Les différentes taxes sur les produits ou sur les services semblent donner le vertige aux populations africaines ces derniers temps.
Si ce ne sont pas les Ivoiriens qui crieront à un délestage monstre alors qu’ils payent des taxes sur les factures d’électricité, ce sont les chauffeurs maliens et burkinabé qui battent le pavé contre les tracasseries policières, avec comme lit de souffrance, la multiplicité des barrages policiers sur les tronçons routiers. Où encore, les syndicats burkinabé qui débrayent avec des milliers de manifestants pour crier leur ras-le-bol contre la taxe de développement communal (TDC). Bref, en Afrique, on taxe ou on détaxe?
La question mérite d’être posée parce que lorsque certains considèrent les taxes comme une source de financement des actions de développement, d’autres, en revanche, les perçoivent comme un tombeau des danaïdes pour les populations. La question est cruciale, l’enjeu est de taille lorsqu’on parle des taxes. C’est le terme le plus haï dans le vocabulaire des hommes, riches ou pauvres, petits ou grands.
Que ce soit aux îles Feroé ou sur les glaces des îles de l’océan Atlantique, l’on paie des taxes. La taxe la plus universellement payée par tous les hommes est celle qui est sur la valeur ajoutée (TVA). Elle varie de 15 à 20%, sinon plus, sur le prix des biens de consommation et des services. Que ce soient les impôts, les taxes sur les salaires, celle sur les produits pétroliers, il existe une multitude de taxes.
Mais là n’est pas le problème. Autant il est vrai que les taxes contribuent au développement du pays qui l’impose, autant trop de taxes tue la taxe. L’Afrique a construit des édifices grâce aux différentes taxes récoltées sur différentes prestations. Même la Banque mondiale et le FMI ont bénéficié des taxes versées par les pays africains lors des différents prêts pour construire le développement de certaines nations.
Il est avéré que le civisme fiscal impose à chaque citoyen de payer ses taxes pour contribuer au développement de son village, de sa ville, de son pays. Mais, le hic dans cette affaire est que certains Etats confondent vitesse et précipitation. En Afrique, certains pays ont tellement imposé de taxe sur les revenus des salaires de leurs fonctionnaires qu’à la fin du mois, ceux-ci tirent le diable par la queue.
Et, ce n’est pas l’Afrique seulement. Les Suisses pleurent les taxes comme des enfants. Est-ce social de payer quelqu’un, pour qu’il vive comme un esclave? C’est là toute la problématique des taxes dans les pays africains. On ne sait qui fait quoi avec ce qu’on a payé. Autre problème majeur, le chevauchement des taxes. En Afrique, avec les regroupements régionaux, certaines taxes sont payées deux fois dans deux Etats faisant partie d’un même regroupement régional.
Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) on a le Tarif Extérieur Commun (TEC). Il se trouve que dans certains Etats de ce regroupement régional, ce même TEC est payé par les usagers sous diverses appellations. La taxe doit servir à construire la planète et non à la détruire. Et, il faut qu’on ait le courage de le dire, il est bon de payer ses taxes par amour pour sa patrie mais, il est aussi bien de ne pas asphyxier son peuple avec une multitude de taxes.
Les temps sont durs, hélas! Cependant, on ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Et, le sage Confucius le dit si bien «nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut avoir l’expérience sans épreuves».