La santé au République démocratique du Congo (RDC) constitue un domaine durement frappé. Néanmoins, il y a des efforts entrepris pour remédier, tant soit peu, aux défaillances d’un secteur confronté à plusieurs difficultés.
Rendre les cliniques universitaires performantes
Cinquante années après l’indépendance, que dire des hôpitaux universitaires en RDC? Comme toutes les structures médicales, ils souffrent du manque d’équipements surtout. Contrairement aux années 1960, le pays regorge aujourd’hui de médecins spécialistes de haut niveau. La plupart exercent avec satisfaction dans les pays d’Afrique et d’Europe. L’Afrique du Sud en compte des centaines. Bref les institutions hospitalières universitaires disposent de médecins aux qualités éprouvées.
Un partenariat
L’absence d’équipements répondant aux normes modernes rend parfois ces spécialistes inopérants. Pour pallier à cet état des choses, un projet d’informatisation des cliniques universitaires de la RDC a été élaboré et a une durée de deux ans. Il s’agit d’un partenariat entre les coopérations universitaires belges flamande et francophone (Namur, VUB, Ulg, CUD) et les cliniques universitaires de Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani et l’Hôpital général de référence de Bukavu. Ce projet se préoccupe de l’amélioration de la qualité des soins de santé à travers le développement d’un réseau numérique des connaissances médicales et le réseautage de ces cliniques. Cette mise en réseau donne à ces institutions universitaires l’opportunité d’être visibles et la possibilité d’attirer d’autres partenariats. Par ailleurs, les médecins et les infirmiers pourront ainsi, selon la note de présentation, «partager l’information, consulter des ressources, actualiser leurs méthodes d’enseignement et leurs pratiques médicales, participer à des réseaux de spécialistes, et rationaliser
Eb@le-Santé
Le projet appelé Eb@le-Santé vise quatre résultats, à savoir l’informatisation des quatre hôpitaux universitaires; le renforcement des capacités des médecins et infirmiers dans le domaine des TIC; la rationalisation de la gestion des dossiers médicaux; et la mise en réseau des médecins en vue de la production et l’échange de données scientifiques et pédagogiques médiHôpital Panzi Bukavu © Endre Vestvik 33 cales. Comme vous le constatez, ce projet tient à désenclaver le monde universitaire congolais. D’une manière générale, l’Université a trois missions, à savoir l’enseignement, la recherche et le service à la collectivité. Un tel projet contribue à renforcer les capacités de ces institutions et leur possibilité d’influer sur d’autres formations médicales proches de populations locales.
Combattre le paludisme par les moustiquaires
A l’instar de toutes les communautés à travers le monde, la journée mondiale du paludisme a été célébrée en RDC, le 25 avril 2010. S’adressant aux communautés africaines, le directeur régional de l’OMS/Afrique a notamment déclaré que chacun « peut apporter sa contribution à partir de son domicile, son village, son quartier, son école ou son lieu de travail. Les communautés doivent agir pour se protéger elles-mêmes contre le paludisme ». Ce qui précède souligne de façon nette l’intérêt accordé à la lutte contre ce fléau dont les dégâts collatéraux sont proches de ceux du VIH/Sida.
Les ravages du paludisme
Les ravages du paludisme restent patents et élevés. En Afrique, il a été enregistré 85% de cas de paludisme et 90% de décès liés à cette maladie. Il faut encore retenir que les principales victimes de ce fléau sont les enfants de moins de 5 ans. En RDC, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) livre des statistiques alarmantes. «De 60 à 100 millions de cas de fièvre paludique sont épisodiquement relevés. Il en découle près de 180 000 décès par an». On ne saurait oublier le poids assumé par les populations dans la lutte contre le paludisme. Des familles souvent démunies peinent pour subvenir aux dépenses relatives à combattre le paludisme. Des tests effectués depuis quelques années ont prouvé l’efficacité des moustiquaires imprégnées pour venir à bout de cette maladie.
La campagne de distribution des moustiquaires
De février à novembre 1991, trois villages du Plateau des Batekés (à 60 Km à l’Est de Kinshasa) avaient servi pour des tests antipaludiques. Le premier a reçu des moustiquaires imprégnées; le deuxième a bénéficié de moustiquaires non imprégnées et le troisième a été considéré comme le village-témoin. Les résultats ont été concluants et déterminants pour les utilisateurs des moustiquaires imprégnées(2). La campagne de distribution des moustiquaires s’effectue chaque année à travers le pays. En mai 2009, le footballer japonais Nakata a, dans le cadre du Comité National Unicef-Japon, procédé à la remise de près de 37 000 moustiquaires imprégnées aux familles dans le Nord-Kivu. Cette action met à l’abri 45 000 enfants de moins de 5 ans et plus de 10 000 femmes enceintes(3). En septembre 2009, 2,2 millions de moustiquaires imprégnées ont été envoyées dans la Province Orientale et le Maniema(4).
Un processus préventif
Combattre le paludisme par les moustiquaires imprégnées constitue un processus préventif. Les résultats ne peuvent se manifester dans l’immédiat, mais son impact a un effet durable sur les familles. Celles-ci ont ainsi la possibilité d’orienter d’éventuelles « économies » vers des dépenses de subsistance au lieu de les consacrer à l’achat de médicaments contre les crises paludiques. L’usage des moustiquaires imprégnées constitue une alternative aux multiples problèmes qui assaillent les familles démunies.
(1) La Prospérité, du 21 novembre 2008
(2) Enquête menée par S. Karch, B. Garin, N. Asidi, Z. Manzambi, J.J. Salaun et J. Mouchet/Service d’entomologie médicale, Mission de Coopération Française, INRB
(3) Radio Okapi
(4) Eva Gillian
http://www.ebalesante.blogspot.com
Noël Obotela Rashidi est Historien de la population et Enseignant-chercheur à l’Université de Kinshasa (RDC).