L’agence de presse Syfia Grands Lacs, qui couvre la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Burundi, a publié un article sur l’embauche des femmes par les ONG de développement locales et internationales de Bukavu. Il s’est avéré que certains hommes s’estiment discriminés vis-à-vis des candidatures féminines, surtout lorsque les femmes recrutées n’ont pas les compétences requises ou servent seulement d’alibi pour avoir des financements.
«Sur la majorité des offres d’emploi des ONG à Bukavu (RDC) figure la mention ‘Les candidatures féminines sont encouragées’», réclame Syfia Grands Lacs. «Les appels réguliers aux femmes pour postuler sont lancés par les différents canaux de média. Selon Syfia, celles qui sont embauchées, poussent des cris de joie; les mécontents se comptent surtout parmi les hommes qui parfois se disent discriminés. «Nous nous sommes battus à deux jusqu’à la dernière étape de l’entretien d’embauche par l’organisation X, mais on m’a dit qu’on a retenu la femme pour des raisons de genre», a dit un chercheur d’emploi au reporter de Syfia. Il paraît que ces genres de lamentations sont nombreuses à Bukavu, surtout dans le monde des ONG, où les femmes profitent souvent de la promotion des candidatures féminines. Elles remplacent de plus en plus les hommes et elles sautent aussi sur les nouveaux postes qui se créent dans des entreprises.
La cause féminine
«Pourtant», dit Syfia, «les femmes sont aussi partagées sur une telle promotion». Parmi elles, Noëlle Nabami, infirmière dans un centre de santé de la ville . Elle pense que les femmes ont été longtemps négligées et qu’il est temps qu’elles aussi aient accès à l’emploi, comme les hommes. Car, pour elle, les hommes sont nombreux dans le secteur professionnel et il est normal que les femmes soient ainsi propulsées. D’autres femmes pensent, en revanche, que les compétences et le mérite devraient être privilégiés pour qu’elles ne soient pas dévalorisées. Elles disent qu’il faut des femmes qui savent se défendre et défendre la cause féminine. Marie Gorette Safi s’explique: «C’est anormal qu’elles soient recrutées dans le seul but de leur donner de l’emploi; ça se retournera un jour contre elles. Certaines sont compétentes et ce sont celles-là qu’il faut promouvoir, et non les faibles.»
Les femmes dans les organes de décision
L’agence Syfia Grands Lacs stipule que certains bailleurs de fonds conditionnent leur appui à la présence de femmes dans les organes de décision des structures; d’autres demandent simplement qu’elles y soient représentées. «La Coopération allemande, dans son projet ‘Fonds pour la consolidation de la paix’, exige cet aspect ‘genre’ dans les associations en quête de fonds», rapporte-t-elle. Syfia Grands Lacs a également interpellé Abel Bujiriri, responsable de l’association ‘Enfants de la grâce divine’: «Nous n’y avons pas déposé notre dossier, car notre organisation ne remplit pas cette exigence», regrette-t-il. Syfia conclut donc que certaines associations recrutent des femmes pour ces occasions, comme l’organisation ‘Cris de secours aux enfants marginalisés (CRISEM)’, qui a participé l’an dernier à un programme de lutte contre la malnutrition soutenu par le PAM(1). Selon elle, d’autres structures manquent de femmes compétentes, les ayant toujours cantonnées dans des postes subalternes, entre autres secrétaires, réceptionnistes et conseillères.
Tricher pour recevoir des fonds
«La volonté d’accéder aux financements pousse alors certains responsables à tricher», réclame Syfia Grands Lacs. «Ils nomment des femmes coordinatrices ou directrices, rien que pour satisfaire le bailleur de fonds, mais en réalité ce sont les hommes qui agissent et qui gèrent la structure. » Ceci est confirmé par un agent d’une ONG de Bukavu: «Dans notre association, nous avons seulement besoin de la signature de la coordinatrice pour la banque et pour des correspondances officielles, mais je fais tout le reste.» «Des hommes déplorent cette hypocrisie motivée par l’appât du gain», dit Syfia.
Des campagnes en faveur des femmes
Selon Syfia Grands Lacs, les ONG de Bukavu ont, de leur côté, mis un accent particulier sur les femmes en raison aussi de leurs faibles résultats aux élections de 2006. L’Association des femmes des médias du Sud-Kivu (AFEM SK) a mené une campagne de promotion du genre en produisant des émissions diffusées dans cinq radios de Bukavu. «Nous avons sensibilisé la population sur la nécessité de faire participer les femmes dans les instances de décision», souligne Jolly Kamuntu, présidente du conseil d’administration. Selon elle, l’AFEM SK plaide pour la parité sans laquelle aucun développement durable n’est possible. «L’homme et la femme sont là pour s’entraider», estime-t-elle. D’autres organisations, comme l’Association des femmes juristes de Bukavu, mènent des campagnes contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Des hommes responsables d’associations vont dans le même sens. «C’est une discrimination positive que j’encourage», affirme Désiré Shamavu du groupe Jérémie, une organisation de droits de l’homme à Bukavu. «Dans les tests d’embauche, s’il y a égalité des compétences entre l’homme et la femme, moi je choisirais la femme.»
(1) PAM: Programme alimentaire mondiale
L’agence Syfia Grands Lacs, Mieux informer pour mieux réconcilier
Syfia Grands Lacs est une agence de presse qui couvre la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et le Burundi. C’est une agence-école qui forme les journalistes de presse écrite. Sa tâche est d’informer, former et de construire.
Informer
Syfia Grands Lacs produit cinq à dix articles toutes les semaines, des reportages et des enquêtes axés sur les réalités quotidiennes des habitants des trois pays des Grands Lacs. Ces articles de terrain ont pour but de favoriser la réconciliation entre les populations des différents pays, d’accompagner les processus démocratiques et la mise en place de l’Etat de droit et d’encourager les initiatives positives. Ils sont diffusés à une centaine de journaux des trois pays et repris par plusieurs dizaines de radios. Plus de 2000 bulletins sont aussi distribués à des écoles, bibliothèques, ONG, paroisses, organismes locaux et autorités, et affichés sur des panneaux dans les rues et les paroisses. Ce bulletin est aussi en vente dans les principales villes de la RD Congo et au Burundi. Enfin, ils sont diffusés aux journaux européens qui disposent ainsi d’une information originale de première main sur ces pays.
Former
Syfia Grands Lacs apporte aux correspondants de l’agence une formation pratique et à long terme aux techniques du journalisme et à la déontologie. L’éthique et la responsabilité sociale du journaliste sont au coeur de cette formation. Cet apprentissage se fait sous trois formes: l’encadrement du travail de rédaction, la formation rapprochée sur un site web interne, où chaque apprenant est individuellement suivi par un tuteur et des ateliers ponctuels organisés dans les différents pays. Ces méthodes de formation originales développées par Syfia ont fait leur preuve et sont appréciées des journalistes.
En 2007, les correspondants les plus aguerris sont peu à peu devenus à leur
Construire
En 2008, Syfia Grands Lacs regroupe une soixantaine de correspondants, dont 40 dans les provinces de RD Congo. Ces journalistes travaillent aussi dans les médias locaux. Ils forment une équipe solide qui échange très fréquemment via le site interne. Plusieurs équipes se sont structurées et ont monté des associations locales qui, à leur tour, développent des projets de formation en particulier, dans leur pays.