Le 24 juin l’association BD Kin Label, avec l’asbl Africalia, publient la BD ‘Congo 50’. L’album comprendra en 48 planches couleur les travaux de 8 bédéistes congolais dont les talents ont été réunis pour célébrer les cinquante premières années de l’indépendance de leur pays, la République démocratique du Congo.
Curieux destin que celui des peuples congolais et belges. Unis pour le pire et le meilleur, dans le cadre d’un mariage arrangé à Berlin en 1885 par les puissances européennes, les Belges et les Congolais d’aujourd’hui, héritiers d’un divorce tumultueux, enfants gâtés ou délaissés de l’histoire sont, qu’ils le veuillent ou non, devenus des cousins de culture.
Celle qui a enrichi les imaginaires des hommes et des femmes de ces deux mondes que tout séparait. Tout, sauf ce don surnaturel qui anime ces deux peuples pour le surréalisme au quotidien, cette façon décontractée qu’ils ont de s’amuser de leurs propres défauts et bêtises. Et de donner des exemples de disputes et de réconciliations, de coups de gueules et d’embrassades à répétitions, sans parler des tables rondes trop courtes et des malentendus trop longs.
Et la bande dessinée dans tout cela? Au delà des souvenirs amers et des joies éphémères, y aurait-il eu un effet d’osmose, un phénomène magique qui a favorisé le croisement des enfants du paternaliste Hergé, de Jacobs le noko (oncle), de ce drôle de Willy Vandersteen, de Jijé, Franquin et compagnie, aux talents conjugués des Thembo Kash, Barly Baruti, Asimba Bathy, Tetshim ou Jason Kibiswa et des autres?
La ligne claire a tracé un trait discontinu entre les lecteurs d’ici et de là-bas, mais où est l’ici et pourquoi éditer une BD censée raconter ce qu’aujourd’hui beaucoup ignorent de l’histoire congolaise? Le temps passe, les nouvelles générations manquent de repères et d’outils de références ou ceux-ci sont trop austères. Qui, parmi les moins de 20 ans connait le passé colonialiste ou colonial de son pays et surtout les conséquences de cet héritage sur les 50 années d’indépendance évoquées dans cet album?
Ce parcours initiatique d’un demi-siècle d’histoire n’est pas un travail de représentation scientifique, il reste le fruit d’une mémoire collective congolaise, il est aussi le résultat d’une interprétation artistique de l’imaginaire populaire. Nous souhaitons que cette évocation 15
culturelle de l’histoire puisse renforcer le désir de mieux se connaitre et apporter sa pierre à l’édification du village global. Africalia et un de ses partenaires en RDC, l’association BD Kin Label à Kinshasa, collaborent avec le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) à l’occasion de l’exposition ‘Dipenda’ (indépendance en Lingala) programmée de juin 2010 à janvier 2011.
Dipanda et Lipanda
S’adressant à un large public populaire et plus particulièrement à la jeunesse, cet album sera donc l’occasion d’évoquer, par le biais d’un récit dynamique découpé en 8 parties composées de 6 planches chacune, les cinquante ans d’indépendance du Congo. Ce demi-siècle sera présenté au lecteur à travers les événements auxquels seront confrontés les principaux personnages servant de «fil rouge» au scénario global, en particulier les jumeaux Dipanda et Lipanda, un garçon et une fille, baptisés le 30 juin 1960, soit le jour-même de la proclamation de l’Indépendance nationale.
Une exposition au MRAC
Au niveau de l’exposition au MRAC, des éléments des planches de la BD (cases, agrandissements, planches encadrées) seront utilisés en juxtaposition ou en renforcement de documents présentés dans une partie de l’exposition (tableaux et formes expressions populaires ou documents historiques officiels). La BD permettra également d’accompagner les réflexions critiques sur le bilan de l’indépendance dans la partie plus contemporaine. Cette exposition traitera de la mémoire des Indépendances, sans aborder ce que fut la période coloniale.
BD Kin Label
Les huit bédéistes retenus pour cet album sont tous membres de l’Association BD Kin Label et appartiennent à des générations artistiques différentes. Il s’agit de Asimba Bathy pour le premier récit «Indépendance Chacha », Cara Bulaya pour le récit intitulé «La longue marche», Jules Baïsolé pour le récit intitulé «Boum Yé!», Didier Kawende pour le récit intitulé «Kin La Belle», Fati Kabuika pour le récit intitulé «Les affaires», Djemba Djeis pour le récit intitulé «Dans les camps», Tetshim (pour le récit intitulé «Katanga» et Jason Kibiswa pour le récit qui termine l’album «Bâtir l’avenir».
Des styles graphiques différents
Toute la matière historique et sociale constituera la trame de fond de huit scénarios, découpés et dessinés dans des styles graphiques différents mais adaptés aux thématiques, à l’issue de l’atelier de scénarisation et au cours d’un suivi précis de la réalisation des planche crayonnées, encrées et mises en couleur par les huit bédéistes. Ces derniers ayant été judicieusement choisis pour leurs talents et leur rapidité d’exécution.
Le scénario
Le principal «fil rouge» de l’album sera constitué par les jumeaux Dipanda et Lipanda, ainsi que par leurs parents durant les trois premiers épisodes. Pendant leur baptême traditionnel dans une famille d’un niveau social moyen qui réside dans un des quartiers populaires de Kinshasa en fête à l’occasion de la proclamation de l’indépendance du Congo, on suivra les événements au fil du temps, morcelés en huit parties sur les cinquante ans, à travers l’évolution du garçon et de la fille, témoins au début, puis acteurs confrontés aux événements plus ou moins violents qui ont rythmé l’histoire sociale et politique de leur pays. Eux-mêmes, en vieillissant, seront amenés à se trouver séparés, pour diverses raisons familiales, sociales, économiques, politiques, dans différentes régions du Congo-Zaïre. Dans le dernier récit, les jumeaux se retrouveront en famille à Kinshasa pour fêter leurs 50 ans au milieu de leurs enfants et petits enfants. On fêtera en même temps l’anniversaire du cinquantenaire de l’Indépendance qui engage la nouvelle République Démocratique du Congo sur la voie d’une démocratie participative à laquelle les populations aspirent depuis tant d’années.
http://bdkinlabel.e-monsite.com
La couverture de cette édition est un assemblage de la couverture de ‘Congo 50’, déssinée par Asimba Bathy.
Les partenaires du projet
L’Association BD Kin Label
à Kinshasa (partenaire du Programme Pluri annuel d’Africalia) et partenaire pour l’Afrique Centrale du projet AfriBD
http://www.africalia.be
Le Musée royal de l’Afrique Centrale
à Tervuren
http://www.africamuseum.be
AfriBD:
création et mise en oeuvre d’un portail interactif sur le Net pour la promotion de la BD africaine et de ses auteurs. (Projet, initié en collaboration avec Africultures, soutenu financièrement par le Fonds des Inforoutes OIF)
http://www.afribd.com
La conférence de presse pour la BD ‘Congo 50’ aura lieu le 24 juin à 10h30 au Centre Belge de la Bande Désinée, 20 rue de Sables, à 1000 Bruxelles en présence de 3 des 8 bédéistes, les nommés Asimba Bathy, Fati Kabuika et Djemba Djeis.
Pour toute information:
Wim Oscé Africalia vzw
+32 476 77 18 09
wim.osce@africalia.be