Plus haut que la statue de la liberté à New York, le monument de la renaissance africaine avec ses 52m de hauteur surplombe la ville de Dakar avec cette inspiration qui allie le charme à la méditation; l’espoir en un lendemain meilleur après «la traversée du désert» par les Africains; entendez par là, la lutte pour l’émancipation de l’Afrique. L’Afrique doit renaître.
Le monument de la renaissance est construit sur la côte la plus élevée de l’Afrique de l’ouest au bord de l’océan Atlantique. Avec ses 52m de hauteur, ses 15 étages ‘intérieurs’ et sa vingtaine de chambres internes, le monument de la renaissance africaine est constitué d’un homme avec sur son bras gauche un enfant, indiquant l’horizon et ayant cerné une femme à sa taille. L’enfant, tout haut perché indique l’Afrique symbolisée par sa carte posée à un jet de pierre du monument. Tout autour des marches menant au monument, soufflent au vent plus d’une dizaine de drapeaux de pays africains. C’est la marque que tous les pays africains ont un même et unique combat à mener: lutter contre l’ignorance et l’obscurantisme en cherchant à tendre vers l’horizon. Cet horizon fait de paix, d’amour et de développement.
La conscience de chaque africain
En voyant de près cette masse de bronze et de cuivre, malgré les critiques acerbes formulées contre ses géniteurs, on reconnaît la grandeur et la noblesse de l’idée qui sous entend l’érection de ce monument. D’un coût de plus de quatorze milliards de francs CFA (environs vingt-deux millions d’euros), financé par un homme d’affaire sénégalais qui, en retour, a acquis des terrains à l’Etat sénégalais, le monument de la renaissance africaine est un phare qui éclaire les générations présentes et futures sur le passé, le présent pour tendre vers le futur de l’Afrique. Le langage véhiculé par ce monument interpelle la conscience de chaque africain, pris individuellement, sur le sens de la lutte pour l’émancipation de l’Afrique, sur le fait que maintenant, l’Afrique doit enclencher une autre bataille: celle de l’espérance en une Afrique meilleure qu’aujourd’hui.
S’appuyer sur le passé
Au pied du monument de la renaissance africaine, le Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, appelle par un écriteau la jeunesse africaine à ne pas oublier tous les sacrifices consentis par nos ancêtres pour lutter contre l’ignorance et l’obscurantisme. Au-delà de tout subjectivisme, cet appel à méditer sur le passé de l’Afrique appelle aussi à se projeter dans le futur du continent. C’est au prix du sang et de la sueur que l’Afrique a arraché sa liberté. C’est aussi au prix du sang et de la sueur que l’Afrique arrachera ses enfants de l’obscurantisme et de l’ignorance. Il n’est pas permis de quitter cette oeuvre de reconstruction et de renaissance.
Tous les monuments au monde ont été l’objet de vives critiques au moment de leurs réalisations. Mais, aujourd’hui, ils sont la fierté des pays dans lesquels ils se trouvent. Ils sont la fierté des messages qu’ils véhiculent. Un jour ou l’autre, le monument de la renaissance africaine en sera ainsi pour l’Afrique en général et, pour le Sénégal. Et, cela a déjà commencé avec le flux de touristes qui font le déplacement pour voir et méditer sur le message de la renaissance africaine. D’aucuns diront qu’il n’est pas possible de construire un tel monument dans un pays pauvre (sic).
Forger la mentalité des peuples
Lorsque le premier président de la république de Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët-Boigny a voulu construire la basilique de Yamoussoukro, des tollés se sont levés contre ce pro-jet. Aujourd’hui, les Ivoiriens se retrouvent au pied de la basilique pour chercher et prier pour la paix en Eburnie. En Afrique, comme partout ailleurs, il est clair que lorsqu’on forge la mentalité des peuples, on forge leur destin. Il n’y a pas meilleure manière de forger des mentalités que d’instruire sur l’histoire, d’instruire les peuples sur leur responsabilité quant au devenir du continent. C’est la plus grande des richesses, l’une des valeurs que tend à sauvegarder le monument de la renaissance africaine. On le sait, celui qui renaît entame une nouvelle vie.
Léopold Sédar Senghor
Cette vie n’est pas antinomique à celle qu’il a déjà vécue. Elle est une continuité mais entamée sur de nouvelles bases avec des visions nouvelles. Il n’y a pas de peuple qui ne veuille écrire son histoire que comme il le souhaite et le veut. C’est à cela qu’appelle le monument de la renaissance africaine bâti sur la tombe de Léopold Sédar Senghor, le premier africain à siéger à l’Académie française. Il écrit ceci dans ‘Noirs dans les camps nazis’, parlant des Africains tombés sur les champs de bataille: «Vous n’êtes pas morts gratuits, vous êtes les témoins de l’Afrique immortelle, vous êtes les témoins du monde nouveau qui sera de-main.»