Il y a trois ans, le Président du Burkina Faso faisait appel à Tertius Zongo, alors ambassadeur du Burkina Faso aux Etats-Unis, pour occuper le poste de Premier ministre. Pendant ce laps de temps, des réformes ont été opérées classant le Burkina Faso parmi les meilleures performances de l’Afrique de l’Ouest.
Dame rumeur ne lui avait pas donné six mois à la tête du Gouvernement du Burkina Faso. Voilà trois ans que Tertius Zongo tient les rênes de Premier ministre avec, à la clé, des réformes qui ont permis au Burkina Faso de se positionner comme l’un des pays les plus performants de la zone UEMOA(1) et CEDEAO(2). Dès son arrivée, l’ancien ambassadeur adopte un discours qui tranche avec le conventionnel discours des politiques. Il assène dans un langage simple ses «vérités ». Les uns et les autres commencent à comprendre que quelque chose changera aux pays des Hommes intègres.
La première bataille
La première bataille que l’homme engage est celle de la bonne gouvernance économique. Il s’attaque au volet énergétique de l’Administration. Les mesures déclenchées connaissent quelques réticences dans son application avant d’être effectives. Tertius Zongo remplace les bons de carburant par les cartes magnétiques. Economie réalisée? Plus de 300 millions de F CFA (près de 500 000 euros) en six mois en 2008. Successivement, il coupe les abonnements ou les branchements électriques illégaux. Il interrompt les abonnements téléphoniques indus et réglemente l’usage des véhicules de l’Etat. Lesdits véhicules ne peuvent désormais circuler les jours non ouvrables que munis d’un laisser-passer ou d’un ordre de mission en bonne et due forme. Tertius ne s’arrêtera pas là. Il fait adopter en Conseil des Ministres la nomination des Directeurs généraux des sociétés d’Etat par appel à candidatures. Sur l’environnement des affaires de façon générale, les résultats du Burkina Faso en matière de réformes lui ont permis, selon le rapport «Doing Business», de passer de la 155e position en 2009 à la 147e en 2010. Il figure aujourd’hui parmi les cinq pays les plus réformateurs de l’Afrique.
Se classer premier
Les multiples réformes entreprises ont aussi permis au Burkina Faso de se classer premier des pays les plus réformateurs de l’espace UEMOA et troisième de la CEDEAO. Selon le TOFE, le tableau des opérations financières de l’Etat (validé par les institutions internationales), les recettes budgétaires hors privatisations ont cru de 12,3% en 2007, 22,5% en 2008 et 11,4% en 2009, malgré un environnement économique national et international particulièrement difficile. En comparaison, ces recettes avaient augmenté de 14,5% en 2004, 5,9% en 2005 et 7,3% en 2006; soit une moyenne de croissance de 9,23% de 2004 à 2006 contre 15,4% pour les trois dernières années, apprend-on auprès de la Direction de communication du Premier ministre. Dans le domaine agricole, le Premier Ministre ne se contente pas de discours. Les mesures gouvernementales en termes de distributions d’engrais, de semences améliorées et autres intrants ont permis de réaliser au cours de la campagne céréalière écoulée un bilan excédentaire de plus de 300 000 tonnes. Mieux, interpellé par la famine au Niger, le Gouvernement burkinabé a contribué à la souffrance de ses frères nigériens par un don de 5 000 tonnes de céréales. Dans le domaine du secteur minier, le Burkina Faso est devenu l’un des pays les plus exportateurs d’or en Afrique de l’Ouest. Le métal jaune constitue le premier produit d’exportation devançant le coton. Pour plus de transparence dans la gestion de cette manne aurifère, le pays a souscrit à l’initiative de transparence des industries extractives.
L’électricité, le bout du tunnel en vue
«Notre soleil est de très bonne qualité.» Cette phrase, prononcée par Tertius Zongo à l’occasion du point de presse bilan de ses trois ans, montre que le Burkina Faso a entamé la bataille pour l’électrification du pays. Des experts sont allés dans les pays exploitant l’énergie solaire pour s’enquérir de leurs expériences, afin de trouver la meilleure formule pour faire adopter cette forme d’énergie par le commun des Burkinabé. Mais en attendant, des efforts sont faits. Le 31 décembre 2009, l’interconnexion de Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou a été achevée pour un coût de 50 milliards de F CFA (77 millions d’euros). Malgré un faible taux d’électrification, des objectifs ont été fixés. Entre autres, atteindre 40 % de couverture électrique en 2012 et 60 % en 2015.
(1) UEMOA: Union économique et monétaire ouest-africaine
(2) CEDEAO: Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest