Article publié le 2010-04-20 par Persyde Doowo - http://mut206kin.be/
Santé
RDC-Belgique Les soins médicaux payés pour les Congolais [03/2010]
La détérioration des structures sociales en République Démocratique du Congo (RDC) n’est plus d’actualité. Il est difficile pour des familles de pouvoir nouer les deux bouts du mois. C’est donc une chance inouie d’avoir un membre actif en occident. Mais pour ces immigrés, ce n’est pas toujours facile, la vie outre atlantique étant remplie d’exigences que personne au pays n’imagine. La Mutualité Neutre de Belgique a ouvert son cœur aux Congolais de l’Europe en soutenant un projet pour les Congolais à Kinshasa.Depuis juillet 2009, Camille D’Hulst, Directeur Général de la Mutualité Neutre de Belgique, a ouvert son cœur aux Congolais de l’Europe en acceptant d’intégrer dans son institution la section ‘Afrique’ via un projet introduit par Boomba Ekofo Louison, belge d’origine congolaise, et de Remy Nkanu, congolais. En s’inscrivant à la Mutualité Neutre en Belgique, les affiliés congolais devront payer la somme de 56,50 euros par mois dont 45 euros seront destinés aux soins médicaux de sept personnes qu’ils auront choisies à Kinshasa. Les 11,50 euros restants sont à verser à la cotisation mensuelle de la famille résidant en Belgique. Les personnes déclarées doivent se présenter physiquement dans les agences de la Mutualité Neutre de Kinshasa (MNK) pour se faire enregistrer, photographier et encoder. Tenant compte des difficultés de déplacement à Kinshasa, la MNK a résolu d’affecter chaque membre, selon sa localisation géographique, à un centre médical proche de son lieu d’habitation. La MNK travaille en collaboration avec plusieurs hôpitaux de la capitale dont la Clinique Ngaliema à Gombe, le Centre Monkole à Mont-Ngafula, l’Hopital Saint-Joseph, Bondeko à Limete et l’Armée du Salut à Maluku. La ville est donc bien quadrillée par la mutualité qui veut aider les populations de Kinshasa.
Kinshasa est la première capitale africaine à bénéficier de cette initiative mais sans doute pas la dernière car la Mutualité Neutre de Belgique compte élargir son champ d’action en provinces et pourquoi pas dans d’autres villes de l’Afrique subsaharienne.
Voulez-vous en savoir plus?
Lisez cette interview. «Nous détenons une expérience en la matière» # Quel a été le but de votre mission à Kinshasa? Mutualité Neutre de la Belgique (MNB): Nous sommes allés poursuivre les formations de nos délégués (représentants). Ils doivent être capables d’utiliser le logiciel que nous exploitons ici en Belgique et de faire l’assurabilité: c’est-à-dire entrer dans le logiciel pour savoir si la personne qui se présente est en règle, avant bien sûr de lui délivrer l’attestation pour des soins médicaux. A la fin de la formation, nous avons organisé un test à l’issue duquel une trentaine de personnes a été sélectionnée.
# A quand les prochaines formations? MNB: Les formations sont terminées. Lors du prochain voyage, nous allons débuter l’identification des bénéficiaires. Dès notre arrivée, une grande réunion sera organisée, au cours de laquelle nous allons les photographier et à la même occasion leur remettre les cartes de membres. ZTS, l’entreprise qui imprime les cartes d’identités et les cartes SIS belges, a effectué une partie du travail. La suite de l’impression sera faite à Kinshasa. Le matériel est déjà sur place. Il faut dire que nous avons eu du retard dans l’avancement du projet à cause notamment de la lenteur de l’administration à Kinshasa.
# Que vise la mutualité en collaborant avec le Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (MEPSP)? MNB: Le Ministre de tutelle, Maker Muangu, avait sollicité la mutualité afin de l’aider à mettre sur pied une mutuelle des enseignants. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu le partenariat. Nous avions organisé des séances de formation. Une équipe est venue en Belgique pour parfaire l’apprentissage. Nous avions également apporté la logistique nécessaire pour mener à bien ce programme. Nous restons le conseiller externe parce que le parrainage a pris fin. Mais nos bureaux se trouvent dans l’enceinte de l’EPSP.
# Donc les enseignants congolais ont leur mutuelle qui n’a rien avoir avec la Mutualité Neutre? MNB: Nous avons juste orienté et aidé parce que nous détenons une expérience en la matière. La Mutualité Neutre de Kinshasa est une extension de celle de la Belgique. Elle n’a rien à voir avec la mutuelle des enseignants. Nous sommes une autre institution et nous n’avons pas signé les mêmes conventions avec les hôpitaux. Les enseignants cotisent dix dollars américains par mois pour leurs familles. Nos affiliés par contre paient l’équivalent de cinquante-six euros. Il est évident que leurs soins hospitaliers sont limités. J’estime que c’est une bonne chose pour les enseignants. J’ai appris lors de mon dernier séjour à Kinshasa que c’était l’une des revendications faites par les professeurs lors de la Conférence nationale souveraine de 1992.
