Article publié le 2010-04-27 par Par Noël Kodia Politique
Niger - imposer le respect strict des mandats définis [04-2010]
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Niamey, capitale du Niger, la nuit
© diasUndKompott Roland
Niamey, capitale du Niger, la nuit
© diasUndKompott Roland
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Le Président Mamadou Tandja devait en principe quitter le pouvoir au mois de décembre de l’année dernière; mais faisant fi de l’avis de la Communauté internationale et se mettant en porte-à-faux avec l’Assemblée nationale et l’opposition du pays, il avait fait voter un référendum en août 2009 pour adopter une nouvelle Constitution qui devait lui permettre de briguer un troisième mandat. L’armée aurait peut-être profité de cette situation pour «s’intéresser» de nouveau à la politique. Une fois le coup d’état réalisé, le chef d’escadron Salou Djibo, Président du Conseil Supérieur pour la Restauration de la Démocratie (CSRD) a déclaré qu’il devait restaurer la démocratie et le bonne gouvernance que le Président Tandja n’a pas pu préserver. Ferait-il comme Ahmadou Amani Touré en 1991 au Mali qui avait relancé quelques années après la démocratie pluraliste après avoir écarté son prédécesseur?

Le non respect de la constitution

Après la chute du mur de Berlin, la donne politique sur lecontinent fondée en général sur des coups d’état, se voit bouleversée. Avec l’avènement de la démocratie pluraliste, les dirigeants africains se voient imposés des élections multipartistes fondées sur des Constitutions, une nouvelle ère qui devait permettre l’alternance démocratique au pouvoir. Rares sont les pays qui ont respecté le principe car, après deux mandats préconisés par la Constitution, la majorité des dirigeants, pour se pérenniser au pouvoir, ont eu à réviser leur Consitution, remettant une fois de plus en cause l’alternance au pouvoir qui devait se réaliser par les urnes. Quelques années d’expérience démocratique sur fond d’élections pluralistes, l’alternance au pouvoir a provoqué des soubresauts sur le continent avec confrontations entre minorités et majorités ethniques quand il fallait aller aux élections. Car en général, les Africains ne sont pas encore ‘mûrs politiquement’ en ce qui concerne la démocratie; on ne vote pas le programme des candidats mais plutôt le parent de la région ou de la tribu. Puisque l’Union africaine n’arrive pas à imposer le respect strict des mandats dictés par les Constitutions, en dehors des condamnations qui souvent n’ont pas d’effet dissuasif, les populations abusées semblent se tourner ver les hommes en treillis. On condamne toujours la prise du pouvoir par des voies non constitutionnelles, tant bien même que ceux qui sont au pouvoir ne respectent pas la Constituiton et on appelle au dialogue tous les acteurs politiques, y compris les militaires pour trouver une solution. Dernièrement, en Côte d’Ivoire, une partie de la population a ouvertement demandé à l’armée d’intervenir quand le Président Laurent Gbagbo a dissout le gouvernement et la Commission Electorale Indépendante, remettant en cause, une fois de plus, la date de la présidentielle qui devait se dérouler fin mars-début avril 2010. Ce qui vient d’arriver au Niger risque de donner des idées aux militaires ivoiriens.


Vers un autre type de coups d’état

Depuis deux décennies, les présidents-militaires qui avaient lamentablement échoué dans leur fonction de Chef d’Etat ont quitté la scène politique à cause de la nouvelle donne fondée sur des élections pluripartistes. Ceux qui se sont entêtés à rester au pouvoir ont carrément quitté leur trillis pour le costume ou la djellaba en s’entourant des cadres de la société civile pour gouverner. Depuis ce bouleversement politique, les militaires sont retournés dans leurs casernes, l’Union africaine s’étant opposée catégoriquement aux coups d’état sur le continent. Mais à l’allure où vont les choses, l’on constate que la démocratie est dans certains pays, confisquée par des dirigeants encore allergiques aux changements imposés par la démocratie pluraliste. Ces derniers veulent se pérenniser au pouvoir par tous les moyens comme l’a fait dernièrement le Président Mamadou Tandja. A ce rythme, l’on ne sera pas surpris que la décennie qui commence inaugure un autre type de coups d’état ‘démocratiques et populaires’ qui seraient même souhaités par les populations désabusées à qui l’on empêche de choisir librement leurs dirigeants par le biais des élections libres et transparentes. Aussi, allons-nous vivre bientôt des transitions militaires qui prépareraient le retour aux affaires des vrais démocrates qui respecteraient enfin la limitation de mandats prévue par les Constitutions. Avec l’entêtement des dictateurs qui voudraient se maintenir au pouvoir par tous les moyens, l’Afrique va bientôt inaugurer les coups d’état salutaires à l’instar de celui d’Ahmadou Amani Touré au Mali en 1991. Mais le coup d’état ‘salutaire’ du capitaine Dadis Moussa Camara, qui s’est transformé en désenchantement pour le peuple guinéen, sème le doute dans l’attitude des militaires à respecter les principes élémentaires de la démocratie pluraliste.

L’Union africaine doit s’imposer le respect strict des mandats définis par les Constitutions, comme le voulait Alpha Konaré, pour éviter des alternances par coup d’état qui souvent entraînent des troubles populaires.  Et si l’on pouvait signifier dans la Chartre de l’Union Africaine que «le non respect de cette clause amènerait l’exclusion des pays récalcitrants de l’instance panafricaine»?




Noël Kodia est essayiste et critique littéraire.
www.unmondelibre.org