trophée Culturesfrance des Créateurs 2007. Il a été également élu Artiste de l’année 2003 par l’Organisation Internationale de la Francophonie.
CDC La Termitière
Certes, le Burkina Faso a toujours présenté un environnement culturel favorable mais en ce qui concerne la danse contemporaine, tout restait à faire: la danse contemporaine est nouvelle dans un pays où les traditions folkloriques restent très vivaces. Les pouvoirs publics de Burkina Faso ont été heureusement partie prenante dans le projet de Salia Sanou et Seydou Boro pour créer un espace qui accueillera des chorégraphes internationaux et qui deviendra le pivot d’un programme de développement de la danse contemporaine en Afrique et de diffusion internationale. Créé en 2006, le CDC La Termitière se met à la hauteur des autres centres chorégraphiques dans le monde africain, tels que le Centre méditerranéen de Tunis, l’École de Sables au Sénégal, la Gàara Dance Foundation de Nairobi.
«Pour nous, la première nécessité était de doter le pays d’un outil de travail, explique Salia Sanou et Seydou Boro. Un certain moment nous nous sommes retrouvés au coeur du paradoxe africain: la danse faisait partie de notre quotidien, dans l’intimité des familles comme dans les lieux publics, mais elle ne possèdait pas de lieu à elle. Avec La Termitière, nous avons créé un espace privilégié, un Temple de la danse. Nous voulons à l’exemple d’une termitière qui grossit de l’intérieur, par un travail sous-terrain industrieux, développer en Afrique la danse contemporaine.»