# Actuellement vous êtes plus investi à la Mutualité Neutre de Kinshasa plutôt qu’à la sensibilisation de la diaspora. MNB: Oui. C’est normal que l’on soit plus à Kinshasa parce que tout va se passer là bas. Il a fallu installer le siège, former les délégués, entrer en contact avec les hôpitaux, installer la connexion Internet pour faciliter le travail entre le siège et les hôpitaux. Bref, il y avait beaucoup à faire. Maintenant que tout est en place, nous allons distribuer des cartes aux bénéficiaires de Kinshasa. Et nous nous étendrons tout doucement dans les provinces. Une équipe s’est déjà rendue à Goma et à Bukavu pour faire un état de lieu.
# Les dons prévus pour les hôpitaux sont-ils déjà acheminés à Kinshasa ? MNB: Une bonne partie. En décembre dernier, la mutualité avait amené cinq mille glucomètres. Ils sont destinés aux bénéficiaires diagnostiqués diabétiques. Ces derniers devront présenter une attestation du médecin pour recevoir gratuitement les appareils. Concernant d’autres matériels, il y a toute une procédure à respecter, des autorisations à avoir mais tout est près pour être acheminé à Kinshasa.
# Comment comptez-vous pallier la différence de standing qui existe entre les hôpitaux à Kinshasa? MNB: Le standing de divers hôpitaux n’a pas autant d’importance. Il y a un certain nombre des critères de base auxquels nous tenons. Dès lors que l’institution hospitalière les remplit, elle signe avec nous. La convention est la même pour tous. Il est vrai qu’il existe des hôpitaux mieux équipés que d’autres, l’essentiel c’est le même traitement de qualité pour tous. Nous avons trouvé à Kinshasa un système de compensation entre les cliniques. Dès qu’un centre n’est pas en mesure de procurer tous les soins adéquats, il transfert son patient vers un autre centre pour de meilleurs résultats. Il sera de même pour nos bénéficiaires.
# Ne pensez-vous pas être débordé dans les hôpitaux et que les cotisations paraissent insuffisantes? MNB: Honnêtement, nous n’avons peur de rien. Une personne en bonne santé n’ira pas perdre son temps à l’hôpital sachant qu’elle peut l’exploiter pour de bonnes fins. Il faut savoir aussi que nous ne payons pas les hôpitaux par prestations. Nous avons négocié un forfait. Au début, les gens vont peut être affluer mais nous pensons qu’avec le temps ça va se calmer.
# Pensez-vous que la Mutualité Neutre aide les institutions hospitalières à Kinshasa à mieux s’équiper ou les obligent-elles à se mettre à niveau? MNB: Il est vrai que nous obligeons d’une certaine façon les hôpitaux à se mettre à niveau car ils ont des cahiers de charge à respecter. Avant même d’être admis et de signer la convention avec nous, ils doivent réunir certaines conditions. Le bon côté des choses c’est que les matériels que nous apportons est offert sous forme de dons. Il est important de souligner que notre aide ne se limite pas seulement aux bénéficiaires de la mutuelle mais aussi à tous les malades qui se feront soigner dans ces centres hospitaliers parce qu’il vont profiter de ces matériels.
# Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas d’attache en Belgique? MNB: C’est malheureux mais pour l’instant nous ne pouvons rien faire. Nous réfléchissons à cette problématique. C’est pareil pour la diaspora qui ne vit pas en Belgique, elle n’a pas le droit de s’y affilier. Il faut savoir que même en Belgique, nous n’assistons pas les non-affiliés. Adhérer à une mutuelle est certes une contrainte légale mais la loi interdit d’octroyer des services à ceux qui ne sont pas membres. Il existe un autre problème, le monopole de la Sonas, la seule entreprise publique qui s’occupe des assurances. Il faudra négocier avec elle pour trouver une ouverture.
# Pensez-vous négocier avec l’état pour régler ce problème?MNB: Nous comptons nous rendre chez l’administrateur-délégué général de la Sonas pour voir dans quelle mesure négocier. Il faut savoir que la Sonas est une entreprise comme toute autre. Elle a pour but de faire des bénéfices tandis qu’une mutuelle a pour objectif de facilité l’accès aux soins de qualité. Donc nous ne sommes pas dans la logique d’une quelconque concurrence.
# Quelle assurance donnez-vous pour la pérennité de ce projet? MNB: Nous travaillons avec la Mutualité Neutre parce que c’est une structure qui existe depuis plus de cent ans. Cette ancienneté dans le domaine inspire une crédibilité. Je pense que si cela n’est pas une garantie, je ne sais quoi dire d’autre.
# Quel est votre calendrier pour 2010? MNB: Comme la mise en place est terminée, les soins vont débuter à Kinshasa. Nous pouvons commencer la publicité de ce projet pour toucher un large public. Entretemps, nous toucherons tout doucement les provinces. Je vous ai dit qu’une équipe était déjà à Goma et à Bukavu.