Devenir champion de sport, c’est le rêve d’un grand nombre de jeunes. Après le football et le basket-ball, l’une des disciplines préférées des jeunes est la boxe. Cette discipline sportive est considérée comme une école de la vie, particulièrement appréciée pour les valeurs positives qu’elle représente. Le respect envers l’adversaire, le dépassement de soi, la force mentale et physique, l’humilité et la ténacité: un boxeur qui réunit toutes ces valeurs aura moins de difficultés à créer des liens sociaux et à trouver sa place dans la société. Nous avons rencontré un futur champion de la boxe: le jeune boxeur belgomarocain Mohamed El Marcouchi. Mohamed a 22 ans et habite à Molenbeek-Saint-Jean.
Le Nouvel Afrique: À quelle époque et dans quelles circonstances avez-vous commencé à boxer?
Mohamed El Marcouchi: «J’ai commencé à boxer en 2004, à l’âge de 16 ans. Cependant, grâce à mon père, j’ai fait de la lutte contact depuis ma plus tendre enfance. A l’époque mon père a donné des cours de karaté. Et moi, je lui emboîte le pas, mais par la boxe.»
LNA: Qu’est ce qui vous a attiré vers ce sport de combat?
MEM: «C’est grâce à mon cousin Hicham Daali qui ne fait plus partie de ce monde et sur lequel soit la paix que j’ai débuté par la boxe. La vie d’un adolescent grandissant dans les quartiers populaires est très dure. J’ai fait pas mal de bêtises, je me suis traîné dans les rues à ne rien faire. Et c’était sur ce point que je me sentais attiré par cette discipline sportive. Et je remercie mon cousin du fond de mon coeur.»
LNA: Vous avez commencé à boxer dans un club à Molenbeek?
MEM: «Non, j’ai commencé à Vilvorde, mais c’était trop loin de Bruxelles. Il me fallait une heure pour y aller. Je suis resté là deux ans. Puis je suis allé à Ixelles, pour rejoindre le club de Bea Diallo, un Belgo-Guinéen, né au Libéria. Il est échevin à Ixelles, Bruxelles, et il est champion de boxe.»
LNA: Dans quelle catégorie est-ce que vous combattez?
MEM: «Avec mes 64 kg, j’ai commencé dans la catégorie de super léger, vu ma taille de 1m84. Mais c’était très dur de garder ce poids. Cette année, je suis monté à 69 kg. C’est vrai que c’est une différence de force, de manière de frapper.»
LNA: Combien de combats et combien de victoires et de défaites avez-vous eues?
MEM: «J’ai un total de 35 combats, dont 27 sont des victoires, 2 matches nuls et 5 défaites, qui me placent dans les ‘espoirs belges’.»
LNA: Avez-vous un petit rituel particulier avant le combat?
MEM: «Oui, la veille du combat, je fais un tour de jogging de 45 minutes. Puis, avant le combat, je fais des invocations et je dis une prière pour que Dieu me donne la force de monter au créneau de façon déterminée.»
LNA: Quels sont vos projets pour l’avenir concernant la boxe ? Allez-vous participer à d’autres championnats nationaux et internationaux de boxe?
MEM: «Mes projets pour l’avenir, je les vois encore très loin. Que Dieu me donne la santé et la possibilité de réaliser ces projets. Je voudrais être le meilleur sur le ring et être reconnu dans le monde entier par ma profession. 2011 sera une année très dure : il faut que je me qualifie pour les Jeux Olympiques de Londres. Ce qui veut dire beaucoup de tournois internationaux A.I.B.A.»
LNA: Peut-on gagner sa vie avec la boxe en Belgique?
MEM: «A vrai dire: Non! On ne peut pas gagner sa vie avec la boxe. Mais grâce à la Belgique, on peut se faire ouvrir certaines portes. Ce qui manque en Belgique, c’est le sport de compétition, mais nos hommes politiques ne l’ont pas encore compris.»
LNA: Est-ce que vous vous sentez soutenu par la Fédération Belge de Boxe?
MEM: «Oui et Non. Comme partout, il y a des gens qui sont contents de moi, et d’autres qui ne le sont pas. Et ces derniers disent toujours des phrases pareilles: «C’est très dur.», «Va-t’il être à la hauteur?». Mais comment est-ce qu’on peut être à la hauteur si on n’a pas la possibilité de faire ses preuves. Il y a des gens parmi les membres de la Fédération qui n’ont jamais boxé. Et puis, le plus grand problème dans ce sport, c’est l’argent. L’argent et encore l’argent. C’est une chance que mon manager André Verbeur, ainsi que Bea Dillo, soient membres de la Fédération, qu’ils me soutiennent tellement et qu’ils croient en moi.»
LNA: Si vous aviez la possibilité de boxer pour une équipe nationale, vous choisiriez quel pays? Le Maroc ou bien la Belgique?
MEM: «A vrai dire, je n’ai pas encore pensé à cette question. Mais je sais que je serais le premier boxeur belgo-marocain participant aux Jeux Olympiques si je devais choisir la Belgique. J’ai la chance d’avoir deux pays et deux cultures. Le Maroc est le pays de mes racines. Et je serais également fier de défendre les couleurs de mon pays si on m’appelle.»
LNA: Y’a-t-il une différence dans la pratique de la boxe entre le Maroc et la Belgique? Si oui, sur quel niveau?
MEM: «Dans le domaine de la boxe, les sportifs marocains ont un très haut niveau. Les jeunes boxeurs participent régulièrement au Jeux Olympiques, et là, au moins, on ne parle pas du budget. On donne une chance à tout le monde et on voit partout des boxeurs qui représentent leur nation.»
LNA: Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui en dehors de la boxe?
MEM: Etant donné que je ne gagne pas ma vie avec la boxe, je travaille au CPAS à Bruxelles-Ville. Et je remercie les présidents Yvan Mayeur et Rita Glineur pour leur soutien. Je donne également des cours de boxe à des jeunes à Molenbeek-Saint-Jean, à la Rue Van Meyel n°49.»
LNA: Quel est votre rêve au niveau sportif?
MEM: «Mon plus grand rêve, c’est la participation aux Jeux Olympiques.»
LNA: Est-ce que vous avez une question à laquelle je n’ai pas pensé et à laquelle vous auriez aimé parler?
MEM: «Il y a un clip sur moi, sous mon nom, qui sera bientôt disponible sur youtube. J’aimerais que vous le mentionniez dans Le Nouvel Afrique.»
LNA: Nous serons tous ravis de le découvrir sur internet!