Créée par un groupe de journalistes scientifiques africains vivant actuellement en dehors de leur pays, l’Alliance de Journalistes Scientifiques Africains de la Diaspora (AJSAD) a pour objectif d’apporter à l’Afrique, l’expérience et la formation obtenues par leurs membres dans les pays hôtes, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité de l’information journalistique dans le domaine scientifique.
L’AJSAD vient de naître grâce à Jérôme Bigirimana et David Ilunga. Jérôme est étudiant en communication à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Jérôme et David se sont rencontrés lors d’un programme de mentorat lancé par la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ) basée au Canada. Cette fédération a pour objectif de promouvoir le journalisme scientifique comme intermédiaire entre la science, les scientifiques et le public. Elle défend le rôle des journalistes scientifiques en tant qu’acteurs importants dans la société civile et dans la démocratie. Elle travaille également à améliorer la qualité du reportage scientifique, fait la promotion de standards professionnels en journalisme scientifique et appuie les journalistes scientifiques et techniques dans le monde entier.
D’abord les diplômes, puis le mentorat
Jérôme Bigirimana, d’origine Burundaise, est déjà titulaire d’une licence en Géographie au Burundi et un diplôme d’études approfondies (DEA) en journalisme environnemental à l’université de Makerere à Kampala en Uganda, avant qu’il ait envisagé un Master en information et communication en Belgique. Il me semble un homme ambitieux qui n’hésite pas à chercher des opportunités et qui n’a pas peur de faire face à des grandes épreuves pour arriver à son but. «Dans un mois je l’aurai, mon diplôme de Master en information et communication et je m’en réjouis déjà», dit Jérôme. «J’ai eu mon diplôme de licence en août 1999 à Bujumbura au Burundi et tout de suite après, je me suis mis à enseigner pendant trois ans la géographie aux élèves du secondaire à Bujumbura. En 2001, j’ai été recruté à la radio nationale burundaise en tant que journaliste pigiste et dès 2003, je travaillais à temps plein à la radio. Je produisais des programmes sur la problématique du VIH/SIDA au niveau national. Et puis j’ai obtenu en 2005 une bourse d’étude en Uganda, à Kampala. Là, je suivais une formation d’une année en tant que journaliste en environnement. «Cela m’a permis d’écrire, par après, des articles sur l’environnement pour l’agence Inter Press Service (IPS) en tant que son correspondant à Bujumbura dès janvier 2007, en même temps que je restais producteur du programme radio sur le VIH/ SIDA à la radio Burundi. Mes journées étaient chargées, c’est bien vrai.»
Un mentorat pour avoir plus d’expérience
Mais Jérôme continue à chercher des moyens pour devenir un journaliste expérimenté et s’inscrit par internet pour un programme de mentorat, lancé par la Fédération mondiale des journalistes scientifiques. Le programme de mentorat, nommé SjCOOP, fait rencontrer 15 journalistes scientifiques de grande expérience (mentors) d’Afrique, d’Amérique du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient et 60 jeunes journalistes de 33 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Il y a trois groupes: Afrique anglophone, Afrique francophone et arabophones du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Les trois équipes de mentors ont chacune à leur tête un coordonnateur, respectivement basé à Abuja (Nigeria), au Caire (Égypte) et à Yaoundé (Cameroun). Le mentorat s’effectue à distance, principalement par l’intermédiaire d’un site web privé, mais aussi par des appels téléphoniques et l’échange de courriels. Les mentors conseillent les mentorés dans toutes les facettes de leur métier: identification de bons sujets de reportage, recherche de sources fiables, correction de style rédactionnel, possibilités de piges et plan de carrière. Au moins, une fois par année, durant les deux années du mentorat, tous les mentors et mentorés se rencontrent. Les réunions donnent l’occasion de couvrir de grandes conférences scientifiques ou de faire des visites de terrain. La première réunion a eu lieu à Nairobi, en novembre 2006, lors de la Conférence mondiale sur les changements climatiques.
Question de ne pas abandonner
Et c’est gagné encore! Jérôme était le seul candidat burundais retenu pour ce projet de mentorat dans sa première phase. «Les plus expérimentés aident les plus jeunes, c’était ça un des buts du mentorat,» nous raconte Jérôme. «J’avais un mentor, un Sénégalais, du nom d’Armand Faye. C’est dans ce programme d’ailleurs que j’ai rencontré David Ilunga, originaire du Congo. Nous étions dans le même groupe de Faye avec deux autres du Rwanda et du Bénin. Nous devions produire des articles et faire des reportages sur des sujets scientifiques et nous étions aidés par notre mentor. Nous avons eu deux face-à-face à Nairobi, au Kenya, et à Doha au Qatar, pendant dix jours chacun. C’était vraiment épanouissant et instructif. On apprenait beaucoup du journalisme scientifique par d’échange riche d’expériences pratiques entrecoupées d’exposés d’experts. Ce programme a duré deux ans. Nous étions une soixantaine au début mais certains ont abandonné en cours de route, d’autres ont été éliminés pour cause de résultats insuffisants. Moi et David, nous avons fini avec trente autres personnes. A l’issue des deux années de formation, nous avons ainsi obtenu un certificat de journaliste scientifique délivré par la WFSJ.»
Des choses à partager
Jérôme et David ont finalement décidé de créer une association de journalistes scientifiques africains pour partager des choses avec l’Afrique. Les journalistes d’ici partagent leur expérience avec eux. «Vivant en Amérique, en Europe, en Asie et en Océanie, la diaspora africaine, sixième région dont nous constituons, entend désormais jouer pleinement son rôle dans l’élévation de la prise de conscience de la place que doit occuper la science dans le développement de l’Afrique. Mais également, en tant que journalistes scientifiques, nous voulons fournir à notre continent et au reste du monde, l’information scientifique riche et diversifiée sur des initiatives et enjeux scientifiques et technologiques, dont, à la fois, profitent et souffrent les populations, les scientifiques, ingénieurs, techniciens africains ainsi que les institutions de recherche et de développement qui les emploient.»
L’AJSAD
Bien qu’initié par des journalistes scientifiques francophones, lauréats de la première phase du projet de mentorat de la Fédération Mondiale des Journalistes Scientifiques (FMJS), l’AJSAD se veut véritablement internationale, apolitique et inclusive, devenant ainsi un espace dévolu aux flux d’informations scientifiques en provenance et à destination de l’Afrique. «Nous sommes,» poursuit Jérôme Bigirimana, «en effet, à une position privilégiée, parce que placée au coeur du noyau des inventions et innovations, déferlant sur le monde entier et à l’entrée des sources d’informations les plus gardées au monde, mais aussi auprès des acteurs les plus entreprenants et les plus porteurs de l’espoir, de l’espérance, devrais-je dire, que l’humanité porte aux nobles idéaux et valeurs du Savoir. En retour, notre mission est de travailler non seulement pour notre continent, mais également pour les citoyens de nos continents hôtes, pour leur apporter, plus que d’ordinaire, ce que l’Afrique a fait et sait encore faire de grandiose et bénéfique en science au profit l’humanité. Cette démarche nous paraît importante aujourd’hui où la mondialisation s’accélère. Elle permettra, en effet, de montrer la nouvelle vision de l’Afrique, seule à même d’aider nos concitoyens du Nord à voir réellement la part véritable de l’Afrique dans le concert des Nations.»
A tout cela, la réponse de ces jeunes africains est de fédérer leurs efforts, connaissances, expertises, compétences, afin de pouvoir participer à la rude bataille du droit et du devoir à l’information relatifs au Savoir-faire par le Faire-savoir au profit de leurs compatriotes. «Ceci étant notre modeste et non négligeable apport à la Civilisation du Donner et du Recevoir telle que nous y a invités feu le poète-président, Léopold Sédar Senghor, et dans laquelle nous sommes de pleins pieds, aujourd’hui,» déclare-t-il. «Nous espérons vivement que notre initiative trouvera un écho favorable auprès des journalistes scientifiques africains de la diaspora, des organisations gouvernementales, non gouvernementales, indépendantes et humanitaires dont le soutien indéfectible est indispensable à l’accomplissement de cette noble et exaltante mission, mais ô combien délicate. C’est pourquoi, ce projet ne saurait que s’ouvrir, d’abord, aux journalistes scientifiques de la diaspora africaine et, ensuite, à toutes les bonnes volontés oeuvrant dans le même domaine et ayant les mêmes buts et intérêts qu’elle.»
Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à prendre contact avec David Ilunga (iludav@yahoo.fr) ou avec Jérôme Bigirimana (bijer2000@yahoo.fr).