Article publié le 2010-01-06 par L’Ambassadeur M.S. ANNADIF, Représentant Permanent de l’UA auprès de l’UE et du Secrétariat du Grou Politique
CONNAISSANCE AVEC L’UNION AFRICAINE (UA) [01/2010]
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Né en 2002 en Afrique du Sud, l’Union africaine œuvre à l’intégration des pays africains. Dans cet écrit parveu à notre Rédaction, L’Ambassadeur M.S. ANNADIF, Représentant Permanent de l’UA auprès de l’UE et du Secrétariat du Groupe des Etats-ACP, retrace les différentes étapes de la création de cette institution et, fait le point de son évolution ainsi que ses missions et attributions. In extenso, la première partie.

QUELQUES REPERES

Portée sur les fonts baptismaux en juillet 2002, à Durban (Afrique du Sud), après une transition qui aura duré 3 ans et aura vu se tenir plusieurs sommets et réunions ministérielles, l’Union africaine (UA) se nourrit de plusieurs sources conceptuelles et programmatiques parmi lesquelles on doit citer :

- Les différentes Conférences sur le Panafricanisme, notamment le Cinquième Congrès Panafricain de Manchester de 1945 ;

- La Charte de l’OUA (1963) et les grandes décisions qui ont jalonné l’histoire de l’OUA ;

- Le Plan d’Action de Lagos adopté en avril 1980 par le sommet extraordinaire de l’OUA, qui n’a pu connaître un début d’exécution ; la plupart des Etats africains ayant été obligés de s’engager dans des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel avec les institutions de Breton WOODS


- le Traité d’Abuja, adopté en 1991, qui préconise l’intégration économique du continent pour promouvoir le développement ; la mise en place de la Communauté économique africaine sur la base des communautés économiques régionales (CER), la mise en place progressive du Parlement panafricain, de la Cour de justice et de l’ECOSOC, la reconnaissance de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples;

- la déclaration historique de Syrte du 9/9/99 sur la création de l’UA dont l’Acte constitutif a été signé le 11/07/2000, à Lomé à l’occasion du 36ème Sommet de l’OUA et entré en vigueur le 26 mai 2001, un mois après sa ratification par le 36ème Etat membre (2/3) ; 

- Le NEPAD (2001) qui vise à bâtir un « partenariat pour le développement » entre les divers acteurs de la vie nationale d’une part, entre les dirigeants africains et la communauté internationale de l’autre.


Bâtie sur ces fondations, l’Union africaine a été célébrée par tous les africains comme une opportunité historique pour renouveler au plan conceptuel et programmatique le panafricanisme né à la fin du 19è siècle et doter l’Afrique des capacités requises pour relever les défis du 21ème.  Ces défis ont pour noms : développement rapide et durable, éradication de la pauvreté, intégration réussie du continent dans l’économie et la société mondiales.  Le panafricanisme, qui avait entre autres objectifs l’unité africaine à travers les Etats-Unis d’Afrique, visait à bannir non seulement les frontières et limites coloniales, mais également les différences tenant aux pluralismes ethniques, raciaux ou linguistiques.  Ce panafricanisme n’a eu cependant qu’un impact limité dans le processus de construction de l’unité africaine du fait que l’OUA adopta le principe du respect des frontières héritées du colonialisme et sûrement d’un manque de volonté politique.


En adoptant l’acte constitutif créant l’UA en juillet 2000 à Lomé, les chefs d’Etat africains ont explicitement reconnu la nécessité de dépasser ce compromis de 1963 et sur bien des points l’UA s’éloigne radicalement de l’OUA.  En particulier, la nouvelle Commission de l’UA, même si elle n’est pas un réel exécutif continental, diffère largement au niveau de ses attributions et compétences du SG/OUA, tandis que l’intégration politique et économique du continent est clairement inscrite comme objectif ultime de l’UA.

Pour atteindre ces objectifs, la Commission de l’UA a été dotée d’UN PREMIER PLAN STRATÉGIQUE 2004-2007, adopté en MAI 2004, qui décrit la vision et les missions de l’UA.

Réconcilier l’Afrique avec elle-même et avec ses diasporas, à partir de ses propres ressources, lui faire jouer le rôle majeur auquel elle peut légitimement prétendre dans un monde polycentrique et solidaire, plus équilibré, d’où seront effacées les séquelles des hégémonies économiques, politiques et idéologiques qui ont caractérisé le siècle précédent : c’est ce que l’Union africaine cherche à accomplir en l’espace d’une génération.
De manière plus spécifique, l’UA se fixe comme ambition  de bâtir à l’horizon 2030 :

« Une Afrique unie , intégrée, dévouée aux idéaux de la justice et de la paix, solidaire et forte, résolue à se doter d’une stratégie ambitieuse et soutenue d’intégration politique, économique, sociale et culturelle qui redonne au panafricanisme tout son sens, capable de tirer profit de ses ressources humaines et matérielles, soucieuses d’assurer l’épanouissement de ses populations en tirant parti des opportunités qu’offre un monde globalisé, engagée à promouvoir ses valeurs dans un monde riche de ses différences ».


Cette ambition se traduit par la vision suivante : « bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, tirée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale ».
Cette intégration politique également doit s’appuyer sur quatre espaces d’intégration : au niveau continental, l’Union africaine, au niveau régional, les communautés économiques régionales, au niveau national, les Etats et au niveau local, les collectivités locales.  Ceci préfigure d’une part l’existence de trois niveaux de citoyenneté  - le niveau national, le niveau régional et le niveau continental -– et, d’autre part, l’évolution des communautés économiques régionales (créées dans une optique d’élargissement des marchés nationaux) vers de véritables communautés d’intégration régionale.

Ainsi, l’acceptation par les Etats membres des transferts progressifs de souveraineté et des délégations de pouvoir au niveau régional pourra faire évoluer les CER d’une gestion intergouvernementale vers une gestion confédérale, puis fédérale.  Cette évolution, à son tour, dictera celle de l’UA : gestion intergouvernementale avec des transferts de souveraineté puis gestion confédérale avant de se constituer en confédération quand les CER atteindront la phase fédérale.