La junte au pouvoir, dirigée par le général Salou Djibo, pose les bases d’une renaissance démocratique au Niger. Depuis l’évincement du pouvoir du général Mamadou Tandja, le Niger a pris un nouvel envol vers la consécration de la démocratie. Le pays revient de loin.
Réformes politiques et institutionnelles, mise en place de stratégies économiques pour la relance de l’industrie, appel à la mobilisation générale contre la famine, la junte au pouvoir au Niger a pris la mesure de la situation pour donner au Niger un nouveau visage. Renversé le 18 février 2010 par la junte au pouvoir, Mamadou Tandja est détenu au palais présidentiel de Niamey. Dès sa prise de pouvoir, la junte dirigée par le général Salou Djibou a clairement affiché son option: organiser des élections démocratiques, libres et transparentes afin de remettre le pouvoir d’Etat aux civils. A cet effet, une nouvelle commission électorale nationale indépendante (CENI) a été mise en place avec à sa tête Abdourahmane Ghousmane, un homme du métier, reconnu pour son intégrité. Il a pour mission de conduire le pays aux élections présidentielles, dont le premier tour aura lieu le 3 janvier 2011 et le probable second tour le 14 janvier. A l’issue de ce second tour, les résultats définitifs seront proclamés le 4 mars, et le nouveau président élu sera investi le 11 mars 2011. Un référendum pour l’adoption d’une nouvelle Constitution interviendra le 31 octobre 2010. Des élections locales - municipales, départementales et régionales - se tiendront en même temps le 27 novembre, selon le président de la CENI. Une «révision exceptionnelle» du fichier électoral sera opérée jusqu’au 30 août, et un recensement des électeurs nigériens vivant à l’étranger se déroulera jusqu’au 1er novembre, a ajouté M. Ghousmane. Coût de ces scrutins: environ 30 milliards de FCFA (45 M EUR). Le mandat présidentiel, suite à la révision du code électoral, passe de 5 à 4 ans. Ce code électoral fixe la caution à 20 millions de francs CFA (30 000 euros) contre 10 millions de francs CFA (15 000 euros) les fois précédentes. En outre, les prétendants à la magistrature suprême devront avoir entre 40 et 70 ans, et un niveau d’instruction équivalent au bac+3. La junte a supprimé aussi l’obligation faite aux membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de prêter serment sur le livre saint de leur confession. Ce serment avait poussé le Syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) à boycotter cette structure au moment des scrutins organisés depuis 1999. Il est remplacé par un «serment d’engagement non confessionnel». L’investiture du nouveau président conclura la transition d’un peu plus d’une année conduite par le chef de la junte, le général Salou Djibo.
Le pays revient de loin
Depuis le 18 février 2010, le Niger est entré dans une nouvelle ère. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait suspendu le pays de toutes ses instances suite au désir de passage en force de l’ancien président Mamadou Tandja, malgré la fin de son mandat légal. En juillet de cette année, la CEDEAO a rétabli le pays dans toutes les instances de la Communauté. C’est la preuve que «le pays des oignons» revient de loin. Le président Mamadou Tandja, dans sa fougue pour réformer la constitution, avait refusé de déclarer la famine dans son pays, estimant que tout «allait bien»; il a été rattrapé par la junte. Celle-ci dès sa prise de pouvoir a déclaré le Niger comme un pays à risque de famine. La solidarité internationale ne s’est fait pas attendre. Le Burkina Faso, en solidarité avec ce pays frère, a fait don de 5000 tonnes de céréales à son pays «ami et frère». Les nations unies lui emboîtent le pas. En juin, elles débloquent 11 millions d’euros pour lutter contre la crise alimentaire qui touche plus de 7 millions de nigériens. C’est un ouf de soulagement dans le coeur des nigériens. Le pays d’Amani Diori, du nom du premier président de la République, signe ainsi son retour dans le giron des nations démocratiques. C’est une évidence que le chemin qui reste à parcourir est encore parsemé d’embûches. Mais, les Nigériens ont démontré qu’ils savent désarmer les coeurs et les esprits afin de construire une nation qui répond aux exigences des Etats des temps modernes. Ces exigences passent par la construction d’un Etat de droit démocratique avec à la clé la bonne gouvernance et le respect des textes constitutionnels. C’est fort du soutien du peuple que la junte au pouvoir a entrepris la moralisation de la vie publique. Sachant que les contrats miniers n’avaient pas été passés dans les règles de l’art, la junte a revu tous ces contrats afin d’extirper le bon grain de l’ivraie. Cela a permis de mettre tout le monde sur le même pied afin de bâtir un pays prospère. Le Niger renoue avec une nouvelle espérance fondée sur l’ambition de construire un Etat fort et «sérieux». Il en a la capacité